Comment s'est portée l'économie marocaine durant le premier semestre de l'année ? Et quelles prévisions pour la fin 2020. Point du ministère de l'économie et des finances. Selon un document du ministère de l'économie et des finances, le monde passe par une crise exceptionnelle dont l'impact sera plus rude que celui de la crise financière de 2008. Pour le Maroc, l'économie fait face à trois chocs. Au-delà du choc externe lié à la récession mondiale, il y a le choc interne du aux mesures de précaution sanitaires qui ont entrainé l'arrêt provisoire des activités orientées vers le marché intérieur et celui en relation avec la succession de deux années de sécheresse. Décélération du taux de croissance «Outre l'impact de la sécheresse, il faut s'attendre à une année exceptionnelle où l'économie nationale va enregistrer pour la première fois une récession depuis la fin des années 90 », note le ministère de l'économie et des finances qui ajoute que « les équilibres macro-économiques vont être impactées de leur côté, surtout avec l'augmentation du déficit budgétaire et celui de la balance des paiements ». Durant le premier semestre de l'année en cours, le taux de croissance est en ralentissement à 0,1% au lieu de 2,8% à la même période de l'année dernière. L'activité de l'agriculture est en recul de 5% contre 5,9% et le PIB non agricole a atteint 0,7% au S1 2020 Vs 3,9% au S1 2019. Sur la base de ces indicateurs, le ministère des finances prévoit une décélération de la croissance de l'ordre de 5% au cours de l'année 2020. Recul des crédits bancaires Pour les crédits bancaires, on note une augmentation de 19,7 MMDH (+25%) pendant les 5 premiers mois de l'année 2020 contre 9,5MMDH en 2019 et une hausse aussi des facilités de 14,8 MMDH suite aux produits de garantie mis en place par le gouvernement notamment « Damane oxygène ». En même temps, les crédits de l'habitat sont en recul de 0,6MMDH, et ceux de consommation en chute de 1,6MMDH à cause de la crise du covid-19. Le ministère explique la hausse des crédits bancaires par l'augmentation des crédits octroyés aux entreprises privées (+18MMDH ) et aux ménages (+1,3MMDH). Parmi les problèmes relevés il y celui de la liquidité du secteur bancaire. Suite au retrait anormal des dépôts bancaires durant cette période de crise, le déficit a atteint 93,8MMDH au cours de second trimestre de l'année ce qui a poussé la banque centrale à intervenir et injecter l'équivalent de 97,4MMDH contre 72,6MMDH au premier trimestre 2019. Hausse de l'inflation L'inflation est en hausse de 1% durant les cinq premiers mois de l'année au lieu de -0,1% durant la même période de l'année d'avant. Ceci s'explique d'une part par l'augmentation des prix des produits alimentaires de 1,7% (Vs une baisse de 1,7% l'année dernière) et de ceux des produits non alimentaires de l'ordre de 0,5% contre 1%. D'ici la fin 2020, le ministère table sur un taux d'inflation de 1% contre 0,2% en 2019. Augmentation du taux de chômage Concernant l'emploi, les chiffres publiés par le ministère de l'économie révèlent que malgré la création de 77.000 emplois entre les deux premiers trimestres de l'année, le taux de chômage a augmenté de 1,4 point soit 10,5%. Côté prévisions, le ministère s'attend à une perte de l'ordre de 78.000 emplois dans le secteur agricole et de 227.000 dans les autres activités ce qui aboutira in fine à une hausse du taux de chômage à 13% au lieu de 9,2% enregistré en 2019. Aggravation du déficit commercial Autres indicateurs phares : la baisse du déficit commercial de 13% soit 13,2MMDH au premier semestre de l'année par rapport à 2019, et ce suite à la baisse des exportations de 33,4MMDH et des importations de l'ordre de 46,6MMDH. Même tendance pour les recettes de voyages et les transferts des MRE qui sont en recul net de 28,9% et 11,4% respectivement. Les IDE ne sont pas en reste. Et jusqu'à fin juin, ils sont en chute libre de 3,5MMDH (-21,2%).