Trois initiatives en matière de compétences et d'entrepreneuriats ont été lancées en ce début d'année pour accompagner et former les jeunes porteurs de projets sur le continent, ce qui pourrait permettre de faciliter l'insertion de ces jeunes dans le marché du travail, mais aussi de booster la création d'entreprises en vue de juguler le chômage qui touche la jeunesse africaine. Explications. L'année 2024 permettra-t-elle de changer la donne en matière de compétences et d'entrepreneuriat sur le continent ? La question mérite d'être posée et tout porte à croire que l'espoir est permis afin de casser le fossé qui sépare les jeunes et le marché de l'emploi. Cette jeunesse en proie au chômage et en manque de formation. La disparité entre homme et femme est criarde en la matière. Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), plus d'un jeune sur quatre en Afrique - environ 72 millions - n'a pas d'emploi, d'éducation ou de formation (NEET, de l'anglais (Not in Employment, Education or Training). Deux tiers d'entre eux sont des jeunes femmes. Pour l'institution, l'Afrique a la particularité d'être un continent relativement jeune, avec une population de jeunes en croissance rapide. Cette situation est porteuse d'un grand potentiel, mais aussi de quelques défis. C'est dans ce contexte que trois initiatives, lancées en ce début d'année, trouvent toute leur importance car il s'agit de programmes de formation pour outiller les jeunes porteurs de projets en matière de management et d'accompagnement, le tout cimenté par une solide formation. Ce qui pourrait permettre de faciliter l'insertion de ces jeunes dans le marché du travail, mais aussi de booster la création d'entreprises en vue de juguler le chômage qui touche la jeunesse africaine. Comme le rapporte le Laboratoire de Recherches et d'Actions Diplomatiques (LaRAD), dans l'une de ses réflexions, les pouvoirs publics doivent s'occuper de la jeunesse pour ne pas mettre ainsi en péril la paix et le développement vivable. En plus, avec les sorties massives de devises, les gouvernants africains n'arrivent toujours pas à mettre en place une politique réelle d'embauche des jeunes. D'ailleurs, quand un dollar entre en Afrique, deux dollars en sortent, reconnaissent les institutions de Bretonne Woods. Il y a donc l'existence d'un triste paradoxe : alors qu'en 2018, l'Afrique a reçu 29,7 milliards de dollars d'aide publique au développement (APD), elle a simultanément perdu plus de 50 milliards de dollars en flux financiers illicites (FFI).
Gestion et leadership d'équipe Le montant moyen des pertes annuelles de l'IFF se situe entre 50 et 148 milliards de dollars il y a 9 ans, selon la CEA. Ce chiffre est en nette croissance d'année en année. Ce qui impacte négativement la création d'emploi pour les jeunes. D'où la nécessité de former les jeunes africains à l'esprit d'entrepreneuriat. La première initiative est le programme Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST). C'est une formation financée par la société d'intelligence médiatique Meltwater. Il vient de procéder au lancement des candidatures pour une formation ciblant les entrepreneurs en Afrique. Elle vise à donner à ces derniers des compétences en matière de développement de logiciels, communications-marketing et de développement des entreprises. Selon les promoteurs, la formation sera axée sur le développement web et mobile, la e-programmation de base, le génie logiciel, UI/UX. La formation en communication-marketing abordera l'image de marque, la présentation aux investisseurs et la gestion et leadership d'équipe. Quant au volet axé sur l'entreprise, il formera les apprenants à construire une étude de marché, à développer des produits et innovations, à comprendre la modélisation des revenus et des affaires, la gestion financière et investissements, ainsi que la conformité légale et réglementaire. Pour comprendre la portée du travail accompli par Meltwater Entrepreneurial School of Technology, il faut dire qu'en tout, depuis 2008, il revendique avoir formé 2.000 entrepreneurs individuels et financé plus de 90 sociétés de logiciels à travers l'Afrique, pour un investissement de plus de 30 millions de dollars. Pour ce cycle, la clôture des candidatures est fixée au 18 mars. Concernant le deuxième cas, il porte sur l'initiative AHEAD, qui propose une formation destinée aux dirigeants d'entreprises en Afrique. Cette initiative est mise en œuvre pour le compte d'Africa foresight group (AFG), une entreprise technologique africaine. C'est un programme de formation de 3 à 4 mois qui couvre diverses compétences commerciales et de leadership adaptées au marché africain.
Gouvernance environnementale internationale Quant à la troisième initiative, il s'agit de l'African Wildlife Foundation, qui s'intéresse à la gouvernance environnementale. C'est une organisation de protection de l'environnement. Elle a lancé un appel à candidatures pour le compte de deux programmes de formation liés à la gouvernance environnementale en Afrique. Le premier programme dénommé Charles R. Wall Young African Policy Fellows est mis en œuvre en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement. Il vise à former des jeunes professionnels à devenir des négociateurs politiques sur la gouvernance environnementale internationale, en particulier sur la Convention sur la diversité biologique. Le second axe, connu sous l'appellation de Charles R. Wall Conservation Leadership and Management Fellowship, est un programme panafricain intensif et novateur destiné aux jeunes professionnels africains afin de leur transmettre un leadership transformationnel et des compétences en gestion. Il s'adresse aux praticiens (employés, fondateurs, bénévoles, indépendants) dans le domaine de la conservation, notamment dans des secteurs tels que la recherche, la communication, la science, les ressources humaines, la finance, l'administration, le droit, l'engagement communautaire, la collecte de fonds, etc. Tout un ensemble de programmes en perspective dans la formation et l'accompagnement des jeunes. C'est l'Afrique qui gagne.