L'arsenal, impressionnant, d'une cellule démantelée à El Jadida. Le rapport annuel du gouvernement américain sur le terrorisme dans le monde, rendu public mardi 18 septembre 2018, relève que le Maroc a réussi, l'année dernière, à arrêter 186 personnes et à démanteler près de neuf cellules terroristes. Celles-ci, rappellent les auteurs du rapport, prévoyaient de perpétrer des attaques qui ciblaient notamment des bâtiments publics et des sites touristiques. L'une des cellules démantelées prévoyait d'attaquer l'ambassade espagnole à Rabat en août 2017, tout juste après les attentats survenus en Espagne, peut-on lire dans le document américain. En plus de ces indicateurs chiffrés, le rapport analyse la stratégie globale de lutte contre le terrorisme, s'arrête sur sa multidimensionnalité, décortique ses aspects non seulement sécuritaire et judiciaire, mais aussi de prévention et de coopération régionale et internationale… Les auteurs du rapport rappellent qu'après les attentats terroristes d'août 2017 perpétrés à Barcelone, le Maroc a contribué à faire avancer l'enquête menée par les espagnoles et a promis d'élargir la coopération pour traquer les terroristes d'origine marocaine radicalisés à l'étranger. Dans ce cadre, les Américains notent que le gouvernement marocain reste préoccupé par la menace que représente le retour au Maroc de combattants terroristes qui étaient en Syrie ou en Irak et dont le nombre est estimé à environ 1.660. Une autre remarque majeure exprimée dans ce document concerne le désaccord politique entre le Maroc et l'Algérie sur la question du Sahara marocain, qui reste un «obstacle» à une coopération bilatérale et régionale contre le terrorisme en 2017. Pour rappel, le BCIJ a déjà publiquement regretté le refus de l'Algérie à coopérer avec le Maroc pour contrer le terrorisme. A travers son rapport 2017, le gouvernement américain fait donc le tour, d'une manière approfondie, de la lutte antiterroriste que mène le Maroc. Voici la traduction résumée de ses principales conclusions concernant le Royaume.
Efficacité dans la légalité internationale Le Maroc enquête « efficacement », poursuit et condamne les accusés inculpés dans le cadre de la loi contre le terrorisme, promulguée en 2003 et amendée en 2015. Cet arsenal juridique est conforme à la politique de sécurité des Nations Unies, selon la résolution du Conseil (UNSCR) 2178 (2014). Les autorités aéroportuaires marocaines ont d'excellentes capacités de détection des documents frauduleux, mais manquent de capacités de dépistage biométrique. En outre, la police, les douaniers et la gendarmerie royale mettent en place des postes de contrôle mobiles et fixes le long des routes dans les zones frontalières et aux entrées des grandes municipalités. De plus, les unités marocaines et les garde-côtes marocains surveillent et patrouillent le long des zones côtières, y compris le détroit de Gibraltar, pour interdire les trafics illicites. Il est à relever que le Maroc a participé à un large éventail de programmes parrainés par les Etats-Unis pour améliorer ses capacités d'enquête, y compris les enquêtes financières, l'analyse des renseignements et la cyber-sécurité.
Prévention et formation Le Maroc a une stratégie contre l'extrémisme violent globale qui priorise le développement économique et humain en plus de la surveillance de la sphère religieuse. Le pays a accéléré la mise en œuvre d'initiatives de formation et d'emploi pour les jeunes «vulnérables» . Pour contrer l'extrémisme religieux, le Maroc promeut son interprétation modérée de l'école Malikite-Ash'arite de l'islam sunnite. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a mis en place un programme de formation pour près de 50.000 imams au Maroc, et des centaines d'imams africains et européens. Tous étudient dans le cadre de la formation internationale des imams dispensée à Rabat. Le Royaume a élargi la capacité d'accueil des centres dédiés à ces formations à 1.800 étudiants en 2017. A Fès, le Maroc accueille l'Institut de formation des imams et des oulémas africains. Cet établissement réunit des érudits religieux de plus de 30 pays africains pour promouvoir l'érudition et la lutte contre l'idéologie terroriste. Multidimensionnalité Le Maroc criminalise le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme conformément aux normes internationales. Jusqu'en novembre 2017, l'Unité de traitement du renseignement financier (UTRF) a reçu 350 déclarations de transactions suspectes. Cette entité a signé des protocoles d'accord afin de faciliter l'échange d'informations avec les cellules de renseignement financier (CRF) régionales. Elle se penche sur la mise à jour de la législation afin de mettre en œuvre le régime de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies contre Daech et à Al-Qaida. L'UTRF prépare une évaluation nationale des risques pour améliorer l'efficience des mesures prises contre le financement du terrorisme. Coopération internationale et régionale Le Maroc participe à la Coalition mondiale pour vaincre Daech et est membre fondateur du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (The Global Counterterrorism Forum – GCTF) qu'il co-préside actuellement avec la Hollande. Par ailleurs, les Etats-Unis et le Maroc co-dirigent l'Initiative de lutte contre le terrorisme local, en partenariat avec l'Institut international pour la justice et la primauté du droit (IIJ). Le pays est également membre de l'Initiative mondiale contre le terrorisme nucléaire et la sécurité de la prolifération Initiative. En décembre, le Maroc a coparrainé la résolution 2396 du Conseil de sécurité des Nations Unies concernant le retour et la relocalisation des combattants terroristes étrangers. Le Maroc, allié majeur de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, forme des responsables de la sécurité, des forces armées et des forces de l'ordre en Afrique subsaharienne et participe activement à l'initiative de défense «5 + 5» pour résoudre les problèmes de sécurité en Méditerranée. Le Maroc accueille l'exercice multilatéral annuel de l'«African Lion» et participe à des activités multilatérales d'exercices régionaux de formation, tels que «Phoenix Express et Obangame Express» et les opérations spéciales «Flintlock». Le Maroc est membre actif du partenariat contre le terrorisme transsaharien.