Le prix Nobel 2018 de physique a été attribué mardi 2 octobre 2018 pour une moitié à l'Américain Arthur Ashkin et pour l'autre moitié au Français Gérard Mourou et à la Canadienne Donna Strickland pour leurs travaux sur les lasers et l'optique, a annoncé l'Académie royale des sciences. « Les inventions qui sont honorées cette année ont révolutionné la physique des lasers », ajoute l'Académie royale des sciences. « Les instruments de précision avancée ouvrent des champs inexplorés de la recherche et une multitude d'applications industrielles et médicales. » Donna Strickland n'est que la troisième femme à obtenir un Nobel de physique, après la Française Marie Curie en 1903 et l'Américaine d'origine allemande Maria Goeppert-Mayer en 1963. « Bien évidemment, nous devons célébrer les femmes physiciennes, parce que nous existons. Je suis honorée d'être l'une de ces femmes », a-t-elle dit. Né en 1922 à New York, Arthur Ashkin, qui reçoit la moitié du prix de 9 millions de couronnes suédoises (un peu moins d'un million d'euros) accompagnant la distinction, est récompensé « pour ses pinces optiques et leur application aux systèmes biologiques » – les pinces optiques servant à piéger des objets de petite dimension comme des molécules à l'aide d'un faisceau laser. « Ce nouvel instrument a permis à Ashkin d'accomplir un vieux rêve de la science fiction: se servir de la pression de rayonnement de la lumière pour déplacer des objets physiques », souligne l'Académie suédoise. Le chercheur a ainsi réussi en 1987, dans les laboratoires Bell, à capturer au moyen de ses pinces optiques des bactéries sans les endommager. Gérard Mourou, né en 1944 à Albertville et qui détient aussi la nationalité américaine, et Donna Strickland, née en 1959 à Guelph, Canada, reçoivent conjointement l'autre moitié du Nobel de physique « pour leur méthode de génération d'impulsions optiques », publiée en 1985. La technique d'amplification des lasers Chirped Pulse Amplification (CPA) mise au point par Gérard Mourou et Donna Strickland, qui était son étudiante, a permis de créer des impulsions ultracourtes de quelques dizaines de femto-secondes et de très haute puissance, précise l'Ecole polytechnique, dont le lauréat français est diplômé. Adaptée au médical, la technique CPA a permis des avancées nouvelles dans le domaine de la chirurgie réfractive de l'oeil et de la cataracte. Elle est utilisée chaque année pour des millions d'opérations de l'oeil. Le Nobel de physique était le deuxième prix décerné cette année. Lundi, le Nobel de médecine est allé à l'Américain James P. Allison et au Japonais Tasuku Honjo pour leurs découvertes ayant permis de faire avancer la connaissance dans le traitement du cancer. Le prix Nobel de littérature ne sera pas remis cette année en raison d'une affaire d'inconduite sexuelle impliquant l'époux d'une des membres de l'Académie suédoise. (Niklas Pollard et Simon Johnson Henri-Pierre André et Matc Angrand pour le service français)