Ils étaient venus ; ils étaient tous là. Trois générations de footballeurs tangérois : Bzioui, Hamdouchi, Rouifi, Mkhitar, Hlimi, Foncho, Settati, Mokhtar, Touizar. Une pléiade de grands joueurs qui ont fait les beaux jours du Moghreb Aksa, de U.D. Espana, de l'ASPT des policiers. On évoquait des souvenirs de 1950 à 1960, époque dorée du football de Tanger. Réunir toute cette « famille footballistique » est, à vrai dire, un vrai défi dont le mérite revient sans aucun doute à l'« Associations des anciens sportifs pour la culture et le sport » qui a organisé une soirée-débat dans une grande place à Dar Al Baroud pour rendre hommage à l'un des meilleurs joueurs de la ville du Détroit feu Allal Hadad décédé il y a une trentaine d'années. On parlait de sa vie, de sa carrière, de ses matches et surtout des buts qu'il avait marqués. Allal Hadad jouait toujours avec un petit « tarbouch » rouge qu'il considérait toujours une bénédiction et un porte-bonheur. A cette occasion, le président de l'association, Mohamed Atik Akalay, ancien joueur lui-même, a brossé un tableau sur les diverses activités qui arrivent à grouper en familles les vieilles gloires footballeurs tangérois. Il a ensuite présenté l'invité de la soirée qui n'était autre que notre confrère d'« Al Ittihad Ichtiraki » Ahmed Sabri, journaliste, entraîneur et poète qui devait donner une courte conférence sur la vie des ex-internationaux marocains. De son côté, Abdelkader Bzioui, premier gardien de but marocain professionnel après avoir défendu les couleurs du Moghreb Al Aksa, de l'U.D Espana de Tanger et l'Atlético de Tétouan de la première division espagnole, a fait un brillant exposé sur la carrière de feu Allal Hadad. « Allal Hadad, a-t-il conclu, était un joueur doué qui avait la vocation d'un footballeur inné, qui n'avait suivi aucune formation. Il n'aimait ni l'argent, ni la célébrité. Il n'avait qu'une seule passion : jouer au ballon ». Selon plusieurs témoins présents à la salle, Allal Hadad avait renoncé au professionnalisme pour éviter de vivre à l'étranger et de rester dans son pays pour le défendre contre le colonialisme avec les « Wataniyines ». Pour lui, l'amour d'« Al Watane » était plus fort que sa carrière de footballeur. Il en était de même pour un autre grand joueur : Hamdouchi Bokamel qui a diverti l'assistance par ses anecdotes footballistiques. Il a rappelé qu'il était joueur professionnel à Sebta et avait refusé de rejoindre Bilbao et Cadiz préférant sa ville natale Tanger. Le point important de la soirée fut sans aucun doute la projection d'un support audio-visuel enregistrant les réflexions du footballeur Riahi, entraîneur actuellement d'Al Haras d'Arabie Saoudite. L'ex-international marocain de l'époque de Bettache, Akesbi, Tatum, Zhar, Labied, a beaucoup critiqué la gestion des dirigeants tangérois qui n'ont pas réussi à constituer une équipe capable d'évoluer en première division. « C'est une honte pour la ville qui était jadis la capitale footballistique du pays ! L'exemple de feu Allal Hadad qui était d'abord grand joueur puis entraîneur doit être un stimulus pour l'émancipation et l'épanouissement du football de Tanger », a-t-il expliqué. Parallèlement au vibrant hommage à Allal Hadad un autre sympathique hommage a été rendu aux vieilles gloires tangéroises qui ont reçu des cadeaux souvenirs. L'initiative de l'association des anciens joueurs pour la culture et le sport mérite des applaudissements.