Cette expulsion fait partie d'une vaste campagne sécuritaire menée par les autorités contre les migrants clandestins, dont la situation précaire a été dénoncée par un collectif d'ONG qui ont appelé à une intervention d'urgence pour venir en aide de cette catégorie. "Environ 500 migrants, dont des femmes et des enfants, se sont rassemblés à Beb Jebli, place centrale de la ville de Sfax, dans un contexte d'une montée de violence à l'encontre des personnes en mobilité" dans la deuxième ville du pays, s'alarment des ONG tunisiennes et internationales dans un communiqué conjoint, publié par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. Ces personnes, dont des femmes et des enfants, se trouvent dans "une situation sanitaire et humaine précaire et dans des conditions de vie effrayantes, privées d'abri, sans accès à l'eau et à la nourriture", s'indigne le collectif. Après une série d'expulsions collectives sur fond de montée de tensions avec la population locale, rappellent les ONG, plusieurs migrants ont ensuite réussi à retourner à Sfax, où, privés de tout, "séjournent à la rue, à même le sol, dans des conditions très précaires". Les ONG dénoncent le blocage de l'action de secours, dans la mesure où de nombreuses organisations et associations humanitaires sont toujours en attente d'autorisations pour pouvoir intervenir et apporter leur aide aux personnes en situation de mobilité. Centre économique et industriel au sud de la Tunisie, la ville de Sfax a été le théâtre de violents affrontements entre les migrants africains et la population locale qui réclamait leur départ, après la mort d'un jeune tunisien dans des heurts avec des migrants. En février dernier, un discours prononcé par le président Kais Saied, a provoqué un tollé au niveau local et international, eu égard aux propos jugés "violents" et "racistes" à l'égard des migrants d'Afrique subsaharienne. Plusieurs pays africains avaient organisé des opérations de rapatriement de leurs ressortissants en Tunisie, suite à la multiplication d'agressions et de l'hostilité à l'encontre de la communauté subsaharienne sur fond d'un discours officiel qualifié de "raciste". Sfax est le principal point de départ des candidats à l'émigration vers l'île italienne de Lampedusa, située à moins de 150 km du littoral tunisien. Pour le seul premier trimestre de 2023, quelque 501 opérations de migration irrégulière ont été déjouées et 14.406 migrants dont 13.138 Subsahariens ont été secourus au large de la Tunisie. Selon les dernières statistiques du HCR, depuis début 2023, plus de 87.000 migrants ont débarqué clandestinement en Italie, surtout en provenance de Tunisie, devenue la nouvelle plaque tournante des traversées clandestines. MAP