Un "accord du siècle" entre Israël et l'Arabie saoudite, s'il doit voir le jour, cela ne va pas se faire sans préalablement d'importantes concessions israéliennes auprès des Palestiniens. Si l'éventualité d'un "accord du siècle" entre Israël et l'Arabie saoudite devait un jour devenir réalité, ce ne sera pas sans d'importantes concessions auprès des Palestiniens de la part de l'Etat hébreu au préalable. C'est en somme ce qu'a transmis le secrétaire d'Etat Antony Blinken à Ron Dermer lors de sa visite à Washington la semaine dernière. Quatre responsables de l'administration américaine actuelle et anciens conseillers ont déclaré au journaliste israélien Barak Ravid, dans un article publié sur le site d'information Axios, que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et le secrétaire d'Etat Tony Blinken avaient évoqué avec Dermer la nécessité de concessions israéliennes pour les Palestiniens dans le cadre de tout accord de normalisation avec les Saoudiens. Sullivan a également informé Dermer que Biden souhaitait obtenir un large soutien des démocrates du Congrès pour un méga-accord avec l'Arabie saoudite, a déclaré à Axios une source proche de ce dossier. Pour y parvenir, Sullivan a insisté sur le fait que des mesures israéliennes sérieuses envers les Palestiniens sont essentielles. De son côté, le Secrétaire d'Etat Antony Blinken a tenu à mettre en garde Ron Dermer contre toute "mauvaise interprétation" de cette situation par le gouvernement israélien.
Israël pas chaude pour des concessions
Toujours selon les sources d'Axios, Dermer n'aurait pas démontré de réelles volontés de concessions de la part du gouvernement israélien pour parvenir à un accord avec les Saoudiens. Raison pour laquelle Blinken aurait insisté sur le fait que l'Arabie saoudite devra impérativement montrer au monde arabe et musulman qu'elle a obtenu d'Israël des résultats importants concernant les Palestiniens en échange d'un accord de normalisation, ont indiqué les responsables. Toutefois, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a laissé entendre que Tel-Aviv ne s'opposerait pas à un programme nucléaire saoudien comme condition à la normalisation. « Le diable est dans les détails. Nous devrons examiner ce qui sera finalement convenu », a-t-il indiqué. « L'Arabie saoudite peut commencer à enrichir de l'uranium dès demain si elle le souhaite, en se tournant vers la Chine ou la France. La question est de savoir ce qui se passera si elle décide de prendre une autre voie que celle impliquant les Etats-Unis », a-t-il poursuivi. Ces propos ont vivement fait réagir le dirigeant de l'opposition, Yair Lapid, qui a affirmé qu'un programme nucléaire saoudien « mettrait en danger la sécurité d'Israël ». « L'Iran est le seul pays du Moyen-Orient qui enrichit de l'uranium dans le cadre d'un programme nucléaire, et cela ne doit pas s'étendre. Il est possible de parvenir à un accord qui renforce notre sécurité nationale, sans qu'Israël ne donne son feu vert à l'enrichissement d'uranium au Moyen-Orient ».
Incompatibilité avec les positions israéliennes
A rappeler aussi que le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, avait déclaré à la mi-août, lors d'une interview à la radio 103 FM, qu'Israël ne permettrait pas l'ouverture d'une mission diplomatique saoudienne auprès de l'Autorité palestinienne, en réaction à l'annonce par l'Arabie Saoudite de la nomination de son premier ambassadeur auprès de l'AP et d'un consul non-résident à Jérusalem. "Ils n'ont pas besoin de nous demander la permission. Ils ne se sont pas concertés avec nous et n'ont pas besoin de le faire. Mais nous n'autoriserons pas l'ouverture d'une mission diplomatique, quelle qu'elle soit", a déclaré Cohen. Le ministre a affirmé que cette décision était sous-tendue par les progrès réalisés dans les négociations de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite. "Les Saoudiens veulent faire savoir aux Palestiniens qu'ils ne les ont pas oubliés. Mais nous n'autorisons pas les pays à ouvrir des consulats. C'est incompatible avec nos positions".
Une centrale nucléaire chinoise en Arabie L'Arabie saoudite étudie une proposition de la Chine afin de construire une centrale nucléaire sur son territoire, selon des informations publiées vendredi par le Wall Street Journal. Des responsables saoudiens au fait du dossier ont déclaré au journal américain que la China National Nuclear Corporation avait proposé à Riyad de construire une centrale nucléaire près de la frontière avec le Qatar et les Emirats arabes unis. Cette démarche aurait pour but de faire pression sur les Etats-Unis pour que ces derniers soutiennent le royaume dans sa quête d'énergie nucléaire. Contrairement à l'administration Biden, qui a posé des conditions avant toute aide à l'industrie nucléaire saoudienne, telles que l'interdiction d'enrichir de l'uranium, il est peu probable que la Chine présente à Riyad des conditions visant à l'empêcher de se doter d'armes nucléaires, a ajouté le média. Le programme nucléaire civil saoudien est l'un des paramètres au cœur du potentiel accord de normalisation avec Israël, qui impliquerait d'importantes garanties de sécurité de la part de Washington auprès de Riyad. Un tel accord de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite serait une grande victoire diplomatique pour le président démocrate. Des hauts responsables américains ont récemment affirmé que l'administration Biden cherchait à achever son initiative avec l'Arabie saoudite d'ici la fin de l'année ou au premier trimestre de 2024, avant que la campagne électorale présidentielle ne prenne complètement le pas sur l'agenda du président démocrate.