Alors que l'ambassadeur français est rappelé, à 69 jours de la présidentielle, l'opposition monte au créneau et attaque l'approche africaine du président Macron. « La France prend note de la décision des autorités de transition (maliennes) de mettre fin à la mission de l'ambassadeur de France au Mali. En réaction, la France a décidé de rappeler son ambassadeur », a indiqué le Quai d'Orsay. Paris exprime aussi « sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark », dont le contingent arrivé dans le cadre de l'opération internationale antidjihadiste Takuba vient d'être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako « sur la base de motifs infondés ». Le communiqué rappelle aussi la « solidarité » de Paris à l'égard de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dont le représentant au Mali a lui aussi été expulsé, ainsi que « son engagement en faveur de la stabilisation et du développement du Sahel, aux côtés de ses partenaires de la Coalition pour le Sahel ». La junte malienne qui a décidé lundi d'expulser l'ambassadeur de FranceBamako a justifié cette décision par les récentes déclarations « hostiles » de responsables français à son encontre. Cette convocation marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, ancienne puissance coloniale engagée militairement contre les djihadistes au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n'ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays, plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. Elles se sont encore envenimées en mai 2021, avec un nouveau putsch des mêmes colonels pour renforcer leur emprise. Vives réactions en France À deux mois du premier tour de la présidentielle en France, plusieurs candidats ont réagi à l'expulsion de l'ambassadeur de France au Mali. L'opposition a immédiatement fustigé la politique de la France en Afrique. « La France a perdu une influence folle en Afrique », a affirmé la candidate RN à la présidentielle Marine Le Pen sur Europe 1, en estimant qu'Emmanuel Macron avait « encore une fois, accumulé les échecs dans ce domaine » et en évoquant une « humiliation ». Selon elle, « il faut immédiatement renvoyer évidemment l'ambassadeur du Mali », « bloquer l'intégralité des avoirs des dirigeants maliens en France » ainsi que « l'aide au développement, à destination du Mali » et « l'intégralité des transferts de fonds financiers y compris individuels qui partent de France vers le Mali ». « Nous nous battons pour expulser les djihadistes du Mali, mais le Mali expulse notre ambassadeur. Nos soldats meurent pour un pays qui nous humilie ! Toute la politique africaine de la France est à repenser », a estimé son grand rival d'extrême droite Eric Zemmour. À gauche, Jean-Luc Mélenchon, depuis longtemps hostile à la présence de troupes françaises au Mali, considère qu'il « est temps pour la France de revenir au réel et de vider l'abcès avec le pouvoir malien actuel. Et que l'Assemblée nationale soit saisie et décide d'un plan d'actions».