Afin d'accélérer la transition énergétique, le Royaume compte augmenter davantage la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. L'ONEE a livré sa recette lors d'une rencontre avec les députés. Détails. C'est parti pour une nouvelle étape de transition. En quête d'un nouveau modèle après l'arrêt du gaz algérien, le Maroc accélère la quête de sources alternatives d'électricité dans un monde où il est de plus en plus difficile de se procurer durablement des sources traditionnelles d'énergie (gaz, pétrole, charbon, etc...).
Le pari est fait sur les énergies renouvelables qui sont désormais une des priorités de la nouvelle stratégie électrique du Royaume. En plus de l'énergie solaire qui a été considérablement développée au cours des années précédentes, le paquet est mis également sur l'énergie éolienne. Les projets vont bon train. Un nouveau parc éolien vient de voir le jour à l'Est du Maroc. A vingt kilomètres de Boujdour, le nouveau parc éolien abrite un poste de transformation électrique qui est désormais opérationnel. Il s'agit du nouveau poste 400/225 kV Boujdour II. L'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) a annoncé, dans un communiqué, avoir procédé, le 26 janvier 2023, à sa mise en service.
Avec un investissement global de 500 millions de dirhams, la mise en service du nouveau poste permettra de "lancer les essais de mise en service progressive du parc éolien de Boujdour et d'injecter les premiers kilowattheures par les premières turbines/éoliennes (Siemens Gamesa 3.465 MW- 132 m) dès le 31 janvier 2023", a fait savoir l'Office, rappelant que sa mise en service totale est attendue avant la fin du premier trimestre de cette année.
Ce poste est doté d'une puissance de 300 MW. Il s'agit du deuxième parc du projet éolien intégré 850 MW, composé également des parcs éoliens «Midelt» (180 MW), «Jbel Lahdid» à Essaouira (270 MW) et «Tiskrad» à Tarfaya (100 MW).
Les efforts de l'ONEE s'inscrivent dans le cadre de la volonté du Royaume de "verdir" son mix énergétique. Il convient de rappeler à cet égard que la stratégie énergétique nationale s'est fixée pour objectif "d'atteindre 52% de la puissance électrique installée à base d'énergie renouvelable à l'horizon 2030".
Ceci a fait l'objet d'une réunion à la Commission des infrastructures, de l'énergie, des mines et de l'environnement, en présence de la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, et des directeurs et directrices des établissements concernés, pour la discussion du thème : "Mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables au niveau de l'investissement et du législatif".
Les intervenants ont estimé qu'il est crucial aujourd'hui d'accélérer la transition énergétique dans le pays et d'aplanir toutes les difficultés qui barrent le chemin à la réalisation de ce projet. Ils ont souligné l'importance de l'amélioration soutenue du cadre législatif en vue de renforcer la transparence dans le domaine, booster les investissements et tirer vers le haut la flexibilité du système électrique national.
Sur ce point, le directeur général de l'ONEE, Abderrahim El Hafidi, a relevé que l'intégration des énergies renouvelables dans le système électrique bute contre des défis concernant la nature fluctuante et en dents de scie de ce type d'énergie, ainsi que les contraintes techniques, indiquant que le stockage de cette énergie est l'une des solutions pour pallier aux interruptions dans le processus de production de l'électricité à partir de ressources renouvelables, outre la nécessité de moderniser les infrastructures dédiées à l'acheminement de cette énergie.
Il a assuré, à ce propos, que l'Office planche sur le renforcement de la puissance du réseau énergétique national et son fonctionnement sans couacs à travers une flexibilité électrique efficiente et le renforcement du réseau d'acheminement de l'énergie, et ce, conformément aux objectifs fixés sur le plan d'intégration optimisée des énergies renouvelables dans le réseau électrique.
Chiffres à l'appui, le patron de l'ONEE a indiqué que la production des stations électriques d'énergies renouvelables a doublé durant la période 2012-2022, passant de 2.082 à 4.154 mégawatts, révélant l'existence d'un ambitieux programme visant à booster la production électrique issue de sources renouvelables durant la période 2023-2035 avec le challenge d'atteindre un volume de 14.000 mégawatts pour un investissement de 144 milliards de dirhams.
De son côté, la directrice générale déléguée de l'Agence marocaine de l'énergie durable (MASEN), Fatima Hamdouch, a fait savoir que la capacité de production des projets portés par l'Agence se chiffre actuellement à 4.000 mégawatts dont 2.200 concernant le parc solaire «Noor» et 953 mégawatts dans le cadre du parc éolien «Nassim».
En effet, à l'horizon de 2030, le Royaume compte porter la part des énergies renouvelables à 52% du mix énergétique. Un objectif qui nécessite des efforts importants. Aujourd'hui, les énergies propres comblent 20% de la demande nationale, selon les chiffres présentés lors de la réunion.
Pour sa part, Mohamed Mahroug, conseiller à l'Autorité nationale de régulation de l'électricité (ANRE), a affirmé que toutes les composantes de cet organisme sont bien déterminées à apporter leur contribution à la réalisation de ce vaste chantier royal des énergies renouvelables, soulignant l'importance de l'adoption du code du réseau électrique national de transport, entré en vigueur en janvier 2022, lequel fixe de manière non-discriminatoire les prescriptions techniques concernant le raccordement et l'accès au réseau électrique national de transport, y compris les interconnexions.
Ce qui offre une visibilité pour les investisseurs, a-t-il noté, avant d'annoncer que l'ANRE a lancé de nouveaux chantiers visant à gagner du temps et à impulser une nouvelle dynamique au plan d'action commune associant l'ensemble des opérateurs et intervenants.
De leur côté, les membres de la Commission des infrastructures, de l'énergie, des mines et de l'environnement ont salué la stratégie du Royaume en faveur de la transition énergétique, plaidant, toutefois, pour l'accélération de la cadence de mise en œuvre des mesures et d'autres initiatives visant à permettre au pays de maîtriser les sources d'énergie et de conforter sa souveraineté énergétique.
Ils ont aussi mis en avant l'importance des acquis sur le plan législatif dans le domaine des énergies renouvelables et de la régulation du secteur de l'électricité, insistant, tour à tour, sur la nécessité de faciliter aux consommateurs l'accès au réseau électrique, notamment les industriels, de réduire le coût de production de l'énergie en vue de promouvoir la compétitivité des produits de l'industrie nationale et aussi les investissements privés pour leur contribution à étoffer l'offre, à réduire les coûts et à renforcer la compétitivité.