Il est 9 heures du matin ce lundi d'automne avec un soleil qui perce l'air marin de Shkirat où devant le Palais des Congrès se garent les premières voitures des participants à la rencontre des gens du football. Les échos de la récente journée du championnat de l'élite (dont tout le monde a pu voir les images, puisque pour la première fois dans l'histoire de la compétition, tous les matches passent à la télévision) sont encore dans les têtes, mais déjà l'on sent que cette matinée sera un peu spéciale, elle ne ressemblera pas à tous les débuts de semaine. Aujourd'hui, les nouveaux membres de la FRMF, c'est-à-dire l'équipe de Ali Fassi Fihri, ont invité les dirigeants de clubs à une rencontre où les problèmes du foot national seront mis à plat, exposés, et les réformes envisagées soumises à l'appréciation des principaux partenaires de la fédération Nawal Khalifa, cadre à l'O.N.E.P. (Office National de l'Eau Potable) et qui occupe le poste de Trésorier du B.F, est l'une des premières arrivées. Elle discute avec Karim Allem, conseiller du président qui est en train de potasser son exposé dont déjà l'intitulé est prometteur « Le constat sans appel pour le foot national » Khalid Laaraïchi, le secrétaire général de la FRMF, affiche un sourire des grands jours. Il se félicite de cette perspective de rencontrer tout le monde pour échanger les idées et sortir le foot national de ses ornières. Tout à l'heure il présentera « la nouvelle stratégie technique nationale dont le maître d'œuvre est la D.N.T. » un vaste programme détaillé jusque dans toutes ses composantes. Parmi les premiers arrivés coté clubs, il y a le Stade Marocain, le Moghreb Atletic de Tétouan, l'IZK avec EL Gartili toujours très entouré, et le général Kanabi que tout le monde félicite pour le nouveau titre des FAR en coupe de Trône. On distribue les badges, on s'affaire et les couloirs s'emplissent peu à peu. Les premiers flashs des photographes, des caméras qui s'installent, quelques figures de la presse qui apparaissent, on sent que tout cela s'anime. Voici Rachid Ouali Alami, arrivé après s'être extirpé de tous les embouteillages qu'il y entre Casa et Rabat mais qui n'en garde pas moins une forme olympique, puisque c'est à lui que reviendra le plus gros du travail, il va parler des ressources du football, de la nouvelle stratégie du financement, avec l'apport plus régulé des collectivités locales afin de donner aux clubs de l'élite une meilleure répartition. Alami qui avait adressé aux clubs un questionnaire très précis, pour que chacun ait une meilleure visibilité, vient avec des chiffres précis, et il déteste autant la langue de bois que les chèques du même matériau. Ça tombe bien, c'est exactement la manière de gestion qu'entend instaurer Ali Fassi Fihri qui arrive, à son tour, tout de suite très salué et entouré, prestige présidentiel oblige. Pas très loin, rondouillard, et avec toujours ce sourire malicieux de celui à qui on ne l'a fait pas, il y a Ghaïbi, le « programmateur », et le patron de la Commission des arbitres, le dirigeant de foot qui, avec le responsable de l'équipe nationale, a le plus « encaissé » au cours de ces dernières semaines. Il a retardé de quelques heures son voyage en Libye pour venir parler de la nouvelle approche de la programmation des compétitions, sujet sensible auprès de tous les clubs tout autant d'ailleurs que l'arbitrage, mais rien ne paraît désarçonner Ghaïbi. Seul manque à l'appel Hakim Doumou, souffrant, mais son exposé sur la commission des jeunes, est là, rédigé, à la disposition de tous L'équipe d'Ali Fassi Fihri, est prête, et beaucoup plus affûtée que ne l'a été l'autre équipe, celle appelée nationale et qui s'est scratchée dans les éliminatoires du Mondial et de la CAN 2010. Ce douloureux échec ne sera pas occulté dans l'exposé du président , et où dans un langage direct, Ali Fassi Fihri va présenter non pas les grandes lignes de son action, ce sera le travail des autres membre tout à l'heures, mais sa philosophie de travail, faite de réflexion, de concertation et d'action dans le cadre d'une plateforme d'échange avec la famille du football afin de mettre en œuvre les recommandations de la Lettre Royale en rappelant pour la circonstance le geste exceptionnellement fort de la Sa Majesté le Roi dans le financement de la FRMF. Cela sera rappelé aussi par Mme Khalifa Nawal, qui montrera dans une allocution brillantissime que rien des choses du football (ni du nerf de la guerre) ne lui échappe Ceci exposé, ce fut le tour des intervenants cité ci-dessus qui vont « souffler » l'assistance par leur franchise et la précision des données. Transparence qui va après le déjeuner servir face aux vagues de l'océan Atlantique, vues des salons de l'Amphitrite, déjeuner auquel va assister la star de foot Nourreddine Naybet, bien impliqué dans son rôle de conseiller du président, déjeuner donc qui a permis à tous de mieux échanger pour se retrouver en réunion pour les débats qui furent autant d'approbations à tout ce qui a été dit et présenté. Gartili parlera même de « journée historique » alors que les autres dirigeants se féliciteront de ce dialogue. Un bémol sera néanmoins apporté par le président de Chabab Rif El Hoceima*, qui se montrera sceptique pour l'instauration du professionnalisme à Al Hoceima en 2011, alors que même la plus petite infrastructure n'est pas assurée. Il a déclaré, « bravo pour les exposés, on se croirait dans le conseil d'administration d'une multinationale, c'est clean, parfait, mais le football, c'est aussi autre chose… ». Et justement, cet « autre chose » qui est dans la construction de club forts, performants, capables de générer « la » performance, et des équipes nationales fortes, pour assurer les qualifications de l'avenir, qui reste le grand défi d'Ali Fassi Fihri. Mais après le rendez-vous de ce lundi, le président sait que son équipe et lui, ne seront pas seuls dans cette mission de sauvetage du foot national L'ensemble de la famille sportive, et principalement les grands clubs, s'impliqueront Leur présence et leur écoute en témoignent. La déception des éliminations s'estompe… Tout le monde a besoin de sortir de cette ambiance défaitiste et de retrouver une ambition conquérante. Skhirat a été le premier coup d'envoi d'une ère de reconstruction qui nous emmènera vers des scènes mondiales qui se manquent de nous autant qu'elles nous manquent. ------------------ * Scepticisme partagé par son collègue d'Al Hoceima, Boukhriss Mohamed président du Raja Al Hoceimi qui a estimé que tout le monde parlait très bien, mais que lorsqu'on arrivait à la distribution des responsabilités, on ignorait les « nouveaux » pour rester entre vieilles connaissances. On y reviendra.