Le Sommet de la Ligue arabe a clos ses travaux, vendredi 19 mai en Arabie Saoudite, par l'adoption de la Déclaration de Djeddah. Les dirigeants arabes ont réaffirmé la position unie de l'Organisation sur la sécurité et la stabilité dans le monde arabe. S.A.R. le Prince Moulay Rachid a représenté S.M. le Roi Mohammed VI à ce Sommet, le 32ème que tient la Ligue arabe. Aux antipodes du 31ème Sommet tenu en Algérie en novembre 2022 qui s'est achevé par un fiasco, celui tenu en Arabie Saoudite, vendredi dernier, a été fort concluant, car ayant été porté par une série de développements majeurs et de gestes d'apaisement significatifs, ayant émaillé la scène géopolitique arabe ces derniers temps : réconciliation irano-saoudienne, réintégration de la Syrie à la Ligue arabe, désescalade dans la crise au Yémen, intermédiation dans la crise inter-soudanaise, résurgence de la cause palestinienne. Il s'est conclu avec la réaffirmation des Etats membres de la position unie de l'Organisation sur la sécurité et la stabilité dans le monde arabe.
La situation politique dans la région arabe
La Déclaration finale du Sommet de Djeddah a mis l'accent sur plusieurs problématiques de grande priorité, comme l'ingérence étrangère dans les affaires des pays arabes, soulignant qu'il faut mettre un terme à toute forme d'ingérence étrangère et rejeter complètement le soutien à la formation de groupes armés ou de milices en dehors du cadre des institutions étatiques.
Les leaders arabes ont relevé que les conflits militaires internes ne pourront conduire à la victoire d'une partie sur l'autre, mais ne feront qu'exacerber les divisions et les souffrance des peuples et empêcher la réalisation des aspirations des citoyens des pays arabes.
Les efforts du Maroc dans le monde arabe
Le Sommet arabe a salué, à l'issue de ses travaux, les efforts du Maroc pour le règlement de la situation en Libye, ainsi que la solidarité du Royaume avec le Yémen. La Déclaration finale a souligné l'importance de s'appuyer sur l'Accord politique libyen signé à Skhirat en 2015 pour un règlement politique, en exhortant à sa pleine mise en œuvre.
Les dirigeants arabes ont également mis en avant les efforts déployés par le Royaume du Maroc avec ses frères arabes en solidarité avec le Yémen, à travers la contribution au programme de reconstruction et de redressement économique de ce pays.
Le Maroc et la cause palestinienne
La Déclaration de Djeddah appuie le rôle du Comité Al-Qods présidé par SM le Roi Mohammed VI et de son instrument exécutif, l'agence Bayt Mal Al-Qods, dans la défense de la ville sainte et la résistance de sa population. D'autre part, la décision du Sommet relative à la cause palestinienne a salué les efforts continus de SM le Roi Mohammed VI dans la défense d'Al-Qods Acharif et le soutien à la cause palestinienne. Les dirigeants arabes ont également salué les projets réalisés par l'Agence Bayt Mal Al-Qods, bras exécutif du Comité Al-Qods, sous la supervision du Souverain, afin d'encourager les Maqdessis à rester dans leur terre et soutenir leur résistance, saluant la décision du Royaume du Maroc au sujet de l'augmentation de sa contribution financière aux Fonds Al-Aqsa et Al-Qods à hauteur de 12,5 millions de dollars. Elle a en outre affirmé la centralité de la cause palestinienne pour les pays arabes, comme étant l'un des principaux facteurs de stabilité dans la région, et condamné dans les termes les plus forts les pratiques et les violations israéliennes qui visent la vie, les biens et l'existence des Palestiniens.
Elle a souligné, dans le même sillage, l'importance d'intensifier les efforts pour parvenir à un règlement global et juste de la cause palestinienne, et offrir aux Palestiniens un véritable horizon de paix, sur la base de la solution à deux Etats conformément aux références internationales, notamment l'initiative de paix arabe, les Résolutions internationales pertinentes et les principes du droit international, de sorte à assurer l'établissement d'un Etat palestinien indépendant et souverain sur ses territoires, aux frontières du 4 juin 1967, avec Al Qods-Est comme capitale.
