La montée de l'antisémitisme est sur toutes les lèvres en Europe. Or, il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau. à la fin du 19e siècle, l'Europe de l'Est a connu des pogroms monstrueux, surtout en Pologne et en Ukraine. En France, l'affaire Dreyfus, immortalisée par le « J'accuse » de Zola, a divisé la société française, révélant l'existence d'un antisémitisme tenace. Dans les années 30, en même temps que la montée du nazisme, l'extrême droite française, et même européenne, exhibait son antisémitisme. La shoah, le génocide qui reste impensable, même aujourd'hui, a été le point culminant de cette horreur. En France, le régime de Vichy s'est rendu complice de l'indicible, en livrant les juifs français, ce que le Maroc, pourtant sous protectorat, a refusé de faire. Après la seconde guerre mondiale, l'antisémitisme n'a pas disparu, mais s'est terré, les mouvements d'extrême droite ayant été marginalisés par la défaite du troisième Reich. Ce n'est que dans les années 80 que l'antisémitisme, sous la couverture « intellectuelle » des négationnistes, refera surface dans l'espace public. Aujourd'hui, l'antisémitisme prend un caractère violent et est lié à l'islamisme radical, bien que ce mouvement n'ait pas le monopole de la haine du juif. La confessionnalisation du conflit du Proche-Orient, entre Israël et les Palestiniens y est pour beaucoup. Le leurre serait cependant de tout mettre sur le compte de ce conflit. La haine du juif se trouve dans plusieurs étapes de l'histoire. D'abord, pour des raisons religieuses, les autres monothéistes accusant les juifs d'être déicides pour les chrétiens, d'avoir rompu le serment fait à Dieu pour les musulmans, alors qu'il les avait désignés comme peuple élu. En sourdine, même quand les Israélites étaient intégrés, demeuraient des images du juif errant, comploteur, immortalisées par « les protocoles de Sion ». Faux grossier, qui continue à alimenter les fantasmes un siècle plus tard. Aujourd'hui, l'antisémitisme n'est plus souterrain. Il est affiché par des courants de pensée qui font l'actualité. Il est surtout matérialisé par des actes violents de plus en plus nombreux et fréquents. En conséquence, des appels à l'Alya, au retour en Israël, censée être la terre biblique, se font entendre. L'angoisse des juifs, citoyens européens, surtout français, est légitime. Les assurances des gouvernements sur leur sécurité ne suffisent pas à les rassurer, devant les menaces qui se multiplient. Sans tomber dans les amalgames, en rappelant que l'antisémitisme est partagé par tous les fascismes, il faut agir. Les démocrates ont ramolli face aux idées, leur offrant même des tribunes puissantes. Il n'est plus rare de voir, sur un écran télé, un fasciste comme le pseudo philosophe Sorel, éructer des insanités antisémites. L'improbable comique Dieudonné donne toujours ses spectacles, pourtant condamnés par la justice pour incitation à la haine raciale. Le salut nazi est fréquent dans les gradins des stades de football. Les démocrates doivent se doter de législations à même d'éradiquer le phénomène, parce que le racisme, tout racisme, est un délit et non pas une opinion et que l'antisémitisme a déjà produit ce qui restera à jamais comme le sceau d'indignité de l'humanité. Ce que nous vivons montre que le ventre de la bête immonde est encore fécond. à nous de réagir en conséquence.