Pour sa dixième participation au Salon international de l'agriculture de Paris, le Maroc, représenté par 30 groupements issus des 12 régions du Royaume, a exposé ses produits du terroir. Reportage. "Je prépare un couscous cette semaine, quelles épices me conseilleriez-vous ?" Pour sa deuxième visite au Salon international de l'agriculture de Paris, Caroline*, une quinquagénaire installée dans la région parisienne, est venue spécialement visiter le pavillon marocain en ce dernier jour du Salon en prévision d'un repas familial. "Nous ne pouvions pas aller au Maroc, le Maroc est venu jusqu'à chez nous", sourit-elle. Après un petit tour du pavillon situé à l'entrée de l'aile réservée aux "agricultures du monde et leurs produits", elle s'arrête devant le stand Old Abbes. Originaire de Fkih Ben Saleh, de la région Béni Mellal-Khénifra, cette coopérative est spécialisée dans la production et la commercialisation des épices et des condiments. A la demande de la cliente du jour, Toufik*, jeune représentant de la coopérative, loue la qualité et les bienfaits des épices et condiments exposés.
Comme Toufik, plusieurs producteurs marocains ont fait le déplacement à la capitale française pour exposer leurs produits à la 33ème édition du Salon international de l'agriculture organisé à Paris Expo Porte de Versailles. "C'est la dixième participation du Royaume à ce Salon international, qui reflète la forte ascension de l'offre des produits du terroir marocain qui ont bénéficié d'une stratégie taillée de l'amont à l'aval avec un accent particulier sur le développement de la commercialisation", contextualise à Paris Maria Mouline, responsable de l'Agence pour le développement agricole (ADA), relevant du ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. Au total, 30 groupements marocains, représentant les 12 régions du Royaume, étaient présents dans le pavillon, placé sous la thématique "Maroc, des siècles de saveurs". Selon l'ADA, les groupements représentent 82 coopératives et regroupent plus de 1230 agriculteurs, dont 610 femmes rurales, soit 49%.
En ce dernier jour du Salon, la majorité des stands ont déjà écoulé l'essentiel de leurs marchandises. Signe que les produits marocains du terroir sont plébiscités au-delà des frontières, notamment sur le marché français. "Les producteurs sont très contents de cette opportunité, abonde Maria Mouline. Ils ont pu vendre tous leurs produits, tout en allant à la rencontre d'un autre marché, français et international, avec de nouveaux clients et surtout d'importateurs potentiels qui n'ont pas manqué de montrer leur intérêt pour les produits du terroir marocain". Les coopératives spécialisées dans le couscous, les dattes ou encore l'Argane et ses variations ont déjà écoulé leurs stocks. "J'ai vendu le dernier kilo ce matin, nous dit fièrement la représentante de la coopérative Attaoufik spécialisée dans le couscous, originaire de Oujda-Angad de la région de l'Oriental. Malgré la forte demande, j'ai tenu à préserver quelques quantités jusqu'au dernier jour pour que tous les visiteurs puissent découvrir la richesse de notre savoir-faire".
Les producteurs spécialisés dans le safran et les plantes aromatiques et médicinales ne sont pas en reste, tant leurs produits ont été majoritairement vendus. "Certains visiteurs avertis viennent spécialement à la recherche de produits, comme le safran, d'autres profitent de leur visite du Salon pour découvrir nos produits, avec un intérêt particulier pour les épices, les huiles essentielles ou encore les amandes", raconte le représentant de la coopérative Amandes Bni Snassen, originaire lui aussi d'Oujda-Angad. Au milieu du pavillon marocain trône un stand animé par le chef Rachid Maftouh qui propose des dégustations et des plats de la cuisine marocaine. De quoi ravir les visiteurs, dont la députée française d'origine marocaine Farida Amrani, vice-présidente du groupe d'amitié France-Maroc à l'Assemblée nationale. "Le stand consacré à la cuisine marocaine est une excellente initiation à un savoir-faire culinaire qui a déjà fait ses preuves, nous dit-elle en marge de sa visite au Salon. C'est une richesse pour ce Salon international d'avoir un grand pavillon marocain qui représente toutes les régions du Royaume".
