Africaniser la démocratie, tel est l'idéal d'un continent qui, tout en étant ébranlé par l'instabilité politique, affiche des signes de résilience avec des alternances démocratiques réussies. Face à l'ampleur des défis économiques et sécuritaires, le continent trace son chemin en quête de son propre modèle loin des schémas importés de l'Occident. Un sujet débattu lors d'une conférence organisée, ce jeudi, par le Policy Center for The New South, en présence du commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine (UA), Bankole Adeoye. Reportage. En visite au Maroc, le commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine (UA), Bankole Adeoye, n'a pas quitté le Royaume sans se livrer à un exercice cher aux responsables politiques : haranguer les foules.
Sollicité par le Policy Center for The New South, le commissaire africain a livré ses vues sur un sujet si sensible pour l'Afrique. La démocratie et les processus électoraux a été au cœur d'une conférence organisée, ce jeudi, au siège du think-tank au campus de l'UM6P, en présence d'éminents chercheurs.
Confronté à une instabilité politique quasi-chronique, l'Afrique continue son chemin de développement avec des trajectoires parfois contradictoires. Alors que des pays basculent vers des régimes militaires suite à des expériences démocratiques infructueuses, d'autres parviennent à mener des alternances pacifiques. D'où la question de la quête permanente vers la démocratie et son universalité.
L'enjeu est de savoir si l'Afrique peut s'approprier la démocratie et la pratiquer à sa manière loin des modèles clés en main et des leçons occidentales. Tel a été le débat de cette conférence durant laquelle les intervenants ont mis l'accent sur la capacité des pays africains de forger leur propre modèle de démocratie et le mettre en œuvre à leur façon.
"L'Afrique veut la démocratie pourvu qu'elle soit synonyme de l'intérêt général et qu'elle procure la paix, la stabilité et le développement économique et social', a expliqué, à cet égard, Bankole Adeoye.
"Il y a des principes universels de la démocratie qui sont intestables, l'Afrique ne renie pas ces principes", renchérit pour sa part, Mohammed Loulichki, Senior Fellow au PCNS, rappelant que l'incorporation de la démocratie requiert un long cheminement historique. "L'Europe, comme l'Amérique, ne se sont pas démocratisées en un claquement de doigt" poursuit l'ancien ambassadeur du Maroc à l'ONU, soulignant que la plupart des Etats africains sont jeunes, hormis quelques exceptions, ce qui fait que, selon lui, ils sont dans une phase d'apprentissage démocratique.
Dans un tel contexte, les pays africains ont le défi de la construction d'une véritable démocratie mais, poursuit le diplomate, ils doivent, en même temps, faire à face à d'autres contraintes telles que la pauvreté, la stabilité et la lutte contre la violence et le terrorisme. Toutefois, ces impératifs ne sauraient être une circonstance atténuante, conclut-il, mais des paramètres à prendre en considération pour permettre à l'Afrique de progresser à sa vitesse et à sa manière.
Par ailleurs, rappelons que Bankole Adeoye a salué, mardi à Rabat, les efforts du Maroc pour la consolidation de gouvernements démocratiques transparents et crédibles.
Une déclaration tenue à l'occasion de la troisième édition du Cycle de formation spécialisée des observateurs africains des élections. Il s'est entretenu également avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita.