« Avec l'indépendance, nous avons gagné une certaine souveraineté politique. Cependant, le défi actuel réside dans l'acquisition d'une souveraineté économique », a expliqué à l'Observateur du Maroc et d'Afrique, le premier ministre de Sao Tomé-et-Principe, Patrice Trovoada en marge de la 16ème édition du forum MEDays tenu à Tanger. Il a ajouté : « Nous devons impérativement nous tourner vers nous-mêmes et libérer tout le potentiel dont nous disposons. Trop souvent, nous demeurons dépendants, dans l'attente de solutions venues de l'extérieur, alors que nous détenons des richesses inestimables : des ressources minérales en abondance, des ressources halieutiques considérables, et surtout, un capital humain exceptionnel ». L'Afrique à un tournant historique Le Premier ministre a mis en avant le rôle stratégique de l'Afrique dans l'avenir de la planète. Pour lui, fort de sa résilience et de sa diversité, le continent ne peut plus se contenter d'être spectateur des dynamiques mondiales. « L'avenir de notre continent repose entre nos mains. L'Afrique éclaire aujourd'hui le chemin de l'humanité », a-t-il affirmé, appelant à transformer les défis actuels en opportunités inédites. Patrice Trovoada a également évoqué la nécessité de réduire la dépendance au dollar américain, qui fragilise les économies africaines. Il a plaidé en faveur de mécanismes financiers alternatifs, comme les monnaies numériques régionales et des accords commerciaux bilatéraux, afin de renforcer l'autonomie économique de l'Afrique face aux déséquilibres mondiaux. Pour une véritable renaissance économique Selon le Premier ministre, l'Afrique possède tous les atouts pour transformer ses obstacles en opportunités. Cette transformation, selon lui, doit reposer sur trois piliers fondamentaux. Le premier, l'intégration régionale, s'incarne dans la mise en œuvre de la ZLECAf, qu'il considère comme un fondement majeur de la vision économique du continent. « L'accord de libre-échange continental africain doit être pleinement exploité pour stimuler le commerce intra-africain, créer des emplois et renforcer l'autonomie économique du continent. La ZLECAf représente une opportunité historique pour bâtir une économie africaine résiliente et intégrée », a-t-il insisté. Le deuxième pilier concerne l'exploitation stratégique et durable des ressources naturelles du continent. Le cobalt, le lithium et les terres rares, essentiels à la transition énergétique mondiale, doivent être gérés de manière responsable. Une telle gestion permettrait à l'Afrique de se positionner comme un acteur clé de l'économie mondiale tout en soutenant des modèles économiques novateurs capables de protéger l'environnement. Enfin, la numérisation est perçue comme un levier essentiel pour surmonter les déficits structurels du continent. Le Premier ministre a relevé que l'Afrique doit investir massivement dans la formation des jeunes et encourager le développement de leur esprit critique. La transformation numérique, selon lui, ouvre des opportunités dans des secteurs cruciaux tels que l'éducation, la gouvernance et la souveraineté monétaire. Rappelant que la population africaine représentera un quart de la population mondiale dans les 15 prochaines années, il a insisté sur l'urgence d'adapter le continent à ces nouveaux défis pour construire un avenir prospère. Patrice Trovoada reste convaincu que l'Afrique, aujourd'hui, doit aller au-delà de la simple survie et viser la prospérité.