Ce que tout le monde redoutait a fini par se produire : l'activité touristique au Maroc connaîtra, cet été, des moments difficiles. Apparemment, ni les sursauts de dernière minute consistant pour les opérateurs nationaux à improviser des stratégies de contre-attaque, ni les comportements volatils de la clientèle sur les marchés émetteurs ne semblent infléchir la tendance. La crise - parce qu'il faut bien l'appeler par son nom - est bel et bien là et l'on va devoir se résoudre à engranger l'une des plus mauvaises années touristiques de la dernière décennie ! Ce ne sont pas tant les raisons de cette situation qui sont préoccupantes, mais les effets auxquels son développement a donné lieu. Tout le monde sait que le printemps arabe est passé par là et que l'attentat de l'Argana, à Marrakech, a achevé de plomber la saison touristique, mais ce que l'on ne rappelle pas assez est que de tels scénarios doivent, en principe, être intégrés comme paramètre ordinaire dans toutes les feuilles de route que l'on déploie lors des campagnes préparatoires, et ce au long de toute la filière : hôteliers, gérants de maisons d'hôtes, restaurateurs, compagnies aériennes, transporteurs terrestres, organisateurs d'événementiels, prestataires de services, etc. De sorte que des «plans B», des orientations de rechange soient possibles à activer en cas de retournements de situation. Repenser les stratégies Pas besoin d'être fin stratège pour en comprendre l'importance en ces temps de volatilité des marchés. Et nul besoin, non plus, de rappeler que les meilleurs moyens de se prémunir, du moins d'anticiper les effets et d'amortir l'impact de telles crises, sont connus : ratissage marketing sur les marchés émetteurs non conventionnels, promotion plus conséquente sur les marchés classiques, diversification des offres au plan domestique, assainissement des circuits de commercialisation, relèvement du niveau de la qualité du service et de l'accueil, investissement dans les formules à thème comme l'écotourisme, la montagne, le culturel, le spirituel, le sportif et le durable… Il ne s'agit pas de réinventer la roue puisqu'elle existe déjà, mais plutôt de lubrifier intelligemment le rouage pour que ça tourne mieux ! En clair, réviser en termes plus réalistes la mise en œuvre des composantes de la Vision 2020 et faire preuve de plus d'audace et d'imagination dans les campagnes de promotion du produit Maroc à l'international. Surtout, trouver le bon «mix», comme disent les spécialistes du marketing, pour vendre la destination auprès des tour-opérateurs. L'un de ces derniers, le CETO en l'occurrence (voir encadré), une association française regroupant les plus importants TO, vient de livrer les derniers chiffres de sa campagne sur le Maroc et ils ne sont pas très encourageants puisqu'ils montrent un repli global de 38% pour juillet-août. Conclusion: les carottes sont cuites pour cet été. Mais 2012, c'est demain et il s'agit donc d'y penser aujourd'hui même…!