Enfoui depuis des années dans les tiroirs du ministère de l'Emploi, le dialogue social connaît un tournant inédit durant l'actuelle législature. Contrairement aux années précédentes, la conflictualité est faible et, pour le moment, une saine émulation règne entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. Si les précédents ministres ont trouvé du mal à créer un terrain favorable pour le dialogue, de sorte à déboucher sur un texte consensuel, capable de dénouer les blocages au sein de l'Hémicycle, l'actuel Exécutif a pu fédérer les esprits, comme en témoigne le satisfecit affiché des partenaires sociaux. Résultat des courses : les engagements du gouvernement, pris lors du premier round, ont été respectés, les patrons, qui jouaient la carte des « trésoreries vides » durant les deux dernières années, ont rompu avec leur immobilisme, et les syndicats ont, de leur côté, lâché du lest afin que la machine puisse tourner. Sauf qu'il est encore trop tôt pour se réjouir ! Le pays subit toujours les aléas de la conjoncture, qui ravagent davantage les bourses des ménages, particulièrement celles de la classe moyenne, suscitant ainsi l'ire de la population. C'est dire que la crise sociale frappe à nos portes et si le second round du dialogue social cherche à améliorer les conditions de vie de la classe moyenne, il faudrait aller au-delà de la révision du régime de l'IR ou encore la réforme des régimes de retraite. Car oui, le cadre légal régissant le secteur privé souffre de moult lacunes structurelles, ce qui empêche la classe laborieuse de revendiquer ses droits. Ce sont ces mêmes insuffisances qui permettent la prolifération des emplois précaires et des contrats à durée limitée (contrats courts ou intérim), fragilisant par la même l'écosystème de l'emploi au Maroc. La balle est désormais dans le camp des syndicats ! Saâd JAFRI