La rentrée des classes se déroule pour la deuxième année consécutive dans des conditions exceptionnelles et va probablement connaître un report le temps que la vaccination intègre la tranche d'âge de 12 à 17 ans. Détails. Initialement fixée au vendredi 03 septembre selon le calendrier scolaire annoncé en début d'été par la tutelle, la rentrée scolaire est décalée d'une semaine. La rentrée aura donc lieu le 10 septembre. Cette décision a été annoncée par le ministre de l'Education nationale, M. Saaïd Amzazi, à l'issue du Conseil de gouvernement tenu le lundi 23 août : elle intervient pour garantir des conditions sûres qui prennent en compte la sécurité des élèves, selon les exigences dictées par la situation de crise sanitaire ainsi que les mesures et normes établies par les autorités compétentes. « Cette rentrée scolaire intervient dans un contexte caractérisé par la continuité de la pandémie et la difficulté de prédire la situation future. C'est ce qui justifie le report de la rentrée d'une semaine par rapport au calendrier préalablement annoncé », a déclaré M. Amzazi. En effet, la rentrée des classes se déroule pour la deuxième année consécutive dans des conditions exceptionnelles. Etat d'urgence, crise sanitaire, mesures restrictives et protocole sanitaire sont toujours d'actualité. L'augmentation du nombre des cas de contamination et la situation critique des structures de soins, ainsi que l'évolution sensible des cas sévères inquiètent de plus en plus. D'où le choix de repousser d'une semaine la date de la rentrée. L'objectif étant de minimiser au maximum les risques, en permettant au plus grand nombre d'élèves de se faire vacciner avant la reprise des cours. L'enjeu, in fine, est d'augmenter la couverture vaccinale pour accélérer l'immunité collective. Les contaminations chez les moins de 12 ans préoccupent. Selon Arnaud Fontanet, épidémiologiste de l'Institut Pasteur France, la moitié des nouvelles contaminations concernera les enfants à partir de l'automne prochain puisqu'ils ne sont pas vaccinés. « D'où l'importance de vacciner les enfants », insistent les pédiatres. « Le choix du vaccin Pfizer pour cette tranche d'âge est judicieux », selon le Dr Afif, pédiatre et membre du comité scientifique du suivi de la vaccination. « Les études cliniques menées sur ce vaccin n'ont pas démontré d'effets secondaires chez les jeunes populations à partir de 12 ans », explique-t-il, encourageant ainsi les parents à faire vacciner leurs enfants. La vaccination étendue aux 12-17 ans A l'instar de nombreux pays qui ont opté pour la vaccination massive de la population, y compris les jeunes, le Maroc a décidé, suite à une réunion du comité scientifique et technique du suivi de la pandémie, d'élargir l'accès aux vaccins aux enfants à partir de 12 ans. Destinée à la tranche d'âge de 12 à 17 ans, cette opération de vaccination devait démarrer le mardi 23 août comme cela a été annoncé par le comité scientifique et technique. « Elle a pour objectif de garantir une scolarité en mode 100 % présentiel à la rentrée scolaire », indique un document de l'Académie de l'Education de la région Rabat-Salé-Kénitra. « Toute la logistique est fin prête », précise-t-on à l'Académie de l'Education nationale de Casablanca-Settat. En effet, le planning est arrêté, le personnel affecté, les centres ciblés – tout semble prêt pour démarrer ! Des commissions présidées par les directeurs d'Académie ou les directeurs régionaux devront veiller au bon déroulement de cette opération. Les enfants devront, a priori, recevoir leurs injections dans leurs établissements respectifs ; à défaut, un centre et une date leur seront communiqués.
