Le 16 mai, un influenceur chinois a été retrouvé mort par sa famille, quelques heures seulement après avoir réalisé un nouveau challenge en direct sur Tik Tok. Utilisant de son vivant le pseudo « Brother Three Thousand», le streamer a bu plus de six bouteilles de baijiu, une variété d'eau de vie au fort dosage d'alcool (60%). Se livrant à cet exercice éthylique en direct sur TikTok, l'influenceur est mort finalement des suites d'une intoxication aiguë à l'alcool. Objet de ce challenge fatal, cette pratique est appelée le « binge drinking » ( alcoolisation ponctuelle importante). Elle consiste à consommer des boissons alcoolisées dans un très court laps de temps. Hautement risquée, cette pratique est d'autant plus dangereuse car l'alcool ingéré atteint un pic très haut au bout d'une trentaine de minutes. Les séquelles peuvent être très graves et induisent parfois la mort, comme c'était le cas pour ce malheureux influenceur chinois. Morts en série Une prouesse mortelle qui a d'ailleurs été visualisée par des milliers d'abonnés suivant l'influenceur de 34 ans. Ce dernier avait en effet une certaine prédilection pour ce type de challenges. Sa fin tragique a provoqué émoi et choc en Chine où les appels se sont multipliés pour une réglementation plus stricte de Tik Tok et un contrôle plus appuyé de son contenu et spécialement des challenges. La Chine n'en est pas cependant à sa première victime TikTok. Selon la BBC, un autre Chinois nommé Yu Hailong est mort suite à un live consistant à avaler d'énormes quantités de nourriture. Un autre influenceur «Dafei » a également trouvé la mort à cause d'un empoisonnement à l'alcool et à l'huile de cuisson !!!! Mais la Chine n'est pas pour autant la seule concernée par ces massacres en live sur le réseau social le plus prisé par le jeune public. Le goût du risque Récemment, deux adolescents américains sont morts en se livrant au « Benadryl challenge » qui consiste à ingérer un médicament contre les allergies aux effets secondaires hallucinogènes. D'après les participants au challenge qui s'exprimaient sur Tik Tok, le médicament en question donne une sensation d'étourdissement et provoque des visions et autres hallucinations. Pour parvenir à cet effet, les challengers doivent ingérer entre 12 et 14 pilules d'un seul coup. N'ayant pas supporté une aussi forte dose un garçon de 13 ans résidant dans l'Ohio et une fille de 15 ans de l'Oklahoma y ont laissé la vie. Mais ce n'est pas là le seul challenge dangereux à attirer les jeunes. Le « Blue Whale challenge » ( Série de défis menant au final au suicide), le « Momo Challenge » ( encourageant les enfants à pratiquer la violence), le « Labello Challenge » (la scarification), le « Choking Challenge» (Retenir sa respiration le plus longtemps possible), le «Tranquilizer Challenge » ou encore le « Blackout Challenge »... Les appellations changent et les défis varient avec comme toile de fond le sens du risque et la mise en danger de son intégrité physique et morale parfois. « Cap ou pas cap ? » Des séquelles à vie et des morts tragiques pour de «stupides challenges », rien que pour épater la galerie, serons-nous tentés de penser en constatant un tel gâchis. Mais comment s'explique cet engouement pour ce type de challenge ? Comment expliquer le nombre hallucinant d'abonnés et de participants à ces compétitions qui peuvent être amusantes comme elles peuvent constituer un véritable danger pour leur sécurité voire pour leur vie ?Est-ce le besoin de sensations fortes ou une dépendance maladive aux likes et aux vues ? « C'est un peu des deux, à quelques nuances près », nous affirme Nadia Mouâtassim, psychologue clinicienne. « Le goût du risque et le rush d'adrénaline provoquent des sensations fortes auxquelles les jeunes sujets peuvent facilement devenir addicted. Relever ces défis devant des milliers voire des millions de spectateurs procure une sorte de plaisir auquel on a envie de gouter et ré-gouter », analyse la psychologue. Je challenge donc j'existe Cette dernière note toutefois, une « motivation » et un besoin très fort de sociabilisation surtout chez les adolescents et le jeune public. « En se livrant à ces challenges, les participants boostent leur sentiment d'appartenance à la communauté « tiktokienne », à un groupe «d'intrépides ». Le nombre de vues amplifient l'effet et les encouragent à en faire plus. Ca les conforte dans leur choix de la manière d'intégrer le «groupe » et de devenir populaires », nous explique la spécialiste. D'après cette dernière, ce qui se fait actuellement via les réseaux sociaux et Tik Tok plus précisément, n'est pas tout à fait inédit. «C'était toujours comme ça dans la rue avec les enfants des voisins, à l'école avec les camarades de classe ou encore dans les colonies de vacances... Les enfants et les adolescents se livraient au jeu de « cap ou pas cap » comme une sorte d'épreuve d'initiation, une manière de se s'affirmer au sein d'un groupe donné », note la clinicienne en modérant l'effet « générateur de défis » des réseaux sociaux. « Sauf que là c'est à une plus large échelle et avec un plus grand nombre de participants d'où l'amplification de l'effet », ajoute Nadia Mouâtassim. Comment en protéger nos enfants ? « L'utilisation contrôlée des réseaux sociaux en général, la sensibilisation aux méfaits et aux dangers de ce type de challenges et encore et toujours la communication », conclut la psychologue.