En ce jeudi 18 février, le Maroc célèbre la Journée nationale de la sécurité routière. L'occasion de dresser le bilan d'une année 2020 marquée par la pandémie du Covid et par le confinement qui ont considérablement réduit le nombre d'accidents. Interview avec le patron de la NARSA, Bennacer Boulaâjoul. - Vous avez été nommé directeur de la NARSA en 2019. Quel bilan faites-vous de votre première année en poste ? - Durant l'année écoulée, nous avons constaté que les taux de sinistralité et des accidents de la circulation ont baissé considérablement. Concrètement, la mortalité routière a baissé de 18%. Il en va de même pour les blessés graves dont le nombre a diminué de 22%. Les chiffres font état d'une régression des accidents mortels qui se sont établis à 16%. Des baisses très importantes sur lesquelles il faut capitaliser aujourd'hui. Je rappelle que l'atteinte de ces chiffres était largement impactée par les circonstances de la pandémie qui a imposé des restrictions en termes de mobilité et de déplacement au niveau national et international. En période de confinement, on a enregistré des baisses d'accidents de la circulation qui dépassent les 70 %. Aujourd'hui, le défi est de préserver ces niveaux de baisse. - Quel bilan sur les opérations de contrôle instaurées depuis le début de la crise sanitaire au Royaume, sur la sécurité routière ? - Au Royaume comme à l'étranger, les opérations de contrôle routier ont baissé. Il a été tout à fait normal que la période de confinement ait un impact direct sur la mobilité et donc sur le risque d'accidents, d'infractions et de contraventions. En termes de chiffres, le nombre d'infractions a baissé de 14% et le nombre des amendes transactionnelles forfaitaires a baissé de 19%. Le nombre de procès-verbaux dressés a quant à lui augmenté de 7%. - Le ministère de l'Equipement et du Transport, à travers la NARSA, a publié il y a quelques jours un communiqué niant l'amendement du Code de la route. Quand et comment ce code pourra-t-il être amendé ? - Effectivement il n'y a eu aucun changement sur le code de la route depuis le dernier amendement opéré en 2016. Je rappelle que la loi 52.05 telle qu'elle a été modifiée et complétée par la loi 116.14 est toujours en vigueur. Si des amendements sont jugés nécessaires, cela se fera conformément à la réglementation en vigueur. Le code de la route peut être amendé suite aux constats faits par les corps de contrôle qui, en cas de contraintes liées à certaines dispositions réglementaires, proposent des amendements. Les autres acteurs institutionnels concernés peuvent en proposer également. Ces amendements sont discutés de manière collégiale avant d'être présentés par le ministère de tutelle, via un Conseil de gouvernement et le Parlement pour être discutés par les députés de la nation. Ces amendements entrent en vigueur après leur publication au Bulletin Officiel. - Comment comptez-vous atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale de la sécurité routière 2017-2026 ? - Aujourd'hui, cette stratégie est à mi-chemin. Toutefois, les indicateurs enregistrés jusqu'à présent sont très encourageants. L'évaluation de la période écoulée nous permettra d'identifier un nouveau plan d'action pour les cinq années à venir et voir dans quelle mesure on pourra augmenter la cadence pour atteindre les objectifs de ladite stratégie.
- Qu'est-ce qui est prévu pour la reprise progressive du processus de délivrance des permis de conduire et des cartes grises électroniques ?
