Dans le cadre de la visite de travail et de fraternité que le Roi Mohammed VI effectue aux Emirats Arabes Unis à l'invitation du Chef de l'Etat, Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, le Souverain et le Président émirati ont présidé une cérémonie d'échange de plusieurs mémorandums d'entente entre les deux pays. Ces accords portent sur l'extension du train à grande vitesse vers Marrakech d'ici 2029, avec un financement novateur public-privé, l'investissement et le financement de la construction de barrages, stations de dessalement et interconnexion des bassins hydrauliques dans le secteur de l'eau, la reconstruction post-sismique d'Al Haouz, et la mise en place d'infrastructures médicales, sociales, éducatives et universitaires. Les mémorandums signés concernent également la coopération et l'investissement dans des projets énergétiques impliquant agences gouvernementales, autorités locales, et secteurs public et privé. Ils visent à établir un partenariat agricole et maritime pour coopérer économiquement et investir au Maroc, faciliter l'échange d'expériences et d'expertises, investir dans les aéroports au Maroc et les ports, notamment à Dakhla Atlantique et Nador West Med. Les accords englobent également un partenariat financier et technique des Emirats arabes unis pour le projet de gazoduc Maroc-Nigéria, un partenariat élargi entre les secteurs public et privé pour renforcer et dynamiser les marchés financiers et des capitaux dans les deux pays, ainsi qu'un accord économique et d'investissement dans le tourisme et l'immobilier au Maroc, incluant le projet Marchica Med avec le développement des investissements dans les centres de données au Maroc, avec une phase initiale de 100 mégawatts et une capacité finale visée de 500 mégawatts, incluant des mesures incitatives. Un partenariat win-win L'économiste Rachid Sari met l'accent sur les liens historiques entre le Maroc et les Emirats arabes unis qui se manifestent à travers d'importants investissements, positionnant les EAU comme le deuxième plus grand investisseur au Maroc avec près de 137 milliards de dirhams, juste derrière la France. Selon lui, les récents mémorandums d'entente signés renforcent le partenariat bilatéral, couvrant divers domaines socio-économiques. Cela inclut un renforcement prévu des infrastructures portuaires et aéroportuaires, ainsi que des secteurs tels que la gestion de l'eau, l'agriculture et le tourisme. Il ajoute que ce partenariat est clairement gagnant-gagnant, illustré par des initiatives axées sur l'innovation, le renouvellement et l'enracinement. « Les Emirats arabes unis reconnaissent l'économie diversifiée du Maroc, touchant des domaines tels que l'industrie automobile, aérienne et les énergies renouvelables. Le pays est également conscient qu'il faut passer par le Maroc pour accéder à l'Afrique, ce qui se traduit par des investissements majeurs, notamment dans le projet de gazoduc reliant le Maroc au Nigeria », insiste l'expert, qui prévoit que les investissements des Emirats arabes unis au Maroc pourraient connaître une croissance significative au cours des prochaines années, avec une multiplication par 10. Avenir des relations bilatérales De son côté, le professeur de relations internationales et de sciences politiques à l'université Mohamed V de Rabat, Zakaria Aboudahab, souligne qu'il faut se focaliser sur 4 éléments majeurs : les principes et les objectifs de cette déclaration, l'approche innovante, la diversité des secteurs objets de mémorandums et le montage financier. Sur les principes et les objectifs, il affirme que la base de cette relation bilatérale repose sur des principes intangibles tels que la coopération, l'entente cordiale, les liens fraternels, et la coopération Sud-Sud. Initiée dès 1971, cette relation s'est consolidée au fil des années, marquée par la création d'une commission mixte en 1985 et la signature de différents accords au cours des dernières années. Z. Aboudahab insiste sur la démarche novatrice qui inclut aujourd'hui, des thématiques cruciales telles que le changement climatique, la transition énergétique et numérique. « Profondément enraciné sur le plan géostratégique, ce partenariat évolue avec une profondeur stratégique », ajoute-t-il. L'expert estime que la diversité des secteurs visés par les récents mémorandums signés préfigure une véritable métamorphose du partenariat bilatéral au cours des six prochaines années, annonçant des transformations significatives. Concernant le montage financier, il le qualifie de robuste, intégrant des capitaux, des crédits concessionnels, des prêts commerciaux attractifs, ainsi que d'autres instruments de financement et des dons. En gros, d'après le même analyste, « ce partenariat est clairement défini comme un chantier titanesque, opérant dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant ». Le Maroc se positionne, d'après lui, en tant que hub régional majeur pour les Emirats arabes unis, participant activement à une perspective triangulaire entre le Maroc, les Emirats arabes unis, l'Afrique, et entre le Maroc, les Emirats arabes unis, et l'Europe.