Le monde de l'enseignement supérieur est sur le point de connaître une révolution majeure grâce à l'arrivée du ChatGPT. Mais bien que ce robot conversationnel est en mesure de servir d'assistant pour l'Université et l'étudiant, il affiche encore des limites qui nécessitent encore la vigilance. ChatGPT est à n'en pas douter le phénomène du moment qui vient bouleverser tant de domaines, notamment la santé, le recrutement, la finance, le transport entre autres. L'enseignement n'en échappe pas non plus. Avec l'arrivée de la troisième version de cette avancée majeure, un agent conversationnel (un chatbot) capable d'écrire, à première vue, tout et n'importe quoi en réponse à une question ou à un commentaire dans la plupart des langues, les professionnels de l'enseignement sont devenus encore plus sûrs que des choses bien importantes devront changer dans le cursus de formation dès la génération actuelle. Certains parlent avec fascination mêlée d'effroi d'une révolution des techniques et pédagogies d'apprentissage, d'autres s'inquiètent d'une déperdition intellectuelle qui est intimement liée aux risques de dépendance et de plagiat. Dans tous ces cas de figure, une chose est certaine, d'après les observateurs, le monde de l'enseignement avec tous ces composants sera parmi les premiers à devoir faire face, bon gré mal gré aux changements apportés par le ChatGPT.
ChatGPT : Le phénomène qui gagne l'adhésion des étudiants Tout comme ce fût le cas pour l'arrivée d'internet, les jeunes montrent un engouement remarquable pour ce robot à succès planétaire, au point qu'il est devenu la solution magique à leurs exercices les plus compliqués. En 2ème année de sciences mathématiques à la faculté des sciences de Rabat on s'appuie, désormais, sur l'aide d'un nouveau compagnon pour résoudre les équations mathématiques. Celui qui passait des heures pour trouver les solutions, n'y consacre désormais que quelques minutes grâce à l'aide du ChatGPT. C'est le cas notamment de Ali qui déclare faire une grande économie de temps, grâce au ChatGPT. « Il me fallait des heures pour préparer une présentation parce que je passais beaucoup de temps à dresser un bon plan. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, depuis que j'ai découvert le nouveau chatbot », concède-t-il. Ainsi, au-delà des expériences individuelles, plus ou moins réussies, que chacun de nous peut avoir avec le ChatGPT, son utilisation semble au goût du corps professoral ainsi que des étudiants de l'Université marocaine. Preuve à l'appui, Pr Hajar Mousannif, professeure au département informatique à la Faculté des sciences Semlalia de l'Université Cadi Ayyad, a consacré une séance à part entière pour sensibiliser ses étudiants aux opportunités et risques de cet outil révolutionnaire. « Les étudiants étaient très ouverts à l'usage de ChatGPT. Les jeunes sont en général beaucoup plus à l'aise avec l'usage des technologies car ils y sont habitués. Ils ont montré un intérêt particulier », nous a-t-elle confié.