Khalil DARDOURI
3 questions à Maria Mouline : Une forte ascension des produits du terroir marocain
* Quel bilan faites-vous de la participation du Maroc au Salon international de l'agriculture ?
C'est la dixième participation du Royaume à ce Salon international, organisé par l'Agence pour le développement agricole. Cette participation reflète la forte ascension de l'offre des produits du terroir marocain. Nous nous félicitons de cette participation placée sous le thème "Maroc, des siècles de saveurs" avec 30 groupements représentant 82 coopératives issues des douze régions du Royaume. Les producteurs sont très contents de cette opportunité grâce à laquelle ils ont pu vendre tous leurs produits, tout en allant à la rencontre d'un autre marché, français et international, avec de nouveaux clients et surtout d'importateurs potentiels qui n'ont pas manqué de montrer leur intérêt pour les produits du terroir marocain.
* Comment l'ADA accompagne-t-elle les producteurs en perspective de cette participation ?
C'est un grand événement attendu par le public français mais aussi international. En amont de cette participation, les producteurs sélectionnés ont donc bénéficié de plusieurs formations et programmes d'accompagnement, d'encadrement et de renforcement de capacités pour les préparer à ce Salon, en vue de mieux présenter, expliquer et vendre ces produits de terroir qui bénéficient, eux, d'une stratégie de développement, de l'amont à l'avant, en vue de développer leur commercialisation.
* Après ce Salon, l'ADA prévoit-elle d'autres événements au service des produits du terroir ?
L'ADA organise du 4 au 6 mars la 6ème édition du concours marocain des produits du terroir, avec plus de 1200 produits en compétition. Ce concours est d'ailleurs l'un des principaux vecteurs de la montée en force que connaît ce secteur. Maroc-France : Une hostilité... La participation du Maroc au Salon international de l'agriculture à Paris intervient au moment où les produits agricoles marocains cristallisent la colère des agriculteurs européens. En France, cette colère a atteint son paroxysme quand des camions transportant des marchandises marocaines ont été pris pour cible, où des tomates "made in Morocco" ont été détruites par des agriculteurs français dénonçant "la concurrence déloyale" des produits agricoles en provenance du Royaume. Cette hostilité tranche néanmoins avec la sérénité régnante au pavillon Maroc au Salon. "En exposant des produits du terroir, nous sommes à l'abri de cette tension par ailleurs injustifiée, balaie d'un revers de main un producteur marocain au Salon. Les visiteurs français, dont des agriculteurs, étaient ravis de découvrir nos produits". Il n'en demeure pas moins que la situation a nécessité une intervention de l'Exécutif. Le 29 février dernier, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, est monté au créneau, en assurant que "l'accord de libre-échange encadrant l'accès des produits agricoles marocains à l'Union Européenne (UE) est global et non sélectif", tout en assurant que l'Exécutif "a activé les canaux diplomatiques afin de protéger l'accès des produits agricoles marocains à l'UE". Quelques jours plus tôt, c'est le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui dénonçait "des relents protectionnistes" en Europe, estimant que "tout ce qui vient du Sud de la Méditerranée est problématique". ... Et un rapprochement En marge du Salon international de l'agriculture à Paris, le ministre de l'Agriculture, Mohamed Sadiki, et son homologue français, Marc Fesneau, ont présidé, le 1er mars, la cérémonie de signature d'un arrangement administratif de coopération dans le domaine de la formation technique et professionnelle agricole et de l'enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et forestier. Selon le ministère de l'Agriculture, cet arrangement administratif vise à favoriser le développement et la consolidation des échanges et coopérations entre les institutions d'enseignement et de formation professionnelle sous leur tutelle et leur faciliter les liens avec les autres acteurs du secteur, notamment les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires marocaines et françaises. Par ailleurs, l'arrangement ambitionne également de promouvoir et de faciliter la mobilité croisée, de promouvoir les partenariats inter-établissements et de développer l'échange d'expertises en matière de formation.