A la veille d'un déconfinement prévu pour le 10 Juin prochain, la CNT se pose la question sur les moyens qui seront mis en œuvre pour accompagner les acteurs du tourisme dans la phase de relance. Mounia Kabiri Kettani « Le secteur de tourisme n'a pas de visibilité pour la reprise. Il est dans l'incertitude totale ». la sonnette d'alarme est tirée par la confédération nationale du tourisme qui a alerté depuis le début de la pandémie sur l'état de fébrilité intense auquel a été soumis le secteur du tourisme suite aux mesures contraignantes mais nécessaires, installées dans le cadre de l'urgence sanitaire et notamment la fermeture des frontières. «Tous les professionnels du tourisme ont géré de manière responsable cet état de fait, soucieux avant tout de la santé de nos collaborateurs, visiteurs et bien entendu de tous nos concitoyens », assure la CNT. Elle ajoute « à l'heure actuelle et en prévision d'une reprise que nous appelons de tous nos vœux, nous avons besoin de visibilité quant à la levée des restrictions liées à l'accessibilité de notre destination et à la mobilité à l'intérieur du royaume. Toutes les destinations touristiques concurrentes sont à pied d'œuvre pour la reprise de leur activité en communiquant d'abord sur l'ouverture de leurs frontières et la réouverture des établissements et lieux touristiques ». Absence de mesures de soutien Sur le volet mesures de soutien, les professionnels sont unanimes : le secteur du tourisme, véritable locomotive économique et sociale, doit bénéficier de mesures exceptionnelles au regard de son rôle dans l'économie nationale. « Nous avons assisté avec quelle diligence, des pays autour du bassin méditerranéen et au-delà, se sont empressés de redonner du tonus et de la vigueur à leur économie touristique, en mettant en place de véritables « plans Marshall » qui vont de l'annulation pure et simple de certaines contraintes fiscales et bancaires à l'injection de budgets conséquents pour stimuler la demande et enrichir l'offre », déclarent-ils. De l'avis du président du CRT d'Agadir, Rachid Dahmaz jusque là, pas de mesure sérieuse capable de sauver les entreprises et les emplois du secteur, n'a été adoptée. Le plan de relance présenté via la CGEM n'a pas encore été approuvé. « Hôteliers, agences de voyages, guides touristiques….tout le monde est dans l'attentisme », ajoute Dahmaz qui assure qu'il est primordial de passer à la vitesse supérieure pour définir la stratégie post covid. Il estime que le plus judicieux est de travailler sur deux fronts, le tourisme national, avec une stratégie tarifaire assez attractive, et le tourisme international avec l'appui des tours-opérateurs et des compagnies aériennes. La proactivité s'impose En référence aux statistiques actuelles de la destination, les professionnels déduisent que la levée des astreintes est imminente et qu'une communication sur ce sujet serait la bienvenue. « Nous devons impérativement informer les compagnies aériennes pour réserver leurs slots et les TO pour préparer leurs offres, sur la date prochaine de l'ouverture de nos frontières aériennes dans un premier temps, de manière à pouvoir maitriser le contrôle sanitaire au niveau des aéroports, avec test obligatoire à l'embarquement des pays émetteurs , suivi des touristes durant la totalité de leur séjour et mesures barrières tout au long du parcourt client, tout ceci avec une bonne communication tous canaux confondus », prévient la CNT qui estime que les décisions de programmations de destinations se prennent maintenant, et que si le Maroc a eu une maitrise exceptionnelle de la pandémie, il faut qu'il doit faire preuve de proactivité dans la reprise et la relance du tourisme pourvoyeur de 80MMDH de devises. Selon le président du CRT de Ouarzazate, Zoubir Bouhout, les hôteliers commencent à recevoir les annulations pour les réservations du mois de septembre faute de visibilité. Il ajoute aussi que « le tourisme au Maroc est en train de perdre un bon pourcentage de ses parts de marché suite au flou total ». Pas de protocole sanitaire Au-delà de la reprise de l'activité, on note aussi un retard au niveau de la mise en place d'un protocole sanitaire qui permettra de sécuriser les futurs clients. La Tunisie par exemple a déjà publié son guide pour le secteur. En attendant, les professionnels ont déjà mis en place leur propre protocole et instauré leurs propres moyens de précaution même si cela leur coûte très cher à l'exemple de cette chaine hôtelière qui a déboursé quelques 7,5 MDH en la matière. «c'est arsenal très lourd et un processus qui coûte excessivement cher pour les professionnels et demande aussi une politique d'éducation et de sensibilisation du consommateur» , insiste Rachid Dahmaz.