ChatGPT : Un levier de développement pour l'enseignement La technologie évolue à un rythme effréné, jusqu'au point de transformer plusieurs secteurs d'activité, notamment l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. D'où la nécessité, selon les professionnels du secteur, de tirer profit des avantages qu'offre l'intelligence artificielle, notamment le ChatGPT pour les étudiants et les enseignants. Tout en alliant rapidité, accessibilité et efficacité, ChatGPT est « un outil informatique qui comprend et produit du langage naturel. Il a la capacité de répondre, en quelques secondes, à des questions posées en langage humain et fournir des informations et des réponses claires et pertinentes sur n'importe quel sujet en n'importe quelle langue », nous explique Pr Hajar Mousannif qui voit en ChatGPT un outil « très utile » dans le cadre de devoirs scolaires ou même des projets de recherches dans des thématiques complexes (scientifiques, économiques, culturels, technologiques, ... etc.). Il peut également apporter son appui lorsqu'il s'agit de propositions de publicités ou même la création de sites web, par exemple. Il s'agit, en tout cas, d'une vision qui intervient en droite ligne avec l'approche adoptée par le Maroc, visant à digitaliser l'enseignement supérieur et à ouvrir grande la porte à la transformation digitale en intégrant les nouvelles technologies dans les méthodes et techniques d'enseignement. Il y va de l'impératif de perfectionner l'apprentissage, de manière à répondre plus efficacement aux nouvelles exigences du marché de l'emploi, l'objectif étant de faire du Royaume un leader en informatique quantique et en IA. Concrètement, ChatGPT peut être d'une aide précieuse pour l'étudiant mais également pour l'enseignant. D'un côté, en répondant aux questions des étudiants H24 même hors les heures de cours, le ChatGPT devient l'assistant personnel de l'étudiant, lui permettant ainsi de progresser rapidement tout en renforçant ses concepts clés et ses compétences rédactionnelles de manière pratique en un minimum de temps. Elément qui permet, d'après l'expérience de Pr Hajar Mousannif, de réduire la charge de travail globale des enseignants et donc leur donner le temps de se concentrer sur d'autres tâches, entre autres la recherche scientifique. En outre, en participant à la planification des cours, la proposition de thématiques variées et des activités d'apprentissage diverses, ChatGPT apporte son appui aux efforts de l'enseignant en vue de garantir des résultats probants sur les compétences des étudiants. Mais il ne s'agit pas que de cela. Le ChatGPT fournit à l'enseignant les outils nécessaires à la création d'un contenu éducatif de haute qualité puis à son évaluation, lui permettant donc de trouver des méthodes d'enseignement innovantes, de quoi améliorer l'apprentissage des étudiants, chacun selon son besoin. « Le ChatGPT à la capacité d'adapter ses réponses selon le besoin et le niveau de chacun. C'est un outil qui présente un intérêt pour assister les personnes à besoins spécifiques ou qui affichent des difficultés d'apprentissage, à condition que les questions qui lui sont adressées soient bien formulées, claires et précises », détaille Pr Hajar Mousannif. Pour s'assurer des capacités de cette révolution majeure, il nous a fallu faire l'expérience. Ainsi, nous avons posé à ChatGPT la question suivante :expliquez les mathématiques à un enfant. Le résultat était étonnant. Quel que soit son degré d'efficacité, cet outil à succès mondial a tenté, effectivement, de répondre à la question comme s'il s'adresse à un enfant. « Les mathématiques est un jeu où on apprend à compter, à faire des puzzles... C'est super amusant et ça nous aide à mieux comprendre le monde qui nous entoure ».
Une avancée qui présente encore des limites Malgré les avantages qu'il offre que ce soit pour l'étudiant ou pour l'enseignant, cet outil qui se rapproche, selon ses créateurs de l'intelligence humaine, réserve quelques surprises qui suscitent la crainte des professeurs, notamment en ce qui concerne la fiabilité des informations qu'il fournit. Chose qui rassure encore sur l'avenir de certains métiers. « Le robot conversationnel ne peut qu'assister l'enseignant. Il ne peut en aucun cas le remplacer, c-à-d faire le travail de raisonnement », explique la Pr, soulignant que « les réponses du ChatGPT peuvent être inefficaces voire même étonnantes dans certains cas ». En d'autres termes, le professeur aura toujours sa place parmi les étudiants pour définir et cadrer le contenu de son cours. Le ChatGPT n'est donc qu'un intervenant parmi d'autres. Dans un autre registre, le ChatGPT soulève encore les possibilités de plagiat avec les risques juridiques liés, entre autres, aux droits de propriété intellectuelle et d'auteur, ainsi que les problématiques liées aux corrections des copies d'examen et des rapports de thèses, sans oublier son impact négatif sur le niveau intellectuel de ses utilisateurs. Des points que l'intelligence artificielle devrait encore assumer pour réussir l'expérience homme-ChatGPT. En attendant de voir ce que la technologie est capable de fournir à l'Homme, ce dernier devrait tirer profit de ses avantages sans qu'il en devient dépendant. D'où l'intérêt, selon Abdessamad Malaoui, expert en nouvelles technologies, d'accompagner les étudiants en vue d'assurer une utilisation « éthique » et « responsable » du robot conversationnel en mesure de révolutionner le processus d'apprentissage.