Le Maroc réaffirme sa détermination à consolider son rôle dans le domaine de l'Intelligence Artificielle, une volonté qui a été clairement mise en lumière lors d'un colloque national qui s'est tenu ce lundi à Salé. La ministre déléguée chargée de la Transition Numérique et de la Réforme de l'Administration, Ghita Mezzour, y a exposé le chemin parcouru par le Royaume pour l'établissement d'un système dédié à cette technologie. L'ascension de l'Intelligence Artificielle (IA) s'affirme incontestablement comme l'une des avancées technologiques les plus marquantes de notre époque, bénéficiant d'une reconnaissance mondiale quant à son importance croissante. Le Maroc, soucieux de rester en phase avec cette tendance incontournable, a récemment affirmé sa volonté de jouer un rôle significatif dans ce domaine. Ainsi, un an après l'adhésion pionnière du Maroc à la Recommandation sur l'éthique de l'Intelligence Artificielle, le Bureau de l'UNESCO pour le Maghreb et le ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l'Administration ont lancé une réflexion nationale élargie sur « L'utilisation et le développement d'une Intelligence Artificielle (IA) responsable : Fédérer autour d'une vision commune et inclusive », le 23 octobre 2023 à Rabat. Le colloque a rassemblé plus d'une centaine de hauts représentants des ministères et départements marocains impliqués dans les avancées de l'Intelligence Artificielle, ainsi que des acteurs clés du secteur privé et du milieu académique pour définir les grandes orientations d'une vision nationale de l'Intelligence Artificielle. Intervenant à l'ouverture du colloque, la ministre a relevé la nécessité de mettre en place un système dédié à l'Intelligence Artificielle en tant que levier pour l'innovation et la croissance économique dans le Royaume, notant que cela permettrait de générer de nouveaux services, emplois et compétences. Elle n'a pas manqué aussi de mettre en lumière les multiples actions entreprises au Maroc dans le domaine de l'IA, notamment la mise en place de centres de recherche et de développement à Oujda, Rabat, Fès et Benguerir, dédiés à l'avancement de cette technologie. La ministre a également déclaré que son département travaille en vue de faire profiter divers secteurs des opportunités offertes par la révolution technologique mondiale, notamment en encourageant le développement de start-ups et la délocalisation de services. Dans la même veine, les panels instructifs ont donné la mesure de l'engagement des experts, qui ont abordé des thématiques allant de la gouvernance, à l'économie, en passant par les infrastructures, la recherche et la société. Leurs discussions ont puisé de précédentes consultations et des résultats issus du diagnostic sur la préparation du Maroc à l'IA, réalisé en collaboration avec l'UNESCO. Ces échanges ont permis de tracer des grandes orientations pour façonner une vision nationale en faveur d'une IA éthique et responsable. À cet égard, Armin Ibrišimović, responsable du secteur Sciences Sociales et Humaines, au Bureau de l'UNESCO pour le Maghreb, a pris part à ce panel et a apporté des éclaircissements sur le sujet : « Notre objectif est de développer une meilleure compréhension de ces technologies afin de les encadrer de manière à les mettre au service de l'humanité au lieu de lui porter préjudice. Il faut savoir que lorsque les équipes conçoivent un produit basé sur l'IA et utilisent leurs propres données, il arrive que les produits finaux reproduisent des préjugés et stéréotypes. Je crois qu'il est impératif d'engager une discussion globale sur la manière de rendre notre monde, qu'il s'agisse du Maroc, de l'Afrique ou d'autres régions, plus inclusif, en garantissant un accès équitable pour tous, indépendamment de la classe sociale ou de la région », a-t-il expliqué. Le Maroc ne limite pas son effort au développement de l'IA, il s'engage résolument à préserver les droits de l'Homme dans ce domaine. Mounir Bensalah, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), a mis en avant l'impératif de garantir que les systèmes d'IA respectent scrupuleusement les droits fondamentaux de l'Homme, préservent la confidentialité et luttent contre toute forme de discrimination. La mise en place de cette instance nationale dédiée à l'IA permettra finalement de coordonner les efforts entre les acteurs clés, de promouvoir une vision nationale en matière d'IA responsable, et de veiller à ce que cette technologie bénéficie à l'ensemble de la société marocaine.
Une IA Homemade au Maroc Dans ce foisonnement de concepts qui émergent avec l'essor de l'Intelligence Artificielle, l'experte en IA, Maha Gmira, a examiné les méthodes permettant d'adapter cette technologie à la culture marocaine et atteindre la souveraineté numérique. Elle a introduit la notion d'IA Homemade, visant à clarifier son approche. Voici comment elle l'a expliqué : « À l'heure actuelle, les Etats-Unis ont développé des modèles de langage de grande envergure, et la Chine a fortement investi dans la création de ses propres modèles. Le Maroc, grâce à ses ressources humaines qualifiées, est bien positionné pour emprunter cette voie. Toutefois, notre ambition ne se limite pas à cette technologie spécifique. Nous devons envisager de manière proactive l'ensemble des opportunités que nos ressources actuelles nous offrent. Si cela implique d'augmenter nos investissements dans la formation et de prendre des décisions stratégiques, nous devons être prêts à relever ces défis ».