Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a qualifié, mardi, la décision de la Cour constitutionnelle annulant un amendement constitutionnel qui lève l'interdiction du port du voile dans les universités, d'acte ""contraire à la volonté nationale"", affirmant que le verdict est une ""atteinte aux pouvoirs du parlement"". ""Bloquer la volonté du Parlement par des interprétations légales idéologiques est une attitude contraire à la volonté nationale"", a-t-il souligné devant le groupe parlementaire de sa formation politique, le Parti de la justice et du développement (AKP). Les juges de l'instance judiciaire qui ont outrepassé leur fonction, n'étaient habilités qu'à se prononcer sur les questions de procédure dans l'adoption des lois par le parlement et non pas sur leur contenu, a ajouté M.Erdogan dans son discours retransmis par les chaînes de télévision, affirmant qu'""aucun pouvoir, la Cour constitutionnelle comprise, ne peut passer outre la volonté du parlement ni se mettre à la place des législateurs"". La Cour constitutionnelle s'était prononcée, jeudi dernier, contre l'amendement autorisant le port du voile dans les universités, estimant qu'il ""enfreignait les dispositions de la loi fondamentale mentionnant le caractère laïc de la République de Turquie et qui sont non-amendables"". Présenté par l'AKP du Premier ministre Erdogan, et le parti nationaliste (MHP-opposition), le projet d'amendement avait été approuvé, le 9 février dernier, par une large majorité au parlement. Selon les observateurs, l'annulation de l'amendement pourrait influer directement sur l'issue d'une autre affaire actuellement devant les juges de l'instance judiciaire et dans laquelle un procureur réclame la dissolution de la formation politique au pouvoir (AKP), accusé de menacer la laïcité et ""de vouloir transformer à terme le pays en un Etat islamique"".