Le secteur de l'automobile marocain envisage de porter à un million le nombre de véhicules produits dans le Royaume. De même, les exportations automobiles devraient doubler d'ici 2025. Pour y arriver, gouvernement et acteurs du système misent sur le renforcement de l'offre technologique. Et selon les professionnels, ce virage est déjà entamé. « Dans le secteur de la construction automobile, le Maroc ne peut pas durablement rester un pays low-cost. Le Maroc est passé d'un pays low-cost à un pays best-cost. Il faut réussir le virage technologique». Ces mots sont du ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour. Le responsable gouvernemental s'exprimait ce mercredi 26 octobre à l'ouverture de la 7ème édition du Salon Automotive Meetings Tangier-Med (AMT). Un événement qui se tient dans la ville du Détroit et qui referme ses portes ce vendredi. Organisé par l'Association marocaine pour l'industrie et la construction de l'automobile (AMICA), l'évènement a permis de mesurer les avancées réalisées par le secteur de la construction automobile dans le Royaume. Et aussi bien du côté gouvernemental que des acteurs de l'industrie automobile, un constat se dégage : «le Maroc ne vend plus de la main-d'oeuvre, mais développe désormais de l'ingénierie». Ce qui, pour l'ensemble des acteurs, contribuera rapidement à atteindre les objectifs majeurs fixés à l'horizon 2025 : doubler la valeur des exportations marocaines, pour les faire monter à 200 MMDH, après un très bon cru de 100 MMDH qui s'annonce pour 2022. Success-stories Pour Ryad Mezzour en tout cas, cet objectif est bien à portée ! Et le ministre istiqlalien n'est pas le seul à partager cet optimisme. Du côté de l'AMICA, on confirme que «l'industrie locale est déjà dans les nouveaux métiers de l'électronique dans l'automobile». C'est le cas par exemple dans les systèmes d'automatisation du câblage, processus de fabrication dans lequel le Maroc est bien positionné. «Nous avons de belles success-stories d'entreprises marocaines qui ont réussi dans les activités de pointe. Donc, tous les ingrédients sont là pour aller de l'avant», indique le président de l'AMICA, Hakim Abdelmoumen. D'ailleurs, les performances réalisées par les exportations automobiles en provenance du Maroc vers les marchés européens le confirment. «Une baisse de 26% du marché automobile européen a été observée. Sauf qu'une hausse de 50% des exportations automobiles marocaines vers ce marché a également été constatée. Donc cela veut dire que le Maroc a les voitures qu'il faut», se félicite le ministre de l'Industrie. 11% des ventes de Renault A ce propos, Renault produit actuellement le modèle de véhicule le plus vendu en Europe, alors que Stellantis commercialise le deuxième modèle le plus demandé. Tous ces modèles sont produits depuis les usines marocaines de Casablanca, Tanger et Kénitra. «Aujourd'hui, le Maroc a pris la première place d'exportations vers l'Europe devant la Chine, le Japon, ou encore les Etats-Unis», jubile Ryad Mezzour. En tout cas, pour le PDG de Renault Maroc, Mohamed Bachiri, «11% des ventes de Renault sont fabriqués au Maroc», où le taux d'intégration industrielle locale atteint 64%. D'ailleurs en parlant d'intégration locale, chez Stellantis, on se félicite de «l'agilité» dont fait preuve le Maroc. Ce qui a conduit le groupe à mener actuellement «un travail de pour identifier davantage de sous-traitants potentiels ainsi que les technologies qui manquent». Ingénierie et financement En parlant de ces technologies, il faut noter que plus de 3.000 ingénieurs marocains ont été intégrés dans le secteur de l'automobile, ce qui contribue à faire figurer le Maroc dans le top 10 mondial en termes d'investissements en R&D dans le domaine de l'automobile. Tout ce savoir-faire booste le secteur et lui permet d'accélérer sa cadence. Il crée aujourd'hui plus de 220.000 emplois et met le cap sur la production d'un million de véhicules par an, contre 700.000 actuellement. De même, le Maroc produit déjà 40.000 véhicules électriques et entend multiplier ce chiffre par 4 d'ici 3 ans. Ce qui exige des investissements conséquents. Mais sur ce point, le secteur bancaire marocain se dit disposé à accompagner la belle dynamique en cours. La preuve, c'est que le PDG du Groupe Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani, et non moins vice-président du Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM), s'est lui-même rendu à Tanger pour rassurer le secteur automobile : les banques sont disposées à revoir à la hausse leurs financements du secteur automobile. La crise est bien derrière nous ! Abdellah MOUTAWAKIL
Repères Electricité : Vers une baisse de %30 au Maroc ? Selon le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, malgré la crise gazière et énergétique qui secoue actuellement le monde, «le Maroc a réussi à maintenir le prix de l'électricité inchangé». Ce qui, selon le responsable, a nécessité d'importants efforts au niveau gouvernemental. Mais selon Mezzour, ces efforts ne comptent pas se limiter au maintien du prix à son niveau actuel. «Nous travaillons pour faire baisser ce prix de 30%», assure Mezzour.
