Tout comme c'était le cas avec le recours aux bovidés du Brésil, l'opération d'importation de cheptel destiné à l'abattage de l'Aïd suscite la controverse. Une polémique sur l'écart entre les coûts des unités importées et leur prix d'écoulement sur le marché s'est déclenchée, ces derniers jours, sur les réseaux sociaux. Voici ce qu'en disent les importateurs. Quelques semaines avant Aïd Al-Adha, une nouvelle polémique a pris les devants, cette fois-ci au sujet des prix du cheptel d'ovins importés de l'étranger pour satisfaire la demande au niveau du marché national. En effet, depuis quelques semaines, des informations circulant sur les réseaux sociaux indiquent que les cheptels importés d'Europe sont vendus au Maroc à plus de 2500 dirhams par tête, alors qu'ils sont achetés à pas plus de 700 dirhams. Cette information, devenue virale sur les réseaux sociaux, a suscité l'indignation des Marocains, et ce, compte tenu de la prétendue différence entre le prix d'importation et celui de vente sur le marché national. Les internautes ont de même adressé de virulentes critiques aux importateurs, d'autant plus que ces derniers reçoivent un soutien estimé de 500 dirhams pour tête de cheptel importé spécifiquement pour l'Aïd Al-Adha. En revanche, les importateurs contestent la véracité de ces informations. Contacté par nos soins, le président de la Fédération Marocaine des Acteurs de la Filière Elevage (FMAFE), Mohamed Jebli, a balayé d'un revers de main ces informations. « Ce n'est pas vrai, le prix d'une tête d'ovin à l'étranger n'est pas aussi abordable que l'on pense ». Ainsi, « grâce au soutien du gouvernement, le prix de vente ne dépassera pas celui des années dernières et restera aux alentours de 57 dirhams/kg », rassure Mohamed Jebli qui s'est dit conscient des appréhensions des citoyens quant à une éventuelle hausse des prix en raison de la rareté du produit local. D'après les données publiées par la Fédération Marocaine des Acteurs de l'Elevage, le prix de cheptel au niveau des pays européens autorisé à l'importation s'élève à 57 dirhams le kilogramme. Ainsi, le prix d'un mouton de 50 kilogrammes atteindrait 2.850 dirhams, et non pas 700 dirhams, comme prétendu, selon la fédération. Notre même interlocuteur a relevé qu'au-delà des dépenses liées à la main-d'œuvre, l'alimentation et le transport, « les importateurs marocains rencontrent des difficultés pour trouver le nombre voulu de cheptel car l'offre est même inexistante dans certains pays européens en raison de la forte demande des pays arabes ». Malgré le contexte difficile, Mohamed Jebli a précisé que « l'importation est notre solution pour approvisionner le marché en cheptel en quantités suffisantes et à des prix abordables. Nous redoublons d'efforts pour relever ce défi d'ici l'Aïd, et nous ne cherchons pas le gain facile », ajoutant : « L'offre en cheptel destiné au sacrifice de l'Aïd sera suffisante ». Pour rappel, le gouvernement a opté pour l'importation d'un important contingent de bêtes. L'objectif recherché est de renforcer l'offre, en baisse cette année de moins de 15% par rapport à celle de l'année dernière. Il s'agit par la même d'assurer l'approvisionnement normal du marché en ovins et caprins en vue de garantir la stabilité des prix qui pourront connaître une hausse allant jusqu'à 25%.