La loi sur la légalisation du cannabis continue son périple législatif. Face aux réticences du PJD qui craint une dépénalisation, le ministre de l'Intérieur s'attache aux vertus économiques de la réforme sur les agriculteurs. Détails « Il faut aller vite, nous n'avons plus le privilège du temps », a plaidé le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftift, devant les députés, lors de la discussion générale du projet de loi N°13.21 à la Commission de l'Intérieur de la première Chambre, mercredi. Vu l'importance de la réforme pour le développement des provinces du Nord du Maroc, fort dépendantes de la culture du cannabis, le ministre de l'Intérieur a plaidé énergiquement pour l'accélération de l'adoption de la loi, au moment où la réticence du PJD est de plus en plus palpable. Face aux récriminations de quelques députés du parti de Saad Dine El Othmani qui restent clairement opposés, pour des raisons religieuses incomprises à la légalisation de la plante si sensible, Laftit a défendu ardemment le texte préparé par son département en appelant à son adoption le plus tôt possible pour attirer les investisseurs et rattraper le retard du Maroc avec les pays voisins et notamment plusieurs Etats européens. Le but est double : Valoriser la culture du cannabis et améliorer la condition des agriculteurs dont une grande partie continuent de vivre sous la menace des poursuites judiciaires. Chose impensable dans un pays riche en cette plante qui peut servir au développement de la région du Nord. En dehors du PJD, le Consensus se dessine Fruit de trois ans de travail et de consultations avec les agriculteurs et les différentes personnes concernées, le projet de loi vise à en finir avec la pénalisation de ces derniers, dont plusieurs sont poursuis par la Justice. Le Parti de l'Istiqlal avait demandé à maintes reprises une amnistie générale sur les personnes poursuivies, ce dont conviennent la plupart des députés, y compris ceux de la majorité. Sur ce point, le ministre de l'Intérieur est clair. « Il est inutile et anormal que les services de gendarmerie passent leur temps à pourchasser les agriculteurs et bruler leurs récoltes », a-t-il martelé, ajoutant que les gens des régions adhèrent à la régularisation ». Dépénaliser la consommation ? La légalisation du cannabis veut-elle dire rendre licite sa consommation pour des buts récréatifs, la discussion au sein de la commission a été une occasion pour nuancer les choses. En réponse aux affirmations du PJD, le Chef des députés istiqlaliens à la Chambre des représentants, Nouredine Modiane, a appelé à sortir des indignations à géométrie variable, dénonçant ceux qui veulent interdire le cannabis, tandis qu'ils ne répudient pas la vente de l'alcool. « Si on veut interdire le cannabis, on doit interdire également les cultures du vin », a-t-il ironisé, ajoutant que la plante du cannabis constitue une richesse pour notre pays, qu'il faut en tirer bénéfice. Outre cela, le député istiqlalien a refusé la corrélation entre la consommation du cannabis et la criminalité, expliquant que le tabac est plus dangereux sur la Santé que le Chanvre. « Le vrai combat doit être mené contre la drogue dure (cocaïne, héroïne, etc), a-t-il poursuivi. Il s'agit donc aux yeux de M. Modiane de remédier à l'échec de l'approche sécuritaire contre la culture du chanvre qui n'a fait qu'augmenter au fil des années, en dépit des entraves. « Le seul moyen de régler ce désordre est la légalisation », a-t-il souligné. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur est allé dans le même sens, rappelant que « le projet de loi n'entend pas dépénaliser la drogue, se contentant d'ouvrir de nouveaux horizons aux habitants de la région du Nord ».