SFCG Le : 2008-05-21 Rabat - Entre l'Afghanistan et l'Amérique, situé au croisement des civilisations orientale et occidentale, se trouve un allié discret dans la lutte contre l'intolérance religieuse et l'extrémisme: le Maroc. Malgré les grands titres de journaux qui font de cette région le nouveau front de la lutte contre la terreur, les Marocains refusent de voir leur pays se transformer en base avancée de l'extrémisme antioccidental et sont bien décidés à empêcher Al-Qaeda de se constituer une base de manuvre dans ce coin du Maghreb. Ce pays a connu une montée de l'extrémisme violent depuis quelques années - des attentats contre les gares de Madrid, perpétrés par des Marocains en 2004, jusqu'aux multiples attentats suicides de Casablanca et le public reste vigilant. En février, les autorités ont réussi à démanteler un réseau international qui avait comploté pour assassiner des ministres, des officiers et des membres de la communauté juive. Les Marocains ne se contentent pas de répudier la violence pour des raisons strictement religieuses. Ils assument fièrement leur culture unique et diverse, construite sur une longue tradition de coexistence arabe, berbère, musulmane et juive. De plus, le Maroc se sent à l'aise dans ses rapports solides et historiques avec l'Occident, ayant été le premier pays à reconnaître l'indépendance des Etats-Unis en 1777. Les Américains le leur rendent bien: ils ont prouvé leur désir de promouvoir la tolérance religieuse, le développement économique et la solidarité entre les deux nations. Aujourd'hui, des citoyens de part et d'autre continuent à se consacrer activement à un dialogue constructif et collaboratif des deux côtés de l'Atlantique. Une de ces initiatives, l'American Moroccan Institute (AMI), a été lancée en 2003 pour développer les liens culturels, académiques et économiques entre les Etats-Unis et le Maroc. L'AMI va au-delà des efforts diplomatiques conventionnels en facilitant le dialogue entre universitaires, décisionnaires et société civile sur toute une gamme de sujets qui font comprendre comment le Maroc - avec ses traditions si diverses découlant des cultures africaine, amazigh, arabe et européenne - partage des valeurs et des défis communs avec l'Amérique multiculturelle. L'élimination de la violence fondée sur des motifs idéologiques n'est qu'un des buts partagés de part et d'autre: la promotion de sociétés pluralistes fondées sur la tolérance religieuse en est un autre, à mettre en opposition flagrante avec la conférence qui s'est déroulée en Iran l'an dernier sur le thème de la négation de l'Holocauste, qui a attisé les tensions entre juifs et musulmans dans le monde entier. C'est là le message qui réaffirme la solidarité maroco-américaine, à l'encontre des idéologies de la haine, et qui renouvelle l'engagement souscrit le mois dernier au nom du respect de la dignité humaine. En mars, l'AMI a aidé à la conclusion d'un partenariat entre la Bibliothèque nationale du Maroc et le Holocaust Memorial Museum (USHMM), portant sur un échange d'archives relatives à la réaction du Maroc à l'Holocauste. Cet échange marque le premier accord officiel entre l'USHMM et une institution d'un pays arabe à majorité musulmane. Outre qu'il prévoit l'accès du public aux documents historiques dans des universités et des bibliothèques de tout le Maroc, cet échange permet également d'alimenter des expositions futures de l'USHMM et promet de jeter la lumière sur le rôle positif qu'a joué le Maroc pendant la deuxième guerre mondiale. Chose qu'on ignore souvent, le roi Mohammed V a activement protégé la population juive du royaume contre les appels des nazis à la discrimination et à la déportation. Sara Bloomfield, directrice de l'USHMM, Driss Khrouz, directeur de la Bibliothèque nationale du Maroc, Thomas Riley, ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, et André Azoulay, conseiller principal du roi Mohammed V, ont tous assisté à la cérémonie de signature qui s'est déroulée le 11 mars dernier, à la Bibliothèque nationale de Rabat, André Azoulay haut fonctionnaire marocain qui a consacré des années à la promotion de la coexistence interconfessionnelle - a reconnu publiquement que, bien que juif de confession, il s'identifie profondément aux traditions musulmanes de son pays. Il a ajouté que d'ailleurs l'inverse est également vrai: à savoir que la société musulmane marocaine continuera d'intégrer son héritage juif. Dans un contexte international de relations interconfessionnelles souvent décourageant, des échanges de cette nature nous font entrer dans une culture marocaine authentique qui se réjouit dans sa diversité et, ce faisant, franchit le prétendu fossé qui sépare, le monde l'Orient et celui de l'Occident.