C'est la nouvelle que les parents d'élèves de l'école Lahraouiyyine, le grand quartier d'habitats anarchiques, ont reçu avec surprise à l'occasion de la rentrée. D'autant que les élèves filles et garçons de 5ème et 6ème doivent parcourir plusieurs kilomètres pour arriver à l'école Zerektouni à Salmia. Des questions de sécurité se posent surtout pour les filles étant donné qu'il faut traverser de grands terrains vagues et compte tenu de l'obscurité tôt venue le soir la saison d'hiver. La rentrée à Lahraouiyyine dans l'école de même nom où l'on compte plus de trois mille élèves, s'est passé plus ou moins normalement : les manuels sont arrivés comme prévu. Mais l'état de l'école délabrée et démunie des équipements essentielles est le même. « On s'attendait à ce que les travaux de réhabilitation soient effectués durant les vacances d'été et maintenant il faut qu'une grande partie des élèves se déplace plusieurs kilomètres pour aller à Salmiä» déclare un parent d'élèves. Car cette école qui accueille tant d'enfants de la périphérie périurbaine de Casablanca attend d'être réhabilitée depuis très longtemps puisqu'elle est privée d'eau, d'électricité et des équipements sanitaires adéquats sans compter que ses bâtiments sont en état de délabrement très avancé. Pour l'eau potable les élèves qui habitent souvent loin apportent avec eux, dans leur cartable, des bouteilles en plastique remplies d'eau pour étancher leur soif. Les enseignants de l'école ont l'habitude de voir les enfants de 6 ans du primaire manquant d'expérience avec des manuels et cahiers mouillés d'eau à l'intérieur des cartables ! L'annonce du programme de mise à niveau des établissements scolaires qui doit concerner plus de 30% du parc d'établissements à Casablanca semble piétiner alors qu'on pensait qu'il allait concerner en priorité les établissements les plus touchés par la vétusté. Pour le cas de l'école Lahraouiyyine qui dépend de la délégation de l'enseignement de Moulay Rachid, l'état de salles de classe construites en préfabriqué tombent en ruines avec les plafonds laissant couler l'eau de pluie et furent en grande partie inutilisables durant la saison de pluie de l'an passé surtout avec les précipitations abondantes. L'absence d'eau et de toilettes inutilisables font que les écoliers font leurs besoins en plein air comme on l'avait observé l'an passé ! Quand on sait que l'école abrite trois mille élèves (ce qui est une hérésie de sureffectif pour une école primaire) on a une idée plus ou moins exacte de la situation. Une situation aberrante pour un espace dit éducatif. Pourtant l'esprit même du plan d'urgence conduit par le conseil supérieur de l'enseignement s'est tracé comme priorité de mettre l'accent sur le monde rural et les régions périurbaines afin de lutter contre l'exclusion et la déperdition scolaire en instaurant au passage une certaine égalité des chances.