À la veille du début de l'examen législatif du PLF 2023, les partis de la Majorité se sont réunis afin de mettre les points sur les «i». Les discussions ont traduit une convergence des vues. Détails. Mercredi à 21h, une foule de journalistes s'agglutine devant le siège du Parti de l'Istiqlal, attendant avec impatience la sortie des grandes figures du trio gouvernemental qui ont assisté à la réunion de l'instance de la majorité. Le Chef du gouvernement et président du Rassemblement National des Indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, s'est entretenu avec le SG du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, et le patron du Parti de l'Authenticité et de la Modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, en présence des présidents du groupes parlementaires et des présidents des régions. Cette réunion, devenue coutumière, s'inscrit dans le cadre du mécanisme de concertation prévu par la Charte de la Majorité. Celui-ci est d'autant nécessaire aux yeux des trois partis qui veulent que l'action gouvernementale soit la plus harmonieuse possible et qu'elle fasse l'objet d'un dialogue régulier au sein de l'alliance tripartite. Dialogue intense mais serein ! Jusqu'à présent, la majorité reste soudée. C'est en tout cas ce qui ressort des déclarations finales des leaders des trois partis qui n'ont pas affiché le moindre signe de divergence sur les grandes réformes que mène actuellement le gouvernement. Raffermir l'unité est une priorité au moment où l'Exécutif se voit attaqué par l'opposition qui voit dans la crise qui frappe le pays, sur fond d'une conjoncture mondiale terriblement inédite, un terrain fertile pour formuler les plus vives critiques. Pour sa part, l'alliance gouvernementale réplique par un PLF qu'elle juge le plus social que le Maroc ait connu depuis des années et compte sur l'appui et le poids écrasant de sa majorité parlementaire pour faire passer le texte. Convergence à la veille du dépôt d'amendements Cette réunion intervient dans un contexte particulier, marqué par la rentrée parlementaire et le début de l'examen législatif du nouveau Projet de Loi des Finances, l'un des projets les plus importants et les plus attendus de toute l'année et qui accapare la majeure partie de l'agenda législatif de la session d'octobre. Le PLF a évidemment été à l'ordre du jour. Force est de rappeler ici qu'il est important pour le trio gouvernemental que la discussion du nouveau budget de l'Etat au niveau de la commission des Finances se passe dans les meilleures conditions. Le fait que les présidents des groupes parlementaires soient présents dans la réunion est une occasion d'harmoniser les points de vue à la veille du début des discussions et du dépôt d'amendements. A l'issue des discussions qui ont pris plus de trois heures, les trois partis semblent sur la même hauteur de vue et réjouis de la teneur du texte présenté à l'attention des députés. «Le Projet de Loi des Finances que nous avons apporté est un budget social par excellence», s'est félicité, dans une déclaration à la presse, le Chef du gouvernement qui a listé une série de mesures confirmant, selon lui, l'étiquette sociale du PLF. Hausse du budget des secteurs sociaux, réforme du système de la Santé, généralisation de l'AMO et des allocations familiales, hausse de l'investissement public, valorisations salariales, le patron du RNI a rappelé avec fierté les mesures que le gouvernement a incluses dans le PLF. «Toutes ces mesures vont rassurer les citoyens et améliorer leur relation avec le gouvernement », a-t-il assuré, en se montrant détendu et souriant après la fin de la réunion. En effet, le gouvernement a augmenté le budget de l'investissement public à un niveau inédit (300 milliards de dirhams), soit 22% de plus que le montant alloué en 2022. L'Exécutif a augmenté, en parallèle, les budgets des secteurs sociaux, à savoir l'Eduction et la Santé. Le budget du département de Chakib Benmoussa, rappelons-le, a eu droit à 6,5 milliards de dirhams (MMDH) de plus qu'en 2022, pour atteindre une enveloppe budgétaire estimée à 68,95 MMDH. En effet, une hausse dédiée à financer la réforme du système éducatif et la hausse des salaires des enseignants que prépare actuellement le ministre de tutelle en concertation avec les syndicats. Pour sa part, le ministère de la Santé s'est vu octroyer 28,12 