L'augmentation du nombre des cas de contamination et l'évolution sensible des cas sévères inquiètent de plus en plus. Les élèves candidats à la vaccination devront donc s'inscrire avec le code Massar ou le numéro de CIN pour ceux qui en disposent (en l'occurrence les 16-17). Ils devront impérativement être accompagnés d'un parent ou un tuteur pour recevoir leur injection Plusieurs centaines de milliers d'élèves sont ciblés par cette opération. Les régions de Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra comptent respectivement 592.723 et 387.637 élèves concernés par cette opération. Ces deux régions concentrent quelque 140 centres dédiés à cette opération. Le ministère table sur un chiffre de 280 à 500 élèves vaccinés par jour. En revanche, aucune précision n'est donnée pour les élèves des Missions étrangères qui ne sont pas concernés par la plateforme Massar. D'ailleurs, ces derniers ne sont pas concernés par le report annoncé par le ministre. « Ils sont libres de se plier ou pas à ce calendrier », précise une source proche du ministère. Toutefois, certaines Missions pourraient également décaler la rentrée des classes au 06 au lieu du 02 septembre. Par ailleurs, certaines écoles supérieures ont fait part de leur intention de conditionner l'accès au cours en mode présentiel par un pass vaccinal. Décriée par de nombreux étudiants qui la jugent anti-démocratique, cette décision n'est pas officiellement cautionnée par le ministère. Selon le département de M. Amzazi, les établissements ne peuvent pas avoir recours à ce genre de mesures sans l'aval des autorités compétentes. Enfin, il est à signaler que l'état d'urgence est prolongé jusqu'au 31 octobre. Face à une situation épidémique fragile, le gouvernement pourrait encore envisager de nouvelles mesures.
Leila OUAZRY L'info...Graphie 3 questions à Mme Khadija Elyamlahi « Nous avons réalisé un bond notable en termes de quantité, mais qu'en est-il de la qualité ? »
La présidente de l'Association « Forum de la famille marocaine » et membre de la coalition marocaine « L'Education pour tous », Mme Khadija Elyamlahi, a répondu à nos questions concernant la loi-cadre 51-17 relative à la vision 2015-2030. - Tout d'abord, quel est l'objectif de la loi-cadre 51-17 ? - La loi-cadre a été élaborée pour traduire les dispositions de la vision 2015-2030. L'idée étant de disposer d'un cadre législatif qui permet de tracer, à l'instar d'une feuille de route, les contours de la vision, en déterminant les fondements juridiques, les responsabilités et le rôle des divers intervenants. Il s'agit d'un cadre contractuel national contraignant qui définit une vision à long terme. - Si on devait retenir trois éléments phares de cette loi-cadre, lesquels seraient-ils ? - Cette dernière apporte un changement crucial : celui de l'approche de droit. On parle dorénavant de l'éducation comme un droit fondamental pour tous. Deuxième point, c'est l'enseignement préscolaire. Il s'agit d'une grande avancée. Toutefois, il y a énormément de choses à revoir. Nous avons réalisé un bond notable en termes de quantité mais qu'en est-il de la qualité ? L'éducation inclusive représente une avancée majeure. Cette disposition vise à lever la discrimination envers les enfants aux besoins spécifiques. 2.264.672 personnes sont en situation de handicap au Maroc, soit 6,8 % de la population. Cette catégorie a été pendant très longtemps quasi écartée du système. La création de classes intégrées, le référentiel national, au même titre que le guide de l'éducation inclusive, présagent des changements positifs. - Quels sont les défis majeurs de cette stratégie ? - La lenteur d'exécution freine l'élan des réformes. La loi cadre 51-17 prêche par un manque de clarté concernant certains volets. C'est le cas de l'enseignement privé. On parle de partenaire... Or, il faut assainir ce secteur avant de le considérer comme tel. Le privé fonctionne avec un esprit mercantile et cela est incompatible avec les principes de la vision. Le secteur de l'Education est très complexe et implique l'intervention de nombreux acteurs. Partant, ce dispositif doit fixer les agendas, définir les rôles et préciser les sanctions. De plus, l'absence des décrets d'application ralentissent les réformes. A ce titre, le ministère doit se pencher en urgence sur la loi 06-00 concernant le préscolaire et la loi 05-00 relative au secteur privé. Enfin, l'Education est un secteur productif nécessaire pour le développement socioéconomique, qui doit être érigé comme une priorité nationale.