Projet "provocateur", volonté de "judaïser le Golan"..., la presse syrienne et des médias arabes ont réagi avec virulence contre le plan israélien de construction de nouvelles colonies au Golan occupé. "L'ennemi a approuvé un plan pour doubler le nombre de colons dans le Golan occupé" a titré en Une lundi 27 décembre le quotidien syrien Al-Watan au lendemain de la décision prise dimanche par le gouvernement israélien de construire plus de 11.000 nouvelles habitations dans cette zone disputée, qui a suscité une levée de boucliers dans la presse syrienne et plusieurs médias arabes. Al-Watan a consacré un entretien avec le "doyen des (ex-) prisonniers" syriens dans les geôles israéliennes, Sidqi Al-Maqt, également habitant d'un des villages du Golan occupés par Israël et farouche opposant à une "israélisation" de ce plateau stratégique riche en eau et venteux. "Les colonies font partie des armes de l'occupation [...] mais qu'elles soient anciennes ou nouvelles, elles finiront toutes par disparaître [...] et le Golan retournera inévitablement dans le giron de la mère patrie", affirme au journal cet homme libéré par Israël en 2019 après près de trente ans de détention pour espionnage au profit de Damas. "Les habitants du Golan occupé assurent la poursuite de la lutte pour faire échouer les projets de colonisation israéliens", titrait la veille et dans cette même veine le journal Al-Baath, accusant Israël de chercher à "modifier le statut démographique, géographique et juridique" du plateau du Golan, occupé en 1967 [durant la guerre israélo-arabe] et annexé par l'Etat hébreu en 1981. Et le journal de lancer : « Le peuple du Golan, qui pendant plus d'un demi-siècle n'a pas abandonné son identité arabe syrienne, ne se rendra pas aujourd'hui et poursuivra son combat pour faire tomber ce projet colonial ». "Dangereux et provocateur" Le projet israélien approuvé dimanche lors d'une réunion du gouvernement israélien sur le plateau du Golan prévoit d'augmenter le nombre de colons à près de 50.000 d'ici 2025 à travers la construction de quelque 7300 habitations à Katzrin, la principale colonie israélienne du Golan, et l'aménagement de deux nouvelles colonies accueillant 4000 habitations. Environ 25.000 colons israéliens vivent aujourd'hui sur le plateau du Golan aux côtés de près de 23.000 Syriens de confession druze. L'annonce de ce projet, dont le coût s'élève à un milliard de shekels (environ 280 millions d'euros) a également suscité une vague de condamnations dans la presse arabe proche du régime de Damas ou de son allié l'Iran. La chaîne panarabe Al-Mayadeen l'a ainsi qualifié de "développement dangereux et provocateur" tandis que le site Rai Al-Youm a déploré un "plan sans précédent pour judaïser le Golan", imputant l'élan israélien au soutien inconditionnel de Washington sur ce dossier. En mars 2019, l'ex-président américain Donald Trump avait signé un décret reconnaissant la souveraineté d'Israël sur le territoire du Golan, à rebours de la position des Etats-Unis depuis des décennies. Mais l'Administration Biden semble pour l'instant s'inscrire dans la continuité de celle de son prédécesseur, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken ayant affirmé en février dernier que le Golan était "très important pour la sécurité d'Israël". En octobre dernier, le gouvernement Biden avait pourtant exprimé son opposition aux plans d'expansion des colonies d'Israël en Cisjordanie, affirmant qu'ils compromettent "les perspectives d'une solution à deux Etats" dans une rare critique du gouvernement israélien. 100.000 colons à long terme ? "Développement durable des colonies... un plan pour dévorer le reste des terres occupées", titrait ainsi le 17 décembre le quotidien égyptien Al-Doustour, évoquant la Cisjordanie et le Golan, tous deux dans le collimateur du gouvernement "expansionniste" de Naftali Bennett. Le journal rappelait qu'en octobre dernier, Bennett avait affirmé que "le Golan est israélien" et dévoilé un plan visant à long terme à quadrupler le nombre de colons dans cette région, à près de 100.000 personnes. Ces dernières années, Israël avait déjà multiplié les initiatives visant à intégrer la population druze dans le fonctionnement politique interne et à exploiter les ressources naturelles du plateau. En octobre 2018, et pour la première fois depuis 1981, l'Etat hébreu avait ainsi décidé d'organiser des élections municipales dans les quatre principaux villages syriens annexés (Majdal Shams, Bukata, Masada et Ein Qinya), un scrutin ayant été largement boycotté par les habitants druzes. Et un projet de construction d'éoliennes dans ces villages a été mis en place par les autorités israéliennes. Il a aussi été rejeté par la population locale. Raids israéliens contre le port de Lattaquié Des frappes aériennes israéliennes ont touché mardi le port syrien de Lattaquié, la deuxième attaque de ce type en décembre contre une installation stratégique du pays, a affirmé un média d'Etat syrien. « Vers 3 h 21, l'ennemi israélien a mené une agression aérienne avec plusieurs missiles en direction de la Méditerranée [...] ciblant le parc à conteneurs du port de Lattaquié », a avancé l'agence de presse syrienne Sana en citant une source militaire. L'attaque a causé « des dégâts matériels significatifs » et entraîné des incendies, a ajouté l'agence. Israël a mené des centaines de frappes aériennes sur le territoire syrien depuis que la guerre civile y a éclaté en 2011, ciblant des positions gouvernementales ainsi que des forces soutenues par l'Iran et des combattants du Hezbollah. Le 7 décembre, Israël a lancé des frappes contre une cargaison d'armes iraniennes dans le port de Lattaquié, situé dans le centre-ouest de la Syrie, sans faire de victimes.