milliards de dirhams (MMDH) au titre du PLF 2023, contre 23,54 MMDH cette année, soit une hausse de l'ordre de 4,58 MMDH (+19,5%). Le département de Khalid Ait Taleb s'est mis d'accord avec les syndicats sur une future augmentation des salaires des médecins du secteur public qui ont eu droit à 3000 dirhams de plus. Programme gouvernemental : la référence Pour sa part, le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal et ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a fait part de la volonté de la majorité de rester fidèle aux engagements du programme gouvernemental. «La majorité est mobilisée pour la réalisation du programme gouvernemental, promouvoir l'investissement, faire face à la problématique du stress hydrique et protéger les citoyens des répercussions des aléas de la conjoncture internationale en vue d'améliorer leurs conditions de vie», a-t-il déclaré. Le programme gouvernemental, rappelons-le, vise à créer un million d'emplois sur cinq ans avec une croissance annuelle de 4%, ce que prévoit le PLF 2023. Or, une telle performance dépend de plusieurs facteurs, à savoir le rendement de la campagne agricole, la capacité de résilience de l'économie nationale et l'efficacité de l'investissement. En 2022, la conjoncture économique défavorable a contrarié les estimations du gouvernement qui tablait sur 3,2% de croissance alors qu'on s'attend maintenant à un taux de 1,4% dans les meilleurs des cas. M. Baraka a réaffirmé la volonté de la majorité de mener à bien les grandes réformes structurantes relatives notamment à la retraite, la santé, l'éducation, l'accès à l'eau et l'habitat, tout en garantissant une plus grande portée territoriale aux différentes politiques menées par l'Exécutif à travers une coordination accrue avec les provinces, les régions et les communes afin de mieux répercuter les résultats des efforts du gouvernement auprès des citoyens et promouvoir leur situation. De son côté, le Secrétaire Général du PAM, Abdellatif Ouahbi, a souligné dans une déclaration similaire que les leaders de la majorité ont convenu d'une prochaine réunion entre l'ensemble des parlementaires de la majorité et d'une réunion des Bureaux politiques de ses trois partis. Le leader du PAM a ajouté que la majorité a aussi convenu de l'implémentation d'une vision pour la coordination de l'action au niveau des régions et provinces du Royaume. Rappelons que le gouvernement, formé par l'alliance tripartite, est issu d'une majorité de 270 députés, dont 102 du RNI, 87 du PAM et 81 de l'Istiqlal. Ceux-ci ont signé, le 6 décembre 2021, la Charte de la Majorité, une sorte de code de bonne conduite. Depuis lors, une série de réunions ont eu lieu. (Voir repères)
Repères Accélérer la régionalisation Le trio gouvernemental entend raffermir les Conseils régionaux et les collectivités territoriales et renforcer leur rôle dans la gestion des affaires publiques et dans le développement. Cette question a été au coeur de la réunion. Nizar Baraka a souligné l'importance de la dimension territoriale de l'action gouvernementale qui, à son avis, doit être en harmonie avec le travail des Régions. «Nous travaillons davantage sur ce point de sorte à ce que les collectivités et les Conseils régionaux soient plus proches des citoyens », a-t-il poursuivi. Lutter contre les fake-news Dans sa déclaration à la presse, Nizar Baraka a affirmé que la majorité va oeuvrer à communiquer davantage sur la politique gouvernementale et les mesures que prend l'Exécutif. Un effort d'autant plus nécessaire, à ses yeux, qu'il faut lutter contre les fausses informations et les interprétations erronées. «Certes, il y a une crise actuellement dont souffre le pays et des problèmes qu'il faut régler, mais il y a une volonté ferme de la part de la majorité et du gouvernement d'en atténuer les effets sur la vie quotidienne du citoyen et d'améliorer ses conditions de vie», a-t-il fait savoir. PLF : les discussions démarrent en commission Le texte du Projet de Loi des Finances, rappelons-le, a été transmis le 20 octobre au Bureau de la première Chambre. Les discussions à la Commission des Finances et du Développement économique ont d'ores et déjà commencé. La discussion générale a fait l'objet d'une réunion tenue jeudi de 10h à 13h. Une autre réunion aura lieu ce vendredi, de 15h30 à 19h30, et sera consacrée à la discussion détaillée.