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Shutdown : Les Etats-Unis flirtent avec la paralysie budgétaire
Publié dans L'opinion le 27 - 09 - 2023

Le Sénat américain a rédigé, mardi, une proposition de budget à court terme de dernière minute, qui a peu de chances d'être approuvée par la Chambre des Représentants.
Le décompte est lancé pour éviter une paralysie des services de l'Etat fédéral à la fin de la semaine.
A quelques jours de la date limite du 30 septembre, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, et le chef de la minorité républicaine, Mitch McConnell, ont tous deux approuvé ce projet, qui permettrait au gouvernement de continuer à fonctionner jusqu'au 17 novembre. Mais rien n'indique pour l'instant que les factions rivales des républicains de la Chambre des Représentants, qui ont déclenché l'épreuve de force, approuveront à leur tour ce texte s'il est adopté par le Sénat.
Si l'impasse persiste, tous les financements des services fédéraux seront soudainement coupés. Le fameux "shutdown".
Ministères mais aussi parcs nationaux, trafic aérien, certains musées et une multitude d'organismes seraient affectés, forçant des centaines de milliers de fonctionnaires au chômage technique.
"Fermer le gouvernement pour un différend budgétaire interne ne renforce la position politique de personne", a déclaré McConnell. "Cela ne fait que geler des progrès importants. Et cela laisse des millions d'Américains dans l'incertitude", a-t-il ajouté.

Les Républicains doivent faire leur travail

La Maison-Blanche s'est jointe à McConnell pour implorer le Congrès d'adopter le texte du Sénat. "Il est temps que les républicains de la Chambre des Représentants commencent à faire leur travail", a déclaré le président Joe Biden lors d'un événement de campagne mardi soir.
Cette crise budgétaire pourrait surtout avoir des répercussions directes sur la guerre en Ukraine. La Maison Blanche avait initialement réclamé que la loi de finances votée par les élus comprenne 24 milliards de dollars d'aide militaire et humanitaire pour Kiev.
Conscient du risque de lassitude de la part du grand allié américain, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'était rendu jeudi dernier au Congrès pour tenter de convaincre les Etats-Unis de l'aider à passer "la ligne d'arrivée" face à la Russie.
Mais le déblocage d'un tel montant paraît de plus en plus incertain, au vu de la direction que prennent les tractations en coulisses: le texte qui circulait mardi au Sénat comprenait le quart de cette somme, environ 6 milliards de dollars.
Or, la Chambre, dominée par les conservateurs depuis janvier, ne veut même pas entendre parler de ce projet de loi. "Ils privilégient l'Ukraine aux dépens des Américains", a accusé son chef républicain, Kevin McCarthy, réclamant à la place des financements pour lutter contre l'immigration clandestine.

Des trumpistes troubles fête
Une poignée d'élus trumpistes, avec qui le président de la Chambre a dû faire nombre de compromis pour accéder au perchoir, appellent à cesser immédiatement l'aide à Kiev.
Ce sont ces mêmes élus, partisans d'une orthodoxie budgétaire très stricte, qui avaient poussé les Etats-Unis au bord du précipice politico-financier il y a quatre mois.
La première puissance mondiale avait alors évité in extremis un défaut de paiement à la suite de longues négociations entre l'administration Biden et les conservateurs.
Les lieutenants de Donald Trump disposent d'un pouvoir disproportionné au Congrès américain en raison de la très fine majorité des républicains à la Chambre.
Et ils ont reçu l'ordre de la part de l'ancien président, candidat en 2024, de "paralyser" l'Etat fédéral, à moins d'obtenir gain de cause sur "tous" les dossiers budgétaires en débat.
C'est sous la présidence de l'ancien dirigeant républicain que les Etats-Unis avaient traversé leur plus long "shutdown", à l'hiver 2018. Selon plusieurs estimations, le PIB des Etats-Unis avait alors été amputé de plus de 3 milliards de dollars.
Trump responsable de « fraudes » financières
Un juge new-yorkais a déclaré mardi Donald Trump et deux de ses enfants, Donald Jr et Eric Trump, responsables de mensonges et de « fraudes » financières « répétées » dans les années 2010 en gonflant les actifs de la Trump Organization, une décision cinglante avant même l'ouverture lundi du procès civil dans cette affaire.
Cette décision représente un revers de taille dans ce dossier pour l'ancien président américain, qui rêve de reconquérir la Maison-Blanche en novembre 2024 et de prendre sa revanche sur son successeur Joe Biden.
Elle facilite en revanche la tâche de la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James, qui avait porté plainte contre Donald Trump. Elle réclame 250 millions de dollars d'amendes et des interdictions de diriger des sociétés pour Donald Trump et plusieurs de ses proches, dont ses deux enfants qui dirigent aujourd'hui la Trump Organization.
Le procès civil qui doit commencer lundi n'est que le premier d'une longue liste pour l'ancien président, qui devra aussi comparaître notamment devant la justice fédérale, accusé d'avoir tenté d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020, ou devant la justice de l'Etat de Géorgie pour avoir là aussi essayé de manipuler les résultats du scrutin perdu face à Joe Biden.
Letitia James, équivalent d'un ministre de la Justice pour l'Etat et élue démocrate, avait demandé un procès au civil contre le milliardaire républicain en l'accusant d'avoir gonflé la valeur des actifs de la Trump Organization, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, notamment pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques de 2011 à 2021.


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