83mères célibataires accouchent de 153 enfants par jour qu'elles abandonnent directement après la naissance. Ce sont les résultats de la première étude nationale au sujet des mères célibataires au Maroc réalisée d'avril à décembre 2010. En partenariat avec le Cabinet Amers et avec l'appui du Fonds des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), l'INSAF, qui soutient les femmes et les enfants en détresse, a axé son enquête sur les naissances d'enfants de mères célibataires déclarées en 2009. Il en est résulté que 60% de ces mamans sont âgées de moins de 26 ans et 15% ne dépassent pas 20 ans. Les chiffres de la honte En 2009, 27.000 mères célibataires ont donné naissance à 45.000 enfants. Une moyenne de 6 enfants par heure. Pour Nadia Cherkaoui, psychologue et directrice du projet, qui a présenté l'étude nationale le 30 avril 2011 lors d'une journée de réflexion à Casablanca, le nombre de mères célibataires ne fait qu'augmenter malgré tous les moyens de sensibilisation et d'accompagnement. 2007 compte 25.980 mères célibataires contre 26.589 en 2008 et 27.200 en 2009. «On n'a pas d'éducation sexuelle au sein des familles et des écoles marocaines. C'est un facteur déterminant ajouté à la pauvreté et à l'analphabétisme», explique la psychologue. Cette catégorie de femmes a souvent un niveau scolaire très bas qui ne dépasse pas le primaire. Elles travaillent souvent comme domestiques ou ouvrières. L'étude révèle que les saisonnières représentent 56% de la population des mères célibataires recensées, contre 29% sans profession. Sur un autre volet, Nadia Cherkaoui explique que la condamnation des rapports sexuels par la société et par la religion fait également que le nombre des mères célibataires augmente de façon excessive. «Même lorsque la jeune fille est fiancée, elle trouve «hchouma» d'utiliser des moyens de contraception lorsqu'elle entretient des rapports sexuels avec son partenaire», précise-t-elle. Pourtant, 93% des femmes concernées connaissent au moins une méthode de contraception. La psychologue a également insisté sur le rôle des associations pour la sensibilisation de cette catégorie de femmes. Selon l'étude, 35% des mères célibataires qui n'ont aucun lien avec les associations refont la même erreur en retombant enceintes. 14% ont accouché une deuxième fois. 10% pour une troisième et 11% ont donné naissance à plus de quatre enfants. 17% des mères célibataires qui gardent leur enfant sont accompagnées par le secteur associatif à travers des programmes de renforcement. 82,5% des enfants nés hors mariage vivent auprès de leur mère, le tiers grâce à des associations. En revanche, 8760 enfants ont été abandonnés en 2009, 24 enfants par jour en moyenne. «L'avortement n'a jamais été une solution» Pour Nadia Cherkaoui, il est temps de mettre fin aux préjugés sur ces femmes rejetées par la société et considérées comme de simples prostituées qui ont raté leur vie. L'étude révèle que ces jeunes femmes sont chassées de leurs familles et sont rejetées par la société dès l'annonce de leur grossesse. Elles sont même discriminées en matière de soins en raison de leur statut de mère célibataire. Pour Houda El Bourahi, directrice de l'INSAF, l'avortement n'a jamais été une solution pour faire face à cette problématique. L'association prend même en charge les futures mamans à partir du septième mois de grossesse. Du côté juridique, il y a également du pain sur la planche. La mère célibataire est incriminée par l'article 490 du code pénal pour relation sexuelle en dehors du mariage. En cas de naissance d'enfant illégitime, la mère célibataire n'a toujours pas le droit de donner son nom à son enfant. Le droit de la famille ne reconnait pas non plus la filiation paternelle. D'ailleurs, l'INSAF prévoit plusieurs actions parmi lesquelles figurent des campagnes de sensibilisation au profit des acteurs associatifs, institutionnels et de l'opinion publique.