Les dernières années ont été marquées par une augmentation notable de la fréquence et de la gravité de diverses crises. Des réponses urgentes s'imposent. Quelle architecture financière adaptée aux défis mondiaux ? la question a été débattue lors d'une plénière en marge de la 12ème édition des « Atlantic Dialogues » organisés par le Policy Center for the New South. Les appels répétés de la communauté internationale en faveur de réformes substantielles de l'architecture financière mondiale, notamment des banques de développement multilatérales (BMD), sont indéniables. Bien que leur rôle dans le financement du développement et la gestion des crises soit reconnu, les experts estiment qu'il est impératif d'améliorer leur approche et leur impact. Selon eux, cette adaptation est cruciale pour relever efficacement les défis mondiaux contemporains, faire face à des crises multidimensionnelles, rétablir la viabilité de la dette et progresser vers la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Nécessité d'adaptation Masood Ahmed président du Center for Global Development (CGD), insiste sur la nécessité d'une transformation radicale des institutions financières internationales. Selon lui, « il est impératif de remodeler ces institutions de manière à ce qu'elles soient capables de relever les défis mondiaux de manière efficace. Pour y parvenir, le changement doit être radical." Il a toutefois reconnu la complexité d'une telle transformation, qui doit s'opérer tout en permettant à ces institutions de continuer à soutenir les pays en développement. Mais le défi, reste l'adaptabilité des grandes institutions telles que le FMI et la Banque mondiale pour assumer un nouveau rôle sans compromettre leurs objectifs initiaux. De son côté l'ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a souligné que de nombreuses décisions ont été prises pour rendre les institutions financières plus adaptées à la réalité mondiale, mais il a déplore par ailleurs, que ces décisions n'aient jamais été mises en œuvre. On peut faire mieux Selon l'économiste, ces institutions ont la capacité d'améliorer leur performance, en particulier en ce qui concerne la transition climatique. Il soutient l'idée que, face à une crise majeure, les ressources monétaires, plutôt que budgétaires ou fiscales, sont cruciales et ajoute que les institutions financières peuvent particulièrement progresser dans la mobilisation de ressources monétaires. En plaidant en faveur de l'œuvre de l'institution de Bretton Woods, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ferid Belhaj, a mis en avant les efforts déployés par l'organisation. Selon lui, l'institution a subi au fil des années une évolution significative, faisant face avec habileté aux défis émergents et assurant sa pertinence continue à l'époque actuelle tout en reconnaissant l'impact significatif du changement climatique, nécessitant une réflexion approfondie et des financements actuellement insuffisants. Toutefois, F.Belhaj qui insiste sur la nécessité de réformes, reste convaincu qu'il faudra surtout préserver la valeur de l'institution. Le dialogue s'est penché sur le débat en cours entre évolution et révolution, reconnaissant l'influence de la politique et de la géopolitique sur les réformes. Les points clés à retenir restent le défi d'équilibrer la résistance politique avec les réformes nécessaires et l'urgence de s'attaquer à l'ampleur du financement du changement climatique.