En janvier 2020, l'Agence Nationale de l'Assurance Maladie (ANAM) et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ont signé trois conventions visant la révision de la très polémique tarification nationale de référence jugée «obsolète» par les professionnels. L'idée était de baisser les bases de remboursement de l'AMO en réduisant l'écart entre les sommes payées réellement lors des prestations médicales et le montant remboursé par l'assurance. Sauf qu'au bout de quelques semaines, le projet de révision a fait pschitt pour des raisons méconnues. À l'époque, on entendait çà et là que c'était la Primature qui faisait barrage au dossier, puis ensuite que la CNOPS remettait en question la légalité des conventions, mais sans aucune sortie officielle expliquant la non-activation de la nouvelle tarification. Résultat des comptes : les professionnels opèrent sur la base d'un référentiel tarifaire qui bouclera bientôt ses vingt ans, ce qui suscite l'anarchie au sein du secteur et ce dont le coût est supporté principalement par les patients. Maintenant que le chantier de la couverture sociale universelle avance à grands pas, la résolution du problème de la TNR devient une priorité afin d'assurer la durabilité des régimes sociaux, déjà à bout de souffle. Les annonces faites par le ministre de tutelle à la deuxième Chambre sur la réunion imminente avec le secteur privé sont de bon augure pour ce chantier qui réduira incontestablement la charge des dépenses de santé supportées par les ménages. Mais encore faut-il réussir à fédérer les esprits sur les grilles proposées en 2020, qui ne font l'unanimité, ni auprès des organismes de prévoyance, ni auprès des professionnels, ni même auprès du ministère des Finances qui assure 50% des contributions des fonctionnaires et l'intégralité des contributions des ramedistes. C'est dire qu'il faut un peu plus qu'une réunion avec les opérateurs du privé pour mettre fin à la polémique. Il y a lieu d'engager un nouveau round de dialogue national, impliquant toutes les parties concernées, de sorte à trouver une formule assurant à la fois les équilibres financiers et la bonne prise en charge des ménages. Saâd JAFRI