Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré mardi que l'Iran rejetait toute négociation sur le nucléaire dont le résultat serait imposé à l'avance par les Etats-Unis, selon l'agence officielle Irna. "Nous ne voulons pas d'une quelconque négociation (sur le dossier du nucléaire) dont le résultat serait dicté à l'avance par les Etats-Unis", a déclaré M. Khamenei dans un discours à des étudiants, à la veille du 30e anniversaire de la prise de l'ambassade américaine de Téhéran."Un tel dialogue correspondrait au rapport de force entre le loup et l'agneau", a-t-il estimé, reprenant à son compte une phrase du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeiny, qui avait comparé les relations entre Téhéran et Washington à celle du loup et de l'agneau. La communauté internationale a mis lundi la pression sur l'Iran, lui demandant de répondre rapidement au projet d'accord de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais Téhéran réclame de son côté une nouvelle réunion internationale sur le combustible nucléaire pour son réacteur de recherche. Dans un discours aux Nations unies, le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, a de nouveau exhorté lundi l'Iran à être le plus ouvert possible et à répondre rapidement à sa proposition sur le nucléaire. L'AIEA a proposé le 21 octobre un accord aux termes duquel l'Iran ferait enrichir à l'étranger son uranium faiblement enrichi pour obtenir du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran, une proposition destinée à apaiser les inquiétudes sur le nucléaire iranien. Les trois négociateurs (Etats-Unis, Russie, France) de ce projet d'accord l'ont accepté. Mais Téhéran ne l'a encore ni approuvé ni rejeté, et l'AIEA comme les Occidentaux cachaient de moins en moins leur impatience lundi."Nous pressons l'Iran d'accepter la proposition (...) qu'ils ont acceptée en principe", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton lors d'un point de presse à Marrakech, au Maroc. "C'est un tournant pour l'Iran. La pleine acceptation de la proposition (de l'AIEA) serait une bonne indication que l'Iran ne veut pas être isolé et veut coopérer" avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire, a-t-elle dit.L'Iran a répondu, par la voix de son ambassadeur auprès de l'AIEA, Ali Ashgar Soltanieh, qu'il souhaitait voir le projet complété pour dissiper ses "inquiétudes sur des points techniques", et a proposé une nouvelle réunion "le plus tôt possible" au siège de l'AIEA à Vienne.Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a pour sa part déclaré que les six puissances engagées dans les négociations globales sur le nucléaire iranien n'accepteraient pas de manoeuvre "dilatoire" de l'Iran.L'Occident soupçonne la République islamique de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, ce qu'elle dément. Khamenei met en garde contre toute manifestation illégale mercredi Par ailleurs, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a lancé mardi une mise en garde à l'opposition, qui compte manifester en marge du 30e anniversaire de la prise de l'ambassade américaine mercredi.Le numéro un iranien, dont les propos devant des étudiants ont été repris par l'agence officielle Irna, a averti l'opposition en affirmant que "les personnes simple d'esprit et mal intentionnées" ne pourront "pas dérouler un tapis rouge aux Etats-Unis".Des appels ont été lancés sur des sites internet proche de l'opposition réformatrice pour une manifestation de protestation en marge du rassemblement officiel mercredi.La police a interdit tout cortège autre que le rassemblement officiel prévu devant l'ancienne ambassade américaine.La police "agira contre toute manifestation illégale le 13 Aban" (4 novembre), a prévenu Ahmad Reza Radan, numéro deux de la police iranienne.Des étudiants islamistes avaient pris d'assaut le 4 novembre 1979 l'ambassade américaine avant de prendre en otage ses diplomates, restés détenus pendant 444 jours. Les relations diplomatiques entre Téhéran et Washington ont ensuite été rompues. Depuis cette date, une manifestation est organisée tous les ans devant l'ancienne représentation diplomatique américaine.Quant à l'opposition iranienne, malgré l'interdiction des autorités, elle avait profité, le 18 septembre, d'un rassemblement officiel de solidarité avec les Palestiniens pour descendre dans la rue et apporter son soutien à son chef, Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à la présidentielle du 12 juin.Des dizaines de personnes ont été tuées et quelque 4.000 arrêtées lors des troubles post-électoraux qui ont plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis le révolution islamique de 1979. L'opposition refuse de reconnaître la victoire de M. Ahmadinejad, arguant d'une fraude massive.