Le Maroc a mis en œuvre une réponse efficace au Covid-19 grâce à une action rapide et à une forte collaboration, mais les soins de santé ont besoin de plus de ressources et d'innovation, selon Oxford Business Group. Comme déjà annoncé dans les colonnes de notre journal, le 8 octobre dernier, Oxford Business Group (OBG) a lancé, le 21 octobre, son nouveau rapport consacré à l'impact de la pandémie sur le secteur marocain de la santé. Intitulé « Morocco's Health and Medical Response to Covid-19 », ce document dresse un bilan de la réponse du gouvernement et des différents secteurs économiques au Covid-19.
Réponse rapide
Le Maroc a mis en œuvre une réponse efficace au Covid-19 grâce à une action rapide et à une forte collaboration, mais les soins de santé ont besoin de plus de ressources et d'innovation. Telles sont les principales conclusions de ce rapport qui met en évidence plusieurs points forts de la stratégie du Maroc et présente des recommandations d'amélioration. Selon le cabinet d'intelligence économique britannique, le Maroc a été l'un des premiers pays au monde à prendre des mesures audacieuses et décisives dans son combat contre la pandémie. Les décisions des autorités marocaines de fermer les frontières et d'imposer un état d'urgence sanitaire étaient des facteurs majeurs qui ont contenu la propagation, explique OBG, ajoutant que la réponse précoce a permis au pays de faire face au virus à un «rythme plus gérable» par rapport aux pays européens. Autre facteur soulevé, qui a aidé le Maroc à répondre rapidement au Covid-19, réside dans sa population relativement jeune qui signifiait qu'elle était moins susceptible de faire face aux taux de mortalité élevés observés, par exemple, dans les pays européens voisins.
Les secteurs public et privé ont bien travaillé
OBG considère aussi que les secteurs public et privé ont bien travaillé ensemble pour surmonter des obstacles sans précédent. L'industrie pharmaceutique locale a été en mesure de faire face à une demande accrue de médecine conventionnelle au début de la crise. La grande industrie pharmaceutique nationale du Maroc a permis au pays de produire 80% de tous les médicaments nécessaires, y compris les médicaments Covid-19. Le Maroc était en mesure de produire localement des équipements importants tels que des ventilateurs, des thermomètres infrarouges et, en juin, 10 millions de masques par jour. De même, les hôpitaux de campagne et les extensions d'hôpitaux ont permis au Royaume de faire face à un afflux de patients COVID-19. Les partenariats public-privé ont également aidé à intensifier les tests dans la réponse au Covid-19 du Maroc. Fin mars, lorsque le verrouillage national est entré en vigueur, le pays n'a pu effectuer que 500 tests par semaine. En juin, la capacité était passée à plus de 100 000 tests par semaine. La décision de tester les employés du secteur privé a créé un besoin d'augmenter les tests et en août, le pays avait testé 1,5 million de personnes.
Pénurie de médecins et d'infirmiers
La réponse initiale stricte du Maroc a épargné au système un afflux de patients Covid-19, mais OBG voit un point préoccupant dans la disponibilité de personnel formé. OBG considère que le Maroc souffre d'une «pénurie de ressources humaines» de 32.000 médecins et 64 000 infirmières et techniciens de santé, en dessous des niveaux recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le rapport attribue la pénurie à des salaires inférieurs au salaire des professionnels de la santé marocains et à une fuite des cerveaux de 14.000 médecins marocains travaillant à l'étranger. Le problème existait avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe, car le Maroc dépense moins en soins de santé que d'autres dans la région. Le Maroc est appelé à étendre sa couverture de soins de santé à tous les citoyens dans les années à venir, à motiver les jeunes marocains à étudier la médecine, et à combler le déficit qui est susceptible de devenir urgente.
Dépenses de santé : seulement 5,8% du BGE
Concernant les dépenses publiques, OBG fournit une autre recommandation que le Maroc est susceptible de suivre car il vise à fournir des soins de santé universels d'ici 2022. OBG a qualifié les dépenses publiques de «défi persistant» qui est essentiel pour se préparer à une «nouvelle normalité». Le Maroc consacre actuellement 5,8% de son Budget Général de l'Etat à la Santé, bien en dessous du minimum recommandé (12%) par l'OMS. Des dépenses supplémentaires via le Fonds spécial de gestion du Covid-19 et la réponse au Coronavirus ont contribué à combler cette lacune lors de l'émergence de la crise. OBG s'attend toujours à ce que « davantage de financements » soient nécessaires pour répondre aux futurs besoins de santé du pays». Pourtant, comme la pandémie a mis en évidence des lacunes dans le système, elle a également montré la détermination du pays à prendre des décisions rapides en temps de crise. La réponse rapide du pays à la crise du Covid-19 offre au Maroc «une opportunité de s'appuyer sur ces changements et de mettre en place un système solide». OBG considère que les entreprises pharmaceutiques locales ont un rôle à jouer pour renforcer les chaînes d'approvisionnement et éventuellement se développer pour produire pour le marché européen.
Innovation
Un aspect clé qui peut améliorer le système de santé au Maroc est une focalisation renouvelée sur la numérisation. Le pays compte désormais 23,7 millions d'internautes mobiles et 25,4 millions d'abonnements Internet. Au milieu des premières phases de la crise du COVID-19, ce niveau élevé de pénétration d'Internet a permis au Maroc de lancer des initiatives de santé numérique telles que la plateforme de conseil médical dochome.ma et le réseau social de santé Sante Connect. L'innovation par la recherche et le développement est susceptible de jouer un rôle clé dans l'avenir de la santé au Maroc, «ouvrant la voie à de nouvelles innovations», selon OBG. L'innovation locale a abouti au premier kit de test COVID-19 produit à 100% au Maroc. OBG considère que le développement des efforts de R&D est directement lié à la garantie que le Maroc pourra répondre à l'avenir à la demande intérieure en équipements et produits médicaux. Pour conclure, OBG estime que, pour l'avenir, l'amélioration de la recherche et du développement, ainsi que la numérisation, sont quelques-uns des domaines clés qui devraient stimuler la reprise du secteur et renforcer ses bases.