- Il est impératif de changer son permis de conduire et sa carte grise tous les dix ans. Ce changement doit être effectué dans les trois mois qui suivent l'achèvement de la période de dix ans. Je pense qu'on est arrivé à assurer un accompagnement de qualité pour effectuer ce changement dans les règles de l'art, malgré les difficultés et les contraintes imposées par la pandémie. Les personnes qui souhaitent se présenter à nos centres pour bénéficier de ce service n'ont qu'à prendre des rendez-vous via la plateforme "NarsaKhadamat". Une plateforme qui s'impose aujourd'hui comme un véritable levier et un outil de régulation et de gestion des flux au niveau des services territoriaux de la NARSA. Ces personnes peuvent également saisir les informations les concernant sur la plateforme et envoyer le dossier par voie postale. C'est ensuite aux agents de la NARSA de valider leurs dossiers. Les usagers peuvent suivre le traitement de leurs dossiers via cette plateforme. Dans le cadre de la politique de digitalisation et de dématérialisation des processus, nous sommes en cours de développement d'une série de services en ligne pour mieux encadrer et gérer cet aspect. - Le Maroc célèbre, le 18 février, la Journée nationale de la sécurité routière. Quelles sont les nouveautés de cette édition ? - Cette année, la Journée nationale de la sécurité routière sera célébrée sous le slogan "Pour la vie". Un slogan révélateur et fédérateur. Dans ce cadre, nous avons lancé cette année un concours national intitulé "Mon initiative pour la vie". L'objectif en est de mobiliser l'intelligence collective des Marocains et de faire appel à leur génie et à leur sens de créativité dans le domaine de la sécurité routière. Dans le cadre de ce concours, quatre axes de compétition ont été arrêtés. Le premier volet est axé sur la communication et la sensibilisation. Les personnes intéressées peuvent proposer des capsules vidéo ou des films de sensibilisation mettant en valeur leurs idées créatives. La société civile peut y participer également. Le deuxième axe arrêté concerne l'éducation routière. Le 3ème axe porte sur l'innovation et la technologie. A vrai dire, le domaine de la sécurité routière est un domaine scientifique par excellence. L'idée est de permettre aux chercheurs et aux scientifiques de présenter leurs créations et projets, qui peuvent être sous forme de systèmes embarqués, de plateformes de communication ou toute autre idée en lien avec la sécurité routière. Le dernier axe concerne l'intégration de la sécurité routière dans les milieux professionnels. A travers la bonne intégration de ce chantier dans le management des entreprises, on pourra améliorer significativement la sécurité routière de notre pays. - Une convention cadre 2021/2024 de partenariat tripartite entre vous, Casa Transport SA et RATP Dev Casablanca a été signée, mardi 16 courant. Quels en sont les détails ? - A travers cette collaboration, nous travaillons sur des projets communs. Aujourd'hui, nous capitalisons sur tous les acquis, réalisés jusqu'à présent, en matière de communication, la prévention et l'éducation routières. Cette convention porte également sur l'innovation et la recherche. C'est important dans la mesure où la NARSA et ses partenaires au niveau de Casablanca, gèrent beaucoup de données. L'idée est de faire sortir les indicateurs de performance qui concernent la sécurité routière et les accidents de la circulation. Cette convention porte également sur l'aménagement d'infrastructures, la réglementation et la création d'un observatoire de la sécurité et de l'accidentologie. - A Casablanca toujours, à quel point les nouveaux bus de la métropole participeront-ils à la diminution des accidents de la circulation ? - Il est tout à fait normal qu'un transport public, performant et sécurisé, soit attractif. Ce qui encourage les personnes ayant besoin de se déplacer à opter pour les transports collectifs. Ce qui contribue à une baisse significative des accidents de la circulation, notamment en milieu urbain. Recueillis par Safaa KSAANI Sécurité routière Des chiffres en trompe-l'œil
La sécurité routière fait l'objet de perpétuelles campagnes nationales de prévention. Il n'empêche que les routes marocaines restent dangereuses. Preuve en est le bilan meurtrier enregistré la semaine dernière : 19 morts et 1.904 blessés, dont 88 grièvement en périmètre urbain ! S'y ajoutent 10.432 procès-verbaux dressés par les agents de la circulation routière. Ce qui renseigne sur l'incidence positive de la période du confinement sur les indicateurs des accidents de la route. Durant cette période, "l'on a enregistré une baisse de plus de 70% des accidents de la circulation ! Aujourd'hui, le défi est de préserver ces niveaux de baisse", souhaite Benacer Boulaâjoul, qui a été nommé, en mai 2019, nouveau directeur de la NARSA. Pour mémoire, la NARSA a remplacé, depuis le 1er janvier 2020, le CNPAC. Un changement recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a estimé que le Maroc devrait mettre en place une agence regroupant tous les métiers de la sécurité routière. Contrairement au CNPAC, ce nouvel organe est une institution publique dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Reste à savoir si ce changement permettra de juguler la mortalité des routes marocaines. S. K. Repères Une convention tripartite pour la prévention routière L'Agence Nationale de la Sécurité Routière (NARSA), Casa Transport SA et RATP DEV Casablanca ont signé, mardi 16 février à Casablanca, une convention cadre 2021/2024 de partenariat tripartite portant sur la communication, la prévention et l'éducation routière, la création d'un observatoire de la sécurité et de l'accidentologie, l'innovation et la recherche, l'aménagement d'infrastructures et la réglementation. Dans le cadre de cette convention, une campagne de communication sera lancée afin de promouvoir, auprès des citoyens, le respect de la signalisation routière aux abords du tramway, en particulier, et du code de la route, en général. Centres de contrôle technique : Rendez-vous en ligne La NARSA a mis en place un portail électronique baptisé NarsaKhadamat, accessible via le site électronique www.khadamat. narsa.gov. ma, permettant la prise de rendez-vous à distance pour bénéficier des services des centres d'immatriculation des voitures et des centres de contrôle technique.