Lors d'une réunion présidée par le Maroc, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a lancé une initiative pour amorcer les efforts de lutte contre les déchets plastiques. La lutte contre la pollution plastique au niveau mondial semble prendre un nouveau tournant. Lundi 29 mars, la question a été mise sur la table de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dans le cadre de sa 2ème réunion du « Dialogue informel de l'OMCS sur la pollution par les plastiques et le commerce des plastiques écologiquement durables (IDP) », axée sur les thèmes de la transparence et de la coopération internationale. Présidée par le Maroc, cette réunion à laquelle ont pris part la directrice générale de l'OMC, Dr Ngozi Okonjo-Iweala, les ambassadeurs du groupe des coauteurs (Maroc, Chine, Fidji, Barbade, Royaume-Uni, Equateur et Australie), ainsi que des représentants de la CNUCED, du Graduate Institute, et d'autres parties prenantes intéressées, se propose « de mener la réflexion sur les volets relatifs à la transparence et à la coopération internationale dans l'examen de la question de la pollution plastique, en perspective d'élaborer une déclaration pour la 12ème Conférence ministérielle de l'OMC, prévue fin de l'année en cours ».
Les espoirs des ONG
Diverses ONG et observateurs ont salué l'introduction de cette problématique au niveau de l'OMC. « Sans implication des industriels et des régulateurs du commerce au niveau international, il était difficile d'envisager un changement dans les modes de production, de commercialisation et d'utilisation des objets en plastique qui, en absence de circuits dédiés au recyclage systématique, sont devenus un véritable fléau pour la nature et surtout pour les mers et océans », explique Brahim Haddane, président de l'Association Marocaine pour la Protection de l'Environnement et du Climat (ASMAPEC). « Je pense que l'introduction de cette question au niveau de l'OMC, est une bonne nouvelle qui confirme que l'organisation a entendu les appels des ONG environnementales internationales, notamment ceux de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), qui n'ont pas cessé, depuis plusieurs années, de tirer la sonnette d'alarme concernant cette pollution dangereuse », souligne la même source.
Répertorier les bonnes pratiques
La réunion de l'OMC présidée par le Maroc visait à identifier des lacunes dans les données et les connaissances sur le commerce des plastiques et la pollution par les plastiques, ainsi que l'examen des bonnes pratiques d'autres organisations internationales et parties prenantes concernées par cette thématique. À cette occasion, l'ambassadeur représentant permanent du Royaume à Genève, Omar Zniber, a souligné « la dimension environnementale du commerce, qui occupe une place importante dans les discussions au sein de l'OMC, déclenchées notamment par l'impact négatif de la pollution par les plastiques comme l'ont montré plusieurs recherches sur la production mondiale de plastiques », précisant que chaque année, plus de 300 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées. Pour sa part, la directrice générale de l'OMC, Dr Ngozi Okonjo-Iweala, a rappelé l'urgence de relever le défi croissant de la pollution par les plastiques, un problème qui affecte les communautés, les économies, et la capacité à atteindre les objectifs de développement durable.
Quid de l'expérience marocaine ?
« La présidence par le Maroc de cette réunion procède de l'engagement constant et irréversible du Royaume en faveur de la cause environnementale », souligne un communiqué de la MAP. Cependant, les efforts nationaux pour mettre en place une économie circulaire du plastique ainsi que des mesures de lutte contre la pollution engendrée par ce matériau non-biodégradable, n'ont pas encore donné tous leurs fruits. « On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Pour l'initiative Zéro Mica, il y a certes encore beaucoup de sacs en plastique qui continuent à être illégalement produits, commercialisés et utilisés dans le secteur informel, mais de l'autre côté, les grandes surfaces ainsi que la majorité des commerces en ont définitivement banni l'usage », estime Brahim Haddane. « Pour régler ce problème, je pense qu'il faudra continuer à axer les efforts au niveau du secteur informel, et également, mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour garantir le réemploi du plastique à travers une économie circulaire adaptée », conclu le président de l'ASMAPEC.
Trois questions à Yousra Madani, directrice de WWF Maroc
« La lutte contre la pollution plastique nécessite un effort collectif de tous les acteurs »
Directrice de la représentation marocaine du World Wide Fund for Nature (WWF), Yousra Madani a répondu à nos questions sur les efforts nationaux de lutte contre le plastique.
L'Opinion: Après 5 ans de son lancement, peut-on considérer l'initiative Zéro Mica comme un succès ?
- Après les débuts prometteurs de l'initiative Zéro Mica, le Maroc semblait en bonne voie dans sa lutte contre les sacs plastiques et avait réalisé des progrès significatifs notamment dans les grandes surfaces et autres enseignes qui continuent aujourd'hui à respecter cette interdiction. Cependant, les sacs plastiques ont rapidement refait surface dans le secteur informel et sur les marchés et connaissent une nette progression depuis le début de la pandémie, et la recrudescence de l'utilisation du plastique en raison de certaines mesures sanitaires.
L'Opinion: Quels sont, selon vous, les efforts qui peuvent encore être consentis au Maroc pour une meilleure lutte contre la pollution plastique ?
- La lutte contre la pollution plastique nécessite un effort collectif de tous les acteurs de la société et la mise en place d'actions prioritaires au niveau international, en soutenant un traité juridiquement contraignant et au niveau national, en interdisant certains produits à usage unique et en engageant plus efficacement les entreprises et les citoyens dans la réduction, le réemploi et le recyclage du plastique.
L'Opinion: La ville de Tanger avait signé un accord avec le WWF pour co-construire un modèle de lutte contre la pollution plastique. Où en est ce projet ?
- Le projet a démarré officiellement le 1er janvier 2021 et œuvrera durant les 2 prochaines années à soutenir l'élaboration d'un plan de travail pour la réduction des déchets plastiques, à mettre en place des systèmes locaux de collecte, de tri et de recyclage et à mener des campagnes de sensibilisation. Les meilleures pratiques développées à Tanger contribueront à alimenter la plateforme internationale d'échange Plastic Smart Cities.