Après le congrès consacré au cancer broncho-pulmonaire, le centre d'Oncologie Al Azhar vient d'organiser la deuxième édition du Cours Supérieur de Cancérologie sur « les cancers gastropancréatique et colorectal » à Rabat, une journée d'études inter-disciplinaires dans le but d'homogénéiser la prise en charge des personnes atteintes de cancers digestifs. Cette deuxième édition a constitué un moment fort de formation médicale continue multidisciplinaire autour de l'appareil digestif (l'estomac, le pancréas, le foie, le colon et le rectum). C'était également une occasion pour le corps enseignant de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat de réfléchir ensemble sur la prise en charge pluridisciplinaire afin de codifier leurs attitudes et de commenter le bilan de l'expérience des unités de formation et de recherche en matière pédagogique. Une forte mobilisation autour d'une maladie qui gagne encore du terrain : « Vous savez, 1% de la population mondiale peut faire un cancer, nous a déclaré M. Faouzi Habib, coordinateur du congrès et spécialiste en radiothérapie et oncologie au centre d'oncologie AL Azhar, c'est-à-dire qu'au Maroc on estime le taux des malades à environ 35.000 à 40.000 cas. On aura quelques réponses dans l'avenir immédiat parce qu'il y a deux registres en cours au stade de début (Rabat - Casablanca), mais on remarque que selon le recrutement des centres anticancéreux au Maroc (public - privé) on retrouve le cancer du sein (30% des cas), le cancer du col utérin (25%), le cancer du poumon (8%), les cancers gastriques et colo-rectaux (6 à 8%), le cancer de la prostate (2 à 4%) : Mais ce sont là des constatations subjectives. Par ailleurs, nous avons remarqué surtout ces dernières années une recrudescence des cancers colo-rectaux dans notre pays et dans tout le Maghreb et ceci pour plusieurs raisons : d'abord le profil diétético-alimentaire, l'environnement, le mode vie, la prédisposition locale pré-cancéreuse, pour ne citer que ces causes. » Les principaux cancers digestifs Le cancer de l'estomac est le 2ème cancer le plus fréquent dans le monde, comptant environ 10% des cas de cancer. Depuis environ une quarantaine d'années, on peut constater une régression nette et générale de ce type de cancer en Europe et aux Etats-Unis en particulier, en raison des modifications de l'environnement et de l'évolution des habitudes de vie (utilisation du réfrigérateur, augmentation de la consommation de vitamines et amélioration du traitement de l'eau), selon les statistiques avancées. Le diagnostic repose sur l'interrogatoire et l'examen clinique. Mais il se fait également à l'aide d'une endoscopie ou fibroscopie. L'endoscopie permet de détecter les petites tumeurs cancéreuses à un stade précoce, des tumeurs parfois bénignes ou d'autres lésions présentes sur la muqueuse gastrique. Un examen histologique appelé biopsie est également réalisé sur les cellules directement prélevées sur la muqueuse gastrique. Le cancer du foie est classifié 8ème cancer dans le monde. Le pronostic de ce cancer est généralement mauvais puisque la médiane de survie est de quelques mois. Son principal facteur de risque est la cirrhose du foie. Dans environ 60% des cas, toujours selon les études exposées, cette cirrhose est secondaire, c'est-à-dire qu'elle provient d'une maladie alcoolique ou d'une infection par le virus de l'hépatite C. Le diagnostic consiste en une échographie abdominale, une angiographie un IRM et une biopsie, entre autres. Le cancer du pancréas représente, quant à lui, la 5ème cause de décès par cancer dans les pays industrialisés. Il touche plutôt les hommes en général, âgés de plus de 50 ans. Il s'agit d'une tumeur très grave dont les chances de guérison sont faibles car généralement lorsque les symptômes apparaissent, la tumeur est déjà évoluée (métastasée aux organes voisins) et non déracinable. Le tabagisme est certainement un facteur de risque, les fumeurs étant beaucoup plus atteints que les non-fumeurs. Dans les pays où l'alimentation est riche en matières grasses, l'incidence du cancer du pancréas est plus élevée. On utilise comme diagnostic les techniques d'imagerie devenues essentielles avec l'échographie, le scanner, la biopsie, l'endoscopie et l'écho-endoscopie. Après les cancers bronchiques chez l'homme et mammaires chez la femme, le cancer colorectal est particulièrement fréquent dans les pays occidentaux. Il est caractérisé par une légère prédominance masculine à partir de 65 ans. Il est rare avant 50 ans en dehors des formes familiales, puis l'incidence augmente rapidement avec l'âge. L'alimentation est un facteur important : un régime alimentaire riche en matières grasses et en protéines d'origine animale et faible en fibres peut concourir à la survenue de cette pathologie. Le diagnostic se fait à l'aide de l'examen du rectum, la biopsie,... mais le plus fiable reste la coloscopie. « Actuellement la chirurgie reste le traitement de référence des Cancers de l'Estomac, du pancréas et des Cancers colo-rectaux, souligne Pr Habib. Les techniques chirurgicales sont actuellement codifiées, connues et toutes pratiquées au Maroc. La Radiothérapie, dans le cas du rectum, diminue les récidives locales avant la chirurgie et aussi à améliorer le pronostic dans les cancers gastriques en post-opératoire. La chimiothérapie associée aux rayons est l'idéal en ce qui concerne le contrôle de la maladie. » Des causes difficiles à identifier, des traitements parfois lourds Les causes des cancers sont multiples et parfois impossibles à identifier, conduisant à des examens complémentaires coûteux et souvent inutiles. Par ailleurs, ils ne répondent le plus souvent qu'à des traitements lourds : « La meilleure façon de guérir nos malades, fait encore remarquer Pr Habib, c'est de penser à une prévention adaptée et surtout de veiller à adopter un mode vie sain et équilibré, conformément aux recommandations de la 2ème édition du Congrès sur « l'alimentation & le Cancer », organisé à Casablanca en 2008 : manger beaucoup de fruits et légumes, peu de viandes rouges, beaucoup de poisson et de viande blanche, de l'huile d'olive, l'exercice physique, manger moins gras, moins salé, moins sucré...