Dans son discours adressé à la Nation, hier (lundi 20 août 2018), à l'occasion du 65eanniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le Roi Mohammed VI a donné au gouvernement et aux acteurs concernés par les questions de la jeunesse six orientations stratégiques devant être mises au cœur du nouveau modèle de développement du pays. La plupart de ces orientations visent l'adéquation de l'enseignement et la formation avec les besoins du monde du travail, la création d'emploi et l'encouragement de l'entrepreneuriat des jeunes. Présentés sous forme de six objectifs à atteindre, les orientations royales sont le fondement de mesures concrètes qui doivent être prises d'urgence. Le premier objectif fixé est d'entreprendre une refonte globale des mécanismes et des programmes d'appui public à l'emploi des jeunes, pour les rendre plus efficaces et adaptés aux attentes des jeunes. «Ce travail de remaniement doit se faire selon le modèle que j'ai préconisé dans le Discours du Trône, à propos des programmes de protection sociale», a précisé le Souverain. Et d'ajouter : «Dans cette perspective, nous avons décidé que soit organisée, avant la fin de l'année, une rencontre nationale sur l'emploi et la formation. Ses objectifs consisteront à formuler des résolutions pratiques et des solutions nouvelles, à lancer des initiatives et à mettre au point une feuille de route rigoureusement définie pour la promotion de l'emploi.» Deuxième objectif : donner la priorité aux spécialités qui permettent de trouver un emploi et instaurer un système efficace d'orientation précoce au niveau de la deuxième ou de la troisième année précédant le baccalauréat. Son rôle, a expliqué le Roi Mohammed VI, est d'aider les élèves, en fonction de leurs aptitudes et de leurs inclinations, à faire l'un ou l'autre des deux choix : s'engager dans une filière universitaire ou une formation professionnelle. Le Souverain a appelé à la mise en place, en parallèle, d'une Convention-cadre entre le gouvernement et le secteur privé, pour imprimer une impulsion vigoureuse à l'opération de requalification des étudiants qui quittent les études sans diplôme. «Ils pourront ainsi jouir de nouvelles opportunités pour faciliter leur insertion socio-professionnelle.» Troisième objectif : revoir en profondeur les spécialités de la Formation professionnelle pour qu'elles répondent aux besoins des entreprises et du secteur public, et qu'elles soient en phase avec les transformations que connaissent les secteurs industriel et professionnel. C'est ce qui permettra aux lauréats, selon le Souverain, d'avoir plus de chance de s'intégrer professionnellement.«Par conséquent, il convient d'accorder une plus grande attention à la formation professionnelle, tous niveaux confondus. Il importe aussi de mettre en place une nouvelle génération de centres de formation et de qualification des jeunes, qui seront propres à répondre aux exigences actuelles et à prendre en considération les spécificités et les besoins de chaque région.» Le Roi Mohammed VI a annoncé, à ce sujet, que le Fonds Hassan II pour le Développement économique et social contribuera à la construction et à l'équipement de nouveaux centres de formation professionnelle pour répondre aux nouveaux besoins. Le quatrième objectif tracé est de mettre en place des mécanismes pratiques pour améliorer qualitativement les dispositifs incitant les jeunes à créer de petites et moyennes entreprises dans leurs domaines de spécialité et pour appuyer les initiatives d'auto-emploi et de création d'entreprises sociales. «En outre, ajoute le Souverain, les administrations publiques, et les collectivités territoriales en particulier, doivent acquitter leur dû aux entreprises. Car tout retard de paiement peut entraîner des cas de faillite et, corrélativement, de nombreuses pertes d'emplois.» Cinquième objectif : instaurer de nouveaux mécanismes permettant d'intégrer une partie du secteur informel dans le secteur formel, en assurant au potentiel humain que recèle le premier une formation adaptée et incitative et une couverture sociale et en appuyant ses projets d'auto-emploi ou de création d'entreprise. Le sixième et le dernier objectif est de mettre en place, au niveau de chaque établissement, un programme obligatoire étalé sur une période de trois à six mois, visant la mise à niveau des étudiants et des stagiaires en langues étrangères; favoriser une intégration linguistique accrue à tous les niveaux d'études, plus particulièrement dans l'enseignement des matières scientifiques et techniques.«Les questions de la jeunesse ne se limitent pas au seul domaine de la formation et de l'emploi ; elles recouvrent également d'autres champs conceptuels comme l'ouverture d'esprit, l'épanouissement intellectuel et le bien-être physique», a affirmé le Roi Mohammed VI. Si elles sont traduites en mesures concrètes, et en toute urgence comme l'exige le Souverain, ces orientations donneront des résultats concrets qui redonneront espoir et confiance aux jeunes. Elles constituent aussi les grandes lignes de la solution pouvant d'une part endiguer la fuite des cerveaux dont pâtit actuellement le Maroc et de l'autre doter le pays des compétences dont il a besoin pour continuer sa marche vers de meilleurs lendemains.