La bourse du consommateur marocain n'a pas eu le temps de se garnir ces trois derniers mois, depuis les frais excessifs de la rentrée scolaire jusqu'à celles non moins coûteuses de Aid Al Fitr, en passant par les dépenses faramineuses de Ramadan. Le budget sera encore une fois mis à rude épreuve. A peine oublié le souvenir des frais des vacances d'été, voilà qu'une succession d'occasions nationales et religieuses, les unes plus dispendieuses que les autres, ruinent le citoyen marocain et obligent les moins nantis au sacrifice de biens ou à leur saisie ou encore à l'emprunt. Et c'est là que les sociétés de crédit de consommation réalisent leurs plus gros chiffres d'affaires. Cette année, elles ont adopté la formule des différés de paiement, pour le chevauchement de tous ces événements dans un laps de temps aussi court, afin de remettre le début du remboursement à la fin de cette période difficile. Ces sociétés ont eu beaucoup de demandes de crédit Spécial Aid Al Adha par rapport aux années passées. Un employé d'une société spécialisée ayant pignon sur rue à Rabat nous a assuré qu'à l'occasion de Aid Al Adha la société qui l'emploie offre cette formule, qui tend à fidéliser ses clients, chaque année, malgré la concurrence féroce des autres sociétés qui offrent le même crédit : « En général, c'est la même formule qui s'applique chaque année, nous a-t-il déclaré. Cette année, nous proposons trois montants : 3000, 5000, et 10.000 dhs sur une durée de 10 mois. Il s'agit d'un crédit gratuit. » Le profil des demandeurs du crédit Spécial Aid AL Adha est prévisible : « La majorité des clients, ajoute l'employé, qui optent pour ce crédit, sont des fonctionnaires soit de l'Etat soit travaillant pour le compte de sociétés conventionnées. Ceux relevant du secteur privé arrivent en second lieu et les retraités sont les moins nombreux. » Et le fameux crédit, qui dépanne plus d'un en temps de pénurie pécuniaire, connaît des fidèles qui «apprécient cette action de la part de leur société d'emprunt qui pense à eux chaque année, ajoute l'employé. Le crédit Aid Al Adha suit les mêmes règles que les prêts normaux de consommation, sauf qu'il se caractérise par sa gratuité. » Rien à dire quand la société ne perçoit pas de pourcentage pour cette action presque « humanitaire »... Les crédits affectés durant cette période sont généralement destinés à l'achat du mouton. C'est pour cette raison que le crédit spécial AId AL Adha ne dépasse pas, pour la plupart des sociétés, 10.000 DH et ce sur une durée qui dépasse rarement un an, pour ne pas atteindre l'année suivante. Et pour annoncer ce crédit de providence les formules tentantes ne manquent pas : Des moutons grassouillets et souriants atterrissent en parachute annonçant un Aid des plus réjouissants : « Aubaine de l'Aid c'est ce que je veux 3000 dhs vous ne payez que 290 Dhs par mois sur une durée de 11 mois ! » Quand ce ne sont pas les moutons, les membres d'une famille heureuse et unie vous sourient sur les dépliants, vous invitant à bénéficier de l'offre du mois : « Aid Lekbir (sic pour la taille des caractères) des facilités simples, pour une grande fête : 3500 dirhams à rembourser sur 12 mois, à raison de 292 par mois ». Et les tentations ne s'arrêtent pas là. Si vous ne pouvez pas aller au dit crédit, celui-là viendra à vous. Les adeptes du cocooning peuvent demander le crédit en ligne, sans avoir à se déplacer, dans le confort de leur maison ou à partir du bureau. Une réponse de principe est délivrée immédiatement. Et si le citoyen n'a toujours pas vent des offres « alléchantes » de ces sociétés, des voiturettes à panneaux défilent à longueur de journée, et en groupe s'il vous plait, afin de rappeler au consommateur dans le besoin que la solution à son problème d'argent existe.