Selon l'Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA), la spécialisation des fonds s'est renforcée depuis 2010. En 2021, les véhicules sectoriels d'investissement ont concentré 59% des levées de fonds réalisés par l'ensemble des fonds de capital-investissement actifs en Afrique, ce qui atteste d'une plus grande maturité du marché continental. Il est désormais établi que plusieurs pans de l'économie africaine connaissent un regain d'intérêt durant les dix dernières années sans oublier la conjoncture difficile qu'a connue le continent et liée aux années de Coronavirus. C'est le constat qui ressort du dernier rapport que vient de publier l'Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA).La publication de ce document n'est pas fortuite. En effet, celle-ci intervient en prélude de la conférence annuelle de l'AVCA prévue du 1er au 5 mai 2023 au Caire en Egypte. Une rencontre qui se veut le plus grand rassemblement mondial de capitaux privés et axés sur l'Afrique, attirant des investisseurs qui gèrent collectivement plus de 1500 milliards de dollars d'actifs. Mieux, tirant partie des informations sur les fluctuations observées dans l'industrie du capital privé en Afrique au cours des dernières années, la 19e conférence annuelle de l'AVCA et le sommet VC se concentreront sur le déblocage d'un changement durable et transformateur en Afrique grâce au capital privé. L'objectif assigné à la conférence est de réfléchir de manière ambitieuse à la manière dont le capital privé peut construire et contribuer à un avenir africain prospère. Tout au long de la semaine, les distingués conférenciers et délégués réfléchiront sur le passé et feront le lien entre les opportunités, les risques, les retours et l'impact en Afrique. Ce sera aussi l'occasion d'explorer les avantages et les inconvénients de l'investissement en Afrique, Les participants, par ailleurs, engagerons un dialogue pratique sur la manière dont les gestionnaires ont relevé les défis et réussi, et discuterons des changements systémiques nécessaires pour créer une croissance durable dans l'industrie.D'où l'intérêt particulier de ce rapport qui jette déjà un regard sur les pistes de réflexion en la matière. En effet, bien que la dette privée reste encore minoritaire en tant que classe d'actifs, les fonds de capital-investissement présents sur le continent s'orientent vers une plus grande spécialisation. Les véhicules d'investissement sectoriels concentrent désormais près de 60% des levées de fonds, indique les rédacteurs. A ce sujet, l'AVCA estime que les firmes locales et internationales de capital-investissement ont injecté 72,9 milliards de dollars dans les entreprises africaines entre le 1er janvier 2002 et le 30 juin 2022. Un pas de géant qui témoigne du dynamisme de l'économie du continent à travers ses start-ups. Le rapport souligne que les montants les plus importants ont été investis en 2007 (9,3 milliards de dollars), en 2014 (7,8 milliards) et en 2021 (7,4 milliards). Toutefois, le rapport relève la disparité entre les différentes régions du continent en termes de compétitivité ou d'attractivité. Dans ce cadre, la répartition des montants investis durant l'ensemble de la période revue par sous-région montre que l'Afrique de l'Ouest tient le haut du pavé avec un montant global de 19,8 milliards de dollars, devant l'Afrique australe (19,7 milliards), l'Afrique du Nord (13 milliards), l'Afrique de l'Est (6,1 milliards) et l'Afrique centrale (2,4 milliards). Tandis que 11,9 milliards de dollars ont été, en outre, investis dans des entreprises opérant dans plus d'une sous-région du continent. Au total, ce sont 3359 transactions impliquant des fonds de capital-investissement qui ont été recensées en Afrique entre le 1er janvier 2002 et le 30 juin 2022. Dans ce chapitre, l'Afrique australe arrive en première position avec 1012 transactions. Viennent ensuite l'Afrique de l'Ouest (932 transactions), l'Afrique de l'Est (568), l'Afrique du Nord (576) et l'Afrique centrale (102). Les secteurs concernés ne sont pas des moindres puisqu'il s'agit de:Technologie, Consommation discrétionnaire, Industries, Services de communication, Consommation de base, Energies, Matériaux, Utilitaires, Immobilier et Soins de santé. Pour ce qui est de la ventilation sectorielle des investissements réalisés par les firmes du capital-investissement à l'échelle continentale, on note que les secteurs ciblés ont connu quelques changements majeurs entre la décennie 2002-2011 et la période allant du 1er janvier 2012 au 30 juin 2022. Dans le même sillage, entre 2002 et 2011, les secteurs qui ont capté le plus de fonds étaient les biens de consommation discrétionnaire (22%), les matières premières (17%), les télécommunications (16%) et les services financiers (14%). Il en est de même entre le 1er janvier 2011 et le 30 juin 2022, les secteurs ayant attiré le plus d'investissements étaient les services publics comme la production et la distribution d'électricité et de gaz ou encore le traitement de l'eau (19%), les services financiers (18%), les télécommunications (17%) et l'industrie (11%). De plus et sur un autre plan, le rapport souligne que la plupart des fonds de capital-investissement qui étaient actifs sur le continent entre le 1er janvier 2011 et le 30 juin 2022 sont des véhicules d'investissement dédiés à une sous-région (33%) ou des fonds axés sur un seul pays (31%). 21% des fonds sont à vocation panafricaine et 14% sont axés sur l'Afrique subsaharienne. Enfin, par secteur ciblé, la répartition des fonds révèle que les fonds généralistes prédominent à hauteur de 45%. Viennent ensuite les fonds spécialisés dans le capital-croissance (16%), le capital-risque (14%), les infrastructures (10%), la dette privée (6%), l'immobilier (4%), le capital-transmission (4%) et le capital remplacement (1%). Il appartiendra à la conférence du Caire d'insuffler une nouvelle dynamique de nouvelles orientations aux contenus de ce rapport et ce dans la cadre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF). Wolondouka SIDIBE
Bon à savoir Par définition, le capital-risque ou venture capital est cette activité d'investissement capitalistique qui consiste à prendre une participation minoritaire et temporaire dans le capital des jeunes entreprises innovantes à haut potentiel de croissance, afin de doper leurs fonds propres. Apparue dans les années 1940, la pratique est largement répandue aux Etats-Unis. En Europe, le venture capital poursuit sa croissance avec des investissements de plus de 100 milliards de dollars en 2021, selon Statista, avec le Royaume-Uni (34,9 milliards de dollars), l'Allemagne (17,2 milliards de dollars) et la France (11,4 milliards de dollars) en tête.En Afrique, le capital-risque fait ses premiers pas vers les années 2000. L'Afrique du Sud, longtemps resté en tête, est désormais devancée par le Nigéria qui s'érige en premier marché africain avec 145 entreprises ayant levé 1,1 milliard de dollars en 2021. Le pays de Muhammadu Buhari place ainsi l'Afrique de l'Ouest au sommet de l'industrie. Viennent ensuite l'Egypte (98 deals pour 484 millions de dollars), le Kenya (87 deals pour 225 millions de dollars) et le Ghana (23 deals pour 78 millions de dollars) qui boucle le top cinq.