La large diffusion de l'Islam dans le monde a littéralement changé la forme classique de sa relation avec l'Occident, ont souligné les participants au séminaire sur «l'Islam et l'Occident», qui a clos ses travaux dimanche à Rabat. L'Islam est désormais une religion enracinée en Occident, affirme le chercheur français Vincent Kayser, précisant que les musulmans de l'espace occidental se sont imposés en tant qu'acteurs agissants qui disposent de lieux de culte et de centres culturels et médiatiques, reflétant leur attachement à leur religion et leur appartenance, en tant que citoyens, aux pays occidentaux. Il a ajouté que la relation entre l'Islam et l'Occident et les appréhensions occidentales à l'égard de cette religion ont dépassé, aujourd'hui, leur dimension religieuse historique dans le sillage du processus de la séparation entre la religion et l'Etat en Occident pour prendre un aspect de sécularisation. Selon lui, il n'y a pas de vision occidentale unifiée sur les musulmans eu égard au traitement différent réservé par chaque pays occidental à l'Islam. Pour sa part, le directeur de la Fondation Res Publica, M. Jean-Yves Autexier, a relevé que la relation entre l'Orient et l'Occident ne peut se résumer à la confrontation, notamment dans un contexte marqué par l'enchevêtrement des intérêts économiques dans un monde multipolaire, qui commence à émerger. Le succès de l'Union pour le Méditerranée (UPM), en tant que cadre de solidarité entre l'Orient et l'Occident, est tributaire de l'instauration d'un dialogue orienté vers l'avenir et fondé sur l'égalité et le bannissement de toute tentative d'exclusion ou d'imposition des valeurs occidentales par la force, a-t-il ajouté. Dans le cadre des initiatives de rapprochement entre l'Occident et l'Islam, le chercheur américain musulman, Daoud Kiswit, a évoqué le modèle du programme «Fulbright» des échanges culturels et pédagogiques, qui ambitionne de consacrer le concept de la compréhension mutuelle entre les Etats-Unis et les autres peuples dans le monde. Il a réaffirmé la détermination des Etats-Unis à multiplier ce genre de programmes après les attaques du 11 septembre, pour soigner son image et servir ses intérêts particulièrement dans le monde islamique. Les débats, lors de ce séminaire de deux jours, se sont articulés autour de thèmes se rapportant à la rénovation du discours religieux dans le monde islamique, notamment dans le domaine politique, avec la participation d'intellectuels et de chercheurs du Maroc, d'Egypte, de Tunisie, d'Allemagne, de France et des Etats-nis.