Comment gérer psychiquement cette période de confinement ? Comment faire pour ne pas sombrer dans la déprime et pour occuper ses journées ? Dr Mostapha Massid, psychothérapeute à Casablanca, répond à nos questions sur la meilleure manière de vivre cet état d'exception. Tout à fait inédite, la situation de confinement doit être gérée convenablement pour éviter d'en souffrir. Isolés, coincés entre quatre murs, angoissé avec des journées et des soirées qui semblent si longues … on est vite tenté de sombrer dans la déprime. Pourtant, c'est la dernière chose à faire en cette période demandant beaucoup de positivisme et de courage pour dépasser l'épreuve du Corona. « Qui dit confinement dit isolement. L'isolement a des effets nocifs sur le psychisme et sur l'humeur. Les contacts sociaux limités, voire absents lorsqu'on est seul chez soi, risquent d'entrainer des conséquences somatiques et psychologiques évidentes tels le repli sur soi, l'humeur dépressive, l'anxiété généralisée, les ruminations, les réactions hostiles sans oublier les différents maux qui peuvent en résulter comme les troubles du sommeil, les douleurs musculaires, la perte d'appétit, les maux de tête, les problèmes digestifs.. », nous explique Dr Massid, psychothérapeute avant de rajouter « Par ailleurs, la privation de liberté confronte directement à des sentiments d'impuissance, aux peurs et aux besoins. Être obligé de rester à domicile n'est naturel pour personne. L'être a un besoin fondamental de se sentir libre, de sortir s'il en a envie, de prendre l'air. Il est interdépendant et a besoin de maintenir des liens sociaux pour conserver un équilibre de bien-être et respecter une autorégulation, ce qui correspond à la capacité d'un système à maintenir l'équilibre de son milieu intérieur, quelles que soient les contraintes externes », analyse le thérapeute. Une épreuve de taille pour le psyché d'un individu en période de crise ; mais la bonne nouvelle c'est que l'être humain est un survivant. S'adapter est inscrit dans son ADN. « Bien heureusement la nature fait bien les choses et a doté l'être humain d'une capacité à s'adapter et à surmonter les épreuves de tout genre » nous rassure Massid. « Il est donc tout à fait possible de trouver les moyens de compenser le sentiment de privation de liberté en organisant des activités et des échanges épanouissants comme les jeux, le bricolage, la lecture, peinture etc. Il est aussi nécessaire d'entretenir à distance le contact avec sa famille, ses amis ou ses collègues pour réduire le sentiment de solitude, de déprimer et altérer son estime de soi », conseille le psy qui insiste sur l'importance d'extérioriser ses pensées et ses sentiments en les partageant avec autrui. « Parler de ses appréhensions et de ses craintes au maximum est vivement indiqué. Pour cela, les permanences téléphoniques peuvent être un bon moyen de briser la solitude. Certains psychologues proposent également des consultations à distance », explique Dr Mostapha Massid qui a annoncé jeudi 19 mars le lancement d'une belle initiative : une sorte de thérapie de groupe et de partage en ligne, en vidéo conférence, avec la participation de tous ceux désireux de s'exprimer et d'extérioriser leur ressenti en cette période de crise. « Il est fortement déconseillé de passer son temps à chercher les informations sur les réseaux sociaux car ça ne peut que générer plus d'angoisse. Il sera alors plus difficile de se raisonner seul que si l'on est entouré. Concrètement, il faut limiter l'afflux massif d'informations pour éviter les fake-news ou les informations contradictoires et privilégier les échanges téléphoniques ou appels vidéo avec son entourage » conclut le médecin. A bon entendeur.