Coopération arabe pour faire face au stress hydrique
La Déclaration finale prévoit également une initiative de recherche et d'excellence dans l'industrie du dessalement de l'eau et de ses solutions, dans le but de stimuler la recherche scientifique et appliquée vouée à l'innovation dans l'industrie de la production d'eau dessalée, et ainsi rendre accessible l'eau aux pays en manque. Il s'agit, entre autres, de se concentrer sur la diffusion et le partage des connaissances et expériences contribuant à améliorer l'économie de cette matière pour réduire les coûts et accroître l'efficacité des opérations et leur durabilité environnementale, et de favoriser le partage de normes et la mise à niveau institutionnelle pour ériger les secteurs de l'eau en industrie stratégique pour les pays arabes.
Développement économique
Les pays arabes se sont accordé sur la mise en œuvre d'un cadre de réflexion pour la recherche et les études concernant la durabilité et le développement économique, qui engloberait de nouvelles orientations et idées dans le domaine du développement durable, et privilégierait des initiatives de développement durable dans la région arabe, à travers la coopération en matière de recherche et la conclusion de partenariats stratégiques.
Culture et langue arabes
En outre, le Sommet a décliné une initiative visant à enseigner l'arabe aux locuteurs non natifs, qui cible les deuxième et troisième générations d'immigrants arabes urbi et orbi dans le monde, d'une manière qui puisse contribuer à améliorer la communication civilisée entre les pays arabes et le monde, et mettre en valeur la civilisation et la culture arabes ancestrales.
Appels au règlement négocié des conflits dans les pays arabes
La Déclaration finale a appelé les parties belligérantes au Soudan à revenir à la table des négociations et à protéger les civils. En ce qui concerne la situation au Liban, la Déclaration a exhorté "toutes les factions libanaises" à élire un président et à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour sortir le Liban de la crise économique actuelle. Elle a également soutenu tous les efforts internationaux et régionaux visant à trouver une solution politique à la crise au Yémen.
Bahreïn-Liban : une réconciliation à l'issue du Sommet arabe
Bahreïn va rétablir des relations diplomatiques complètes avec le Liban et des ambassadeurs seront bientôt nommés et affectés dans les capitales respectives, a déclaré le ministère des Affaires étrangères de Bahreïn samedi. Selon un communiqué, cette décision a été prise dans le but de « renforcer les relations fraternelles » entre les deux pays et leurs peuples et de promouvoir le respect mutuel. En octobre de l'année dernière, les pays du Golfe avaient suspendu leurs liens diplomatiques avec le Liban après la diffusion de commentaires sur le conflit au Yémen par l'ancien ministre de l'Information George Kordahi, très critiques envers l'Arabie Saoudite.
Le 33ème Sommet arabe prévu au Bahreïn en 2024
Le 33ème Sommet arabe se tiendra en 2024 au Royaume de Bahreïn. L'annonce en a été faite par le sous-secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, l'ambassadeur Hossam Zaki, en marge du 32ème Sommet arabe, dont les travaux ont été clos, vendredi à Djeddah, en Arabie Saoudite. Rappelons que le Président du Conseil des représentants bahreïni, Ahmed Salman Al Musallam, a réitéré, en janvier 2023, la position de son pays appuyant la souveraineté du Royaume du Maroc sur ses provinces du Sud, ainsi que son engagement pour sa sécurité et sa stabilité.
La réintégration de la Syrie
Le Sommet de Djeddah a connu la toute première participation du président syrien, Bachar Al-Assad, depuis plus d'une décennie, signant ainsi son retour sur la scène diplomatique arabe dont il avait été écarté après le déclenchement de l'insurrection armée en Syrie.
Après des années d'isolement du régime syrien, l'heure est à l'ouverture d'une "une nouvelle phase" dans la coopération entre les pays arabes, réunis en Arabie Saoudite. "Nous sommes heureux d'accueillir le président Bachar Al-Assad", a déclaré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, à l'ouverture du Sommet.
L'Organisation panarabe, rappelons-le, avait exclu le régime syrien fin 2011 pour sa répression d'un soulèvement populaire, qui a dégénéré en guerre dévastatrice, avant de le réintégrer le 7 mai dernier, au regard de nouveaux impératifs qui s'imposent dans la région arabe.