Batteries électriques: Bientôt une bonne nouvelle, selon Mezzour Lors de l'ouverture de la 7ème édition du Salon Automotive Meetings Tangier-Med (AMT), le ministre Mezzour a aussi annoncé que dans la construction de batterie pour la voiture électrique, «une bonne nouvelle est attendue pour bientôt». Sans donner plus de précision, Ryad Mezzour a indiqué que le Maroc n'entend pas rester les bras croisés dans la course mondiale pour la production de batteries nécessaires à l'émergence du marché de l'électrique. Affaire à suivre ! L'info...Graphie Tanger Med Zone 62 MMDH pour l'automobile
C'est un chiffre qui en dit long sur l'importance des activités automobiles dans les zones franches de Tanger Med Zones. Selon Jaafar Mrhardy, son directeur général, «Tanger Med Zones a connu un doublement de ses activités automobiles durant les 5 dernières années». Les investissements qui y ont été consentis dépassent le milliard de dirhams, ce qui a permis de maintenir une croissance considérable à deux chiffres, selon le responsable. Sur le plan mondial, Tanger Med Zones se classe désormais deuxième dans ce secteur d'activités, avec ses 25 millions de m2. Des performances qui ont été saluées par le ministre de l'Industrie et du Commerce. «Le Maroc est en train de récupérer des parts de marché au niveau de la relocalisation industrielle. Ce qui se passe ici à Tanger est juste exceptionnel. Nous commencerons bientôt à battre des records en termes de développement d'usines. C'est un modèle à enseigner dans les écoles», se félicite Ryad Mezzour.
Automobile Cap sur la décarbonation
C'est le principal enjeu du secteur de l'automobile : la décarbonation. Celle-ci doit être effective aussi bien dans le processus de fabrication que dans les véhicules produits. Au Maroc, Renault se félicite d'avoir réussi à en être un exemple. C'est le cas notamment à l'usine de Tanger. «Nous travaillons actuellement pour décarboner l'usine de Casablanca. Quant à celle de Tanger, elle est à 100% propre», déclare le PDG de Renault Maroc, lors d'un panel. Cette préoccupation est partagée par de grands acteurs qui contribuent au développement industriel national, à l'instar de MedZ. «Notre ambition est que nos zones franches soient décarbonées », souligne Mohssine Semmar, membre du Directoire de MedZ, qui, à l'instar des autres responsables qui ont pris part aux travaux de ce salon, est conscient de la nécessité d'être à jour avant l'entrée en vigueur de la taxe carbone européenne dès l'année prochaine. Pour le Maroc, cela passe également par une focalisation, au niveau de la production, sur la construction de voiture électrique. Sur ce point, le ministre Ryad Mezzour parle d'un «enjeu à ne pas oublier, à l'heure où la demande mondiale s'oriente vers la voiture électrique». Et qui dit voiture électrique, pense à la batterie électrique. Et à ce propos, pour Ryad Mezzour, «le Maroc n'a d'autres choix que celui de devenir un producteur de batterie électrique». Car, le Royaume dispose presque de tout ce qu'il faut en ressources pour être un acteur majeur dans ce domaine qui mobilise aujourd'hui l'ensemble des acteurs du secteur de l'automobile à travers le monde.
3 questions à Hakim Abdelmoumen « Le Maroc compte des acteurs qui interviennent dans les métiers de pointe »
Pour le président de l'Association marocaine pour l'industrie et la construction automobile (AMICA), le retour du Salon de l'automobile à Tanger est une occasion de faire rencontrer les big-players et les sous-traitants. Mais Hakim Abdelmoumen se félicite également que le Maroc compte des acteurs qui interviennent dans les métiers de pointe. - Comment, en tant que principaux acteurs, voyez-vous l'évolution du secteur de l'automobile au Maroc ? - Le secteur a connu une évolution considérable ces dernières années. Le Maroc est devenu un acteur qui compte dans la construction automobile. Plus que cela, nous avons aujourd'hui de belles succes-stories d'entreprises marocaines qui ont réussi dans le secteur de l'automobile et dans les métiers de pointe. Je peux vous dire que tous les ingrédients sont réunis pour aller encore plus en avant. - Quelles sont les conventions de partenariat signées à l'occasion de ce Salon ? - Nous avons signé des conventions de partenariat avec l'industrie automobile italienne, dont l'une avec le représentant de cette industrie. Les investissements italiens dans le secteur automobile sont en forte croissance. Nous avons mis en place un partenariat au niveau du savoir-faire et aux niveaux des investissements. Il y a des métiers de pointe que nous avons besoin de développer au Maroc et qui sont présents en Italie. Nous avons besoin d'un savoir-faire pour réaliser des transferts de compétences et promouvoir des investissements dans nos plateformes marocaines. - Quelles sont les particularités de ce Salon après la vague du Covid ? - Cet événement est une occasion de rencontre entre les donneurs d'ordres du secteur de l'automobile et les investisseurs qui viennent saisir les opportunités. C'est plus un Salon B to B. Cette année, ce qui fait la particularité est que ce Salon intervient à un moment où nous avons atteint un taux d'intégration de plus de 60%, c'est-à-dire que 60% des pièces de la voiture sont fabriquées au Maroc. Mais ce qui est extraordinaire est que ce sont des pièces fabriquées par des big-players, qui, toutefois, pour être compétitifs, ont besoin de développer un tissu de sous-traitants. D'où l'importance de créer les cadres pour les faire rencontrer. Recueillis par A. M.