Dans une opération surprise, les autorités compétentes ont procédé jeudi à la saisie d'un entrepôt appartenant à la société « Five Star » dans le quartier de Bernoussi à Casablanca. Une importante quantité de produits alimentaires périmés a été découverte, avec des preuves de falsification des dates de péremption. S'inscrivant dans le cadre du renforcement du contrôle sur la qualité et la sécurité des produits alimentaires, cette intervention a dévoilé une fraude à grande échelle. Des produits alimentaires périmés dont la date de péremption a été falsifiée ont été immédiatement saisis et une enquête ouverte pour déterminer les responsabilités et le circuit de distribution de ces marchandises frauduleuses. Une opération qui intervient en plein ramadan, un mois où la consommation de produits alimentaires est en forte hausse. Interrogé à propos de cette affaire, Ali Chattour, président de l'Association marocaine de Défense des Droits des Consommateurs, tire la sonnette d'alarme : « Nous sommes face à l'une des fraudes les plus dangereuses menaçant directement la santé et la sécurité du consommateur marocain. Ce dernier est déjà confronté à la spéculation sur les prix dans les marchés, mais aussi à des pratiques frauduleuses mettant en péril sa santé, dans le seul but de réaliser des profits rapides », déplore l'activiste. Renforcer les contrôles Une activité illégale qui crée « la confusion et suscite l'inquiétude des consommateurs marocains, car touchant une large partie de la population : enfants, femmes, personnes âgées et même les animaux qui ne sont pas épargnés non plus par ces pratiques frauduleuses », revient à la charge Ali Chattour. Mais comment ces produits périmés parviennent-ils à accéder au marché malgré la surveillance ? Sont-ils introduits par des voies détournées, échappant ainsi au contrôle des autorités ? « La réponse revient aux autorités compétentes, une fois qu'elles auront terminé leurs investigations en cours. Ceci dit il est impératif de renforcer et de durcir les mécanismes de contrôle par les autorités compétentes afin de mettre fin à ces pratiques immorales » répond Chattour à L'Observateur du Maroc et d'Afrique. Selon ce dernier, le principe de tolérance zéro doit être appliqué dans ce type d'affaire en infligeant les sanctions les plus sévères aux fraudeurs. Responsabilité partagée Mais au-delà de l'application de la loi à titre posthume, le président de l'Association marocaine de défense des droits indique une piste de prévention axée sur la traçabilité des produits alimentaires périmés. « Les entreprises productrices sont également tenues de retirer de la circulation tous leurs produits périmés, puisqu'elles sont les seules à connaître leur circuit de distribution. C'est la seule manière d'éviter que des individus sans scrupules ne falsifient leurs dates de péremption », explique Chattour. Ce dernier soulève un autre problème lié au pouvoir d'achat largement éprouvé des consommateurs marocains. « Une grande partie de ces produits frelatés est écoulée dans les marchés informels non contrôlés, à des prix dérisoires, attirant ainsi les consommateurs à la recherche de produits à bas coût, dans un contexte de hausse des prix généralisée », ajoute l'activiste qui déplore un manque de culture de consommation chez un bon nombre de citoyens ignorant les règles et les lois relatives à la protection des consommateurs. « Au final, le consommateur reste la victime principale de ce type de fraude mais il a cependant sa part de responsabilité dans la protection de sa santé et de celle de ses enfants. Il doit faire preuve de vigilance et de prudence, éviter d'acheter auprès de vendeurs suspects, privilégier les commerces surveillés et agréés, vérifier attentivement la date de péremption des produits, et signaler immédiatement toute anomalie constatée », conseille le président de l'Association marocaine de défense des droits des consommateurs. Selon ce dernier, la lutte contre la fraude alimentaire ne peut réussir sans une vigilance accrue, sanctions exemplaires et une prise de conscience collective des consommateurs. A bon entendeur !