Confrontée aux différentes conséquences possibles de l'extension de l'épidémie du Covid-19, le CNOP attire l'attention du ministère de la Santé sur la situation de pénurie dont pourrait faire face le Maroc. Point sur l'états des lieux et quelques pistes pour ne pas tomber dans le piège. Face à l'épidémie du Corona-Virus, de nombreux pays souffrent aujourd'hui d'une réelle pénurie des médicaments sur le marché. D'autant plus que 80% des matières premières de médicaments restent produites en Asie. Il y a quelques semaines, avant l'apparition du Virus au Maroc, la crainte était liée au risque de rupture des médicaments suite à la fermeture des usines en Chine. Dans une lettre adressée aux opérateurs, le ministère de la Santé a demandé à ces derniers «de constituer un stock de sécurité pour couvrir les besoins du marché marocain en médicaments, produits finis et en matières premières pharmaceutiques nécessaires à la fabrication des médicaments». Le ministère a également demandé de lui communiquer l'état mensuel du stock de sécurité de produits finis et matières premières. Il a insisté sur les médicaments et matières premières dont le stock de sécurité est critique. Par ailleurs, le département a demandé aux laboratoires pharmaceutiques de trouver de nouveaux fournisseurs, afin de diversifier les sources d'approvisionnement en substances actives pharmaceutiques. Aujourd'hui, vu la crise actuelle, la crainte est encore plus forte. Des voix d'élèvent afin de trouver une issue urgemment. Au Maroc, « A ce stade, aucun problème d'accès ou de pénurie de médicaments n'a été signalé », nous confie une source au sein du ministère de la santé. Néanmoins, dans une lettre datant du 17 mars, et sur la base d'une enquête sur le terrain, le Conseil national de l'ordre des pharmaciens décrit une situation de manque voire de pénurie de médicaments dans plusieurs villes du Royaume en raison de l'achat massif de médicaments par les citoyens paniqués par la propagation du Covid-19. Une situation qui risque d'avoir un impact conséquent sur le stock de réserves de médicaments pour la période à venir. «Il n'est pas concevable qu'un pharmacien délivre une quantité anormalement élevée de médicaments à un patient, comme il n'est pas acceptable qu'un grossiste-répartiteur livre un pharmacien dix ou vingt fois son besoin habituel. Quant aux industriels, ils doivent adopter le même raisonnement avec leurs clients, qu'ils soient grossistes ou pharmaciens. Si ces conditions ne sont pas respectées, le stock du médicament sera anormalement réparti et on prend le risque de priver certains patients de médicaments vitaux », prévient le pharmacien Abderrahim Derraji. Pour faire face à ce problème, l'ordre des pharmaciens appelle le département de tutelle de donner ses instructions aux établissements de production et de distribution pour assurer l'approvisionnement continu des pharmacies sur tout le territoire national. Hamza Guedira, le président du conseil tire la sonnette d'alarme et appelle les officines de leur côté d'être vigilants et de livrer les médicaments en quantité raisonnable et selon les besoins réels des clients. La mise en place d'une cellule de crise semble également incontournable pour gérer les effets de cette pénurie de médicaments à travers plusieurs villes. Cette cellule sera chargée aussi suivre de près la situation épidémiologique et sanitaire du pays pour pouvoir tenir les pharmaciens informés des consignes à respecter. « Elle doit également leur donner des conseils en phase avec l'évolution de la pandémie, d'autant plus que beaucoup d'officinaux se posent des questions sur la nécessité de prévoir ou non des installations pour limiter le contact avec les patients, sur l'organisation des tours de garde et sur l'approvisionnement en médicaments. Pour ce dernier point, les trois maillons de la chaîne pharmaceutique doivent travailler de façon responsable et concertée en mettant le patient au centre de leurs préoccupations », préconise Abderrahim Derraj.