Le président de l'ASMEX vient commenter les mesures imposées par l'Espagne aux transporteurs marocains, qui ont suscité la colère des exportateurs nationaux. - L'Espagne a décidé d'imposer des "amendes" aux transporteurs marocains de marchandises dont le réservoir contient plus de 200 litres de gasoil, les forçant ainsi à acheter des centaines de litres de carburant chez les pétroliers espagnols. L'Espagne est-elle en droit de prendre une décision de ce genre ? - Elle a interdit aux camionneurs marocains d'avoir à bord plus que 200 litres de gasoil. Cette décision date de 1992 en Espagne, mais n'a jamais été appliquée. Je ne sais pas quelle mouche a piqué les décideurs espagnols, pour décider de l'appliquer en pleine pandémie. Les décideurs espagnols concernés devaient négocier avec leurs pairs marocains avant d'imposer cette mesure. Nous pouvons également réclamer beaucoup de choses. Ce qui est fait est fait. A mon sens, il va falloir passer aux négociations. Cependant, il n'est pas normal d'imposer des mesures, surtout lorsqu'il s'agit de relations avec d'autres pays. La moindre des choses est d'aviser et de négocier avant de décider. Ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent. - En quoi cette mesure désavantage les exportateurs marocains ? - D'abord, c'est de payer le gasoil en devise étrangère, alors que les transporteurs l'achetaient au Maroc. Bien que le prix du gasoil soit moins cher en Espagne, il y a quelque part une sortie de devise. - Si le Maroc prend des mesures de riposte, quels scénarios sont envisageables ? - L'Espagne est souveraine sur son territoire, elle peut décider ce qu'elle veut. Dans ce genre de cas, il n'y a pas lieu de se défendre. L'Espagne est le principal partenaire commercial du Maroc, on ne va pas s'amuser à badiner avec eux. On ne va pas déclarer la guerre économique pour ce genre de choses. Il va falloir que le Maroc et sa diplomatie entrent en contact avec les autorités espagnoles pour discuter et négocier, et surtout impliquer les parties concernées dans cette affaire. - Autre question, toujours d'actualité, qu'apporte le projet de loi de finance 2021 aux exportateurs ? - Rien du tout ! L'ASMEX n'a cessé d'essayer de rentrer en contact avec les ministres concernés, en l'occurrence le ministère des Finances, et celui du Commerce et de l'Industrie. D'ailleurs, ce PLF n'est pas encore voté. L'ASMEX a déjà fait des propositions dans ce sens. Je souhaite que le gouvernement nous prête l'oreille. Ce que nous demandons est dans l'intérêt du Maroc. - Quid de la bonne santé des exportations de poissons, notamment en conserve, puisque vous êtes un grand opérateur de ce secteur ? - Je pense qu'heureusement, le secteur de la consommation des poissons et de la conserve n'a pas été impacté directement par la pandémie. Maintenant, les choses sont prises en main. On va essayer de rattraper ce qui a été perdu. De toute manière, le monde entier a besoin de conserve. C'est un créneau qui peut être important pour le pays quelque part. Il l'est déjà. D'une part, le Maroc exporte pratiquement 2 milliards de dollars, tous produits de mer confondus. De l'autre, nous exportons vers 35 pays, et nous visons tous les pays du monde puisque nous représentons une puissance dans ce domaine. Recueillis par Safaa KSAANI Encadré Harcèlement des camions marocains en Espagne Le Maroc contre-attaque sur le front des semi-remorques Le Maroc a décidé de durcir le contrôle des semi-remorques espagnols en rappelant l'obligation d'avoir un contrat de coopération avec une entreprise marocaine pour le débarquement des semi-remorques au niveau du port de TangerMed. Cette mesure, présentée comme normale et tout à fait routinière par les représentants du ministère de tutelle que nous avons pu joindre, a été rappelée par une note diffusée le week-end dernier par l'autorité du port de TangerMed à l'adresse de ses usagers espagnols. Toutefois, le timing de sa diffusion interpelle à plus d'un titre. La note a ainsi été interprétée comme une sorte de mesure de réciprocité à l'encontre des contraintes récemment imposées par les autorités espagnoles aux transporteurs routiers marocains, désormais soumis à l'obligation de se ravitailler en carburant espagnol, sous menace de leur appliquer une amende de 700 euros au cas où ils rentreraient en Espagne avec une réserve de gasoil supérieure à 200 litres. La note d'information de la direction de l'importexport du Port Tanger- Med indique que les camions semiremorques isolés en charge, originaires d'Espagne, seront soumis à compter du mardi 27 octobre au contrôle exigé par le ministère de l'Equipement, du Transport et de la Logistique sur la base des contrats de coopération. En vertu de quoi, toute société espagnole ne disposant pas de contrat de coopération avec une société marocaine, verra ses semi-remorques interdits d'entrée sur le territoire national, indique la note. A. M Repères La taxe « Franchise carburant » réactivée en pleine pandémie La«franchise carburant», loi espagnole vieille de 28 ans, et nouvellement imposée par l'Espagne aux routiers marocains, a été décidée par l'Union Européenne dans un règlement visant à réguler la concurrence entre transporteurs au sein de l'espace communautaire. Elle est appliquée quand les transporteurs marocains franchissent le seuil de 200 litres de gasoil. Son montant varie entre 200 et 700 euros payables à la Guardia civil espagnole. Une tentative de soustraire des milliards de dirhams en devises La «franchise carburant» impose aux camionneurs marocains de ne pas excéder 200 litres de gasoil dans le réservoir de leur véhicule, après avoir franchi la frontière espagnole.Cette mesure vise à forcer ces camionneurs à acheter 1.300 litres de gasoil chez les pétroliers espagnols. Sur les 500 à 600 camions qui partent tous les jours en Espagne, 30 à 60 camions marocains sont contrôlés tous les jours et paient en moyenne entre 500 et 700 euros d'amende pour dépassement de la franchise carburant. Production de poissons : 204 millions de tonnes en 2030 La consommation annuelle mondiale de poisson s'élève à 20,5 kilos par personne, un niveau record qui devrait augmenter dans les dix prochaines années, ce qui montre bien le rôle essentiel de ce secteur pour l'alimentation et la sécurité nutritionnelle dans le monde. Selon un nouveau rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), le développement d'une aquaculture durable et la gestion efficace des pêches sont deux éléments fondamentaux à mettre en œuvre si l'on veut que cette tendance se poursuive. Selon le rapport, la production totale de poissons devrait atteindre 204 millions de tonnes en 2030, soit une augmentation de 15% par rapport à 2018.