Le Premier ministre, François Fillon, a achevé, vendredi 18 avril, au soir, une visite officielle au Maroc qui lui aura permis de récolter les derniers fruits de l'opération-séduction de Nicolas Sarkozy, notamment la vente d'une frégate multi-missions FREMM pour un montant de 470 millions d'euros. Le groupe de défense naval français DCNS a conclu la vente de cette frégate polyvalente, promesse arrachée par le président français lors de sa visite d'Etat en octobre, à l'occasion du 9e séminaire intergouvernemental franco-marocain. Un tramway pour 2010 à Rabat Ce contrat militaire a des allures de compensation pour la France à la suite de l'échec de Dassault Aviation, qui s'est vu refuser son Rafale par le royaume chérifien au profit de chasseurs-bombardiers américains F16. L'autre contrat d'importance, négocié celui-ci de longue date, concerne la réalisation du tramway de Rabat, qui devrait entrer en service à l'été 2010. Alstom a signé un contrat de 90 millions d'euros pour la vente de 22 rames Citadis et Colas, pôle routier du groupe Bouygues, se voit confier la réalisation des plateformes et des voies ferrées pour 70 millions d'euros. A l'appui de ce projet, évalué dans sa totalité à 350 millions d'euros, la France accorde un prêt de 150 millions d'euros et l'Agence française de développement (AFD) une contribution de 50 millions d'euros. TGV : un contrat de 1.8 milliard d'euros Alstom bénéficie d'un autre coup de pouce de l'Etat français pour le projet colossal de ligne ferroviaire à grande vitesse Casablanca-Tanger, un tronçon de 200 km qui devrait être opérationnel en 2014. La France offre un don de 75 millions d'euros aux autorités marocaines pour les études de faisabilité. Reste à négocier l'essentiel: la vente de 18 rames TGV duplex, un contrat évalué à 1.8 milliard d'euros. "Il s'agissait de vérifier que tous les accords, les décisions se mettaient bien en oeuvre", a déclaré François Fillon lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue marocain Abbas el Fassi. Jusqu'ici cantonné à l'Europe, Pierre & Vacances a en outre officialisé son implantation dans le Maghreb en signant un protocole d'accord avec le royaume pour l'acquisition de terrains à Marrakech, Agadir, Tanger et Casablanca. Le groupe compte ouvrir des villages-clubs locatifs à Marrakech en 2011 et à Agadir en 2012. "Nous visons 10.000 lits à l'horizon 2013 pour un investissement total de 270 millions d'euros", a déclaré à Reuters son P-DG Gérard Brémond. Un rapprochement stratégique Une série de conventions à dominante économique ont été signées entre Paris et Rabat, notamment une convention de coopération entre la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) du Maroc. "La coopération politique et économique entre la France et le Maroc est excellente. Il n'était pas besoin de la relancer mais nous avons voulu l'intensifier, l'approfondir", résumait vendredi matin François Fillon. Le rapprochement stratégique avec un pays en plein développement, qui table sur une croissance de 6,1% et multiplie les initiatives pour attirer les investisseurs étrangers, trouve aussi sa traduction dans le domaine politique. François Fillon a assuré que la France, qui présidera l'Union européenne à partir du 1er juillet, s'emploierait à "faire aboutir" au second semestre la demande du Maroc d'un "statut avancé" auprès de l'UE. L'UPM "Ce n'est pas un projet sécuritaire" "Je ne vois pas d'obstacles qui devraient rendre difficiles les choses", a dit le Premier ministre, qui a rencontré vendredi Mohammed VI en son palais d'Ifrane, dans le centre du Maroc. En retour, le royaume apporte son soutien au projet d'Union pour la Méditerranée porté avec difficulté par Nicolas Sarkozy. François Fillon a tenu à rassurer les autorités marocaines sur les intentions françaises, affirmant qu'il n'était nullement question d'imposer un contrôle drastique des flux migratoires dans le cadre de l'UPM. "Ce n'est pas un projet sécuritaire", a-t-il souligné.