À la veille du dépôt de son rapport au Conseil de Sécurité, l'Envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan De Mistura, a invité les représentants des parties concernées, dont l'Algérie, à des consultations "officieuses" avec la participation des pays du « Groupe des amis du Sahara ». Décryptage. L'envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan De Mistura, tiendra des "consultations bilatérales" avec des représentants du Royaume du Maroc et ceux du front séparatiste, a indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire Général des Nations Unies, lors d'une conférence de presse.
Le porte-voix d'António Guterres a précisé que ces réunions auront lieu avant le prochain briefing du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui aura lieu en avril.
Ces réunions informelles se dérouleront avec la participation des représentants de l'Algérie, de la Mauritanie et des membres du "Groupe des Amis", dont l'Espagne, les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni et la France.
Dans ses lettres d'invitation pour les réunions de cette semaine, De Mistura a déclaré qu'il espérait trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité.
De Mistura devra faire face à une "situation paradoxale"
Staffan De Mistura est affronté à une situation paradoxale, vu que le Maroc enchaîne les succès diplomatiques avec plusieurs reconnaissances du plan d'autonomie du Sahara marocain, tandis que le régime algérien se radicalise davantage, analyse le Docteur Mohamed Badine El Yattioui, professeur de géopolitique à l'Université américaine des Emirats Arabes Unis à Dubaï.
Dr El Yattioui précise, en outre, que le nouveau ton radicaliste d'Alger à l'égard du Maroc apparaît d'une manière ostensible lors de la sortie médiatique du président algérien Abdelmajid Tebboune qui s'est permis d'avancer des arguments infondés constituant ainsi une falsification de l'Histoire de la région. Lors de son interview accordée au média qatari Aljazeera, il a ainsi prétendu que la cession du Sahara marocain a été proposée à l'Algérie par Francisco Franco en 1964.
« En 1964, l'Espagne de Franco nous avait donné le Sahara », a-t-il déclaré. Ensuite, selon lui, le président algérien de l'époque Ahmed Ben Bella avait refusé. « Ça n'intéresse pas l'Algérie. Personne ne touche aux frontières de l'Algérie », a-t-il prétendu.
Ces distorsions historiques incarnent à l'évidence la faiblesse de cet apparatchik algérien et la perte de boussole de son champ diplomatique, au point de le pousser à écarter brusquement Ramtane Lamamra de la diplomatie algérienne, lequel venait à peine de se remettre en selle pour un retour sur la scène internationale.
Aux antipodes de la situation algérienne, De Mistura se trouvera face à des réalisations diplomatiques inédites du Maroc, urbi et orbi, dans le monde, en Europe, en Asie, en Afrique ainsi qu'en Amérique Latine au profit du dossier du Sahara marocain.
"Le polisario, quant à lui, continuera de crier qu'il veut l'indépendance, et c'est le souhait d'Alger, car il n'a aucune autonomie et ne dispose d'aucune marge de manœuvre dans le processus de négociation avec le Maroc", souligne Dr El Yattioui.
Un œil sur les autres participants aux consultations
De Mistura aura également des consultations avec l'Espagne, les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni et la France. Aussi, dans ce groupe, les intérêts du Maroc sont bien pris en considération, avec les Etats-Unis et l'Espagne qui continuent à soutenir la marocanité du Sahara, et un Royaume-Uni très proche du Maroc ces derniers temps. On peut le comprendre à travers les différentes visites des officiels britanniques au Maroc, et ce dont témoignent aussi les relations bilatérales qui datent de près de huit siècles.
Quant à la Russie, selon Dr El Yattioui, elle maintient sa neutralité positive sur le différend du Sahara, et c'est la meilleure position que l'on puisse avoir de la Russie, qui pose moins de problèmes que la France, cette dernière entretient sous l'égide du président d'Emmanuel Macron des tensions incompréhensibles avec le Maroc.
Sahara : contacts téléphoniques entre la diplomatie US et l'Algérie
Le Département d'Etat américain a annoncé, mardi 28 mars, que la secrétaire d'Etat adjointe Wendy R. Sherman a eu un premier entretien avec le nouveau ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, et ce, pour le féliciter de sa nomination. La secrétaire adjointe Sherman et le ministre des Affaires étrangères Attaf ont discuté des efforts visant à favoriser la stabilité dans la région, y compris le soutien à l'envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies, Staffan De Mistura, pour faire avancer une solution politique durable et digne au conflit